Dans son livre « Vers l’Harmonie », véritable manuel de la description de la proximité entre l’Éternel et le peuple d’Israël, le Rav Elie Munk s’exprime ainsi, dès la première phrase de cet ouvrage : « Sur l’origine de la vie, plane invisiblement le mystère de l’amour » (Vers l’Harmonie, p. 13). L’amour, seul, a le pouvoir de faire éclore le germe de la vie. Un vocable, en hébreu, exprime cette idée d’AMOUR (Ahava), vocable dont la valeur numérique des lettres est 13. Un verset des Téhillim de 13 mots lie cet AMOUR à la MISÉRICORDE divine : « Et le Miséricordieux pardonnera la faute, ne détruira pas, et il apaisera Sa colère et ne marquera pas Son irritation » (Psaumes 78, 38). Ce verset résume l’idée centrale, rencontre entre l’AMOUR divin et le PARDON : l’Éternel apaisera Sa colère contre Israël. Du fait de Sa miséricorde, le courroux divin n’atteindra pas Israël. Relevons que le chiffre 13 apparaît plusieurs fois dans les textes rabbiniques : 13 Articles de Foi de Maïmonide, 13 Principes de relation entre les versets de la Torah écrite et les déductions de la Torah orale (Braïta de Rabbi Ichmaël), 13 ans, âge de la majorité pour l’adolescent, et surtout valeur numérique du terme de l’UNITÉ DIVINE : E’had (אחד).
Que faut-il en conclure ? Il n’est pas question de référence à la Kabbale et à son système numérique, mais remarquons seulement que le chiffre 10 – représenté par la plus petite lettre de l’alphabet, le YOUD, traduit l’émanation de l’Infini vers le fini (10 est le nombre des Paroles de la Création, des 10 Commandements de la Révélation, et des expressions de louange au Créateur). À ce chiffre s’ajoute, selon le Rav Pinkus, le chiffre 3, le chiffre qui synthétise la rencontre, dans le monde concret, entre l’Unité (1) et la Pluralité (2). À ce titre, peut-être est-il permis de s’interroger sur le rapport entre l’Éternel et l’éphémère. Cette rencontre – pacifique et enrichissante – donne son sens à la Création et expliquerait le PARDON DIVIN, l’effacement de la colère divine pour celui qui veut, selon le texte liturgique, s’inscrire dans l’alliance symbolisée par ce chiffre.
Avant de mourir, le patriarche Ya'acov Avinou a voulu être convaincu que ses 12 fils continueraient la voie qu’il leur avait tracée. À la question du père, les fils, unanimes, répondirent : « Écoute Israël, l’Éternel (qui est ton D.ieu) est notre D.ieu, l’Éternel est UN ». Alors Ya'acov a répondu : « Que le NOM de Son règne glorieux soit loué à jamais » (expression, selon les Sages, adressée par les anges à l’Éternel). Cette réponse des 12 fils à leur père s’achève donc par le terme de l’unité :É’had. Il n’est pas sans signification pour les descendants de Ya'acov, pour nous, d’être clairvoyants et de remarquer qu’il nous importe de découvrir l’unité divine – au-delà des désordres de la pluralité. L’Éternel a révélé ce secret à Moché, au lendemain de la faute du Veau d’or : « S’il y a une faute en Israël, et qu’ils reviennent vers Moi, dis-leur ces 13 Articles de la Foi, et alors J’apaiserai Ma colère, et Je leur pardonnerai ». Le pardon, l’effacement des fautes dépend, bien sûr, du désir de retrouver la proximité avec le Créateur. Les 13 Articles de la Foi ne sont pas un talisman arbitraire. Ils doivent traduire un désir sincère d’effacer les scories du passé. C’est pour cette raison que – toutes réserves étant faites sur cette interprétation – le chiffre 13 implique une bénédiction (contrairement aux non-juifs pour qui ce chiffre est néfaste), car il traduit le désir de découvrir l’Unique (É’had) au-delà du multiple. Aujourd’hui, ce n’est pas le paganisme idolâtre, ni même une idéologie fausse, qui séduit nos contemporains. On cherche essentiellement à rester dans l’obscurité (Camus évoque l’ÉNIGME du monde, et en conclut que le monde est absurde). Israël, au contraire, doit être le porte-parole de l’Unité divine, sous peine de perdre sa raison d’être, s’il se détourne de cette voie. Révélons à l’humanité le message de l’unité, tâche difficile, mais assurée de succès, en tant que porteur de l’espoir prophétique. Le Multiple est le créé, et Un est le Créateur, vérité absolue, qui prépare l’avenir, et garantit le bonheur.