Le premier mois de l'année juive religieuse, Tichri, inclut, à lui seul, diverses solennités, mais aussi, par là, les divers aspects de la rencontre du Juif avec son Créateur. À Roch Hachana, on reconnaît le Roi, en prenant sur nous "le joug du Royaume de D.ieu", à Yom Kippour, on se mesure avec nos insuffisances, et à Souccot, on apprend que la Providence ne cesse jamais de nous protéger, comme Elle l'a prouvé dans le désert, quand les enfants d'Israël habitaient dans des tentes, pendant les 40 années qui ont suivi la Sortie d'Égypte. D'une part, comme on l'a remarqué ailleurs, les 3 fêtes de Tichri évoquent certes les 3 patriarches – Avraham : Roch Hachana – début de l'Histoire juive, Its'hak : Yom Kippour disposé à se donner entièrement à son Créateur, et Ya'akov confronté aux aventures de l'histoire, haine de son frère Essav, lutte avec Lavan et deuil avec l'éloignement de son fils Yossef – première lecture des solennités de Tichri. Par ailleurs, précisément du fait de cette lecture, il semble que ce soit Souccot qui symbolise le mieux pour nous aujourd'hui, la situation actuelle du peuple juif. Les Souccot étaient protégées par les "Anané Kavod" – Nuées de la Gloire divine qui évitaient les obstacles. Selon certains avis, la Soucca rappelle cette protection particulière et doit nous protéger des difficultés qui se présentent à nous aujourd'hui. Dans le désert, 'Amalek – l'ennemi héréditaire – veut empêcher l'arrivée au Sinaï, dès le début, pour que l'on ne puisse pas recevoir la Torah. Un deuxième ennemi, lui aussi, accompagne et poursuit Israël: le "’Erev Rav" – cette troupe d'Égyptiens qui, sortis d'Égypte avec les enfants d'Israël – ne cessent de fomenter des troubles, en organisant des manifestations contre Moché : Kora'h refuse l'autorité et entretient une révolte destinée à mettre en question l'orientation divine. Quant Aharon meurt, les "nuées de Gloire" s'éloignent et 'Amalek réapparaît pour lutter contre Israël. Il avertit le peuple des dangers de l'assimilation. La Torah ne cesse de nous avertir, de ne pas être influencés par les peuples qui nous entourent. Ici, s'inscrit la Soucca, et les 4 espèces qui accompagnent la fête. L'Éternel a créé – c'est la Source de l'existence, Kippour nous a blanchis, nous a purifiés, attention maintenant aux tentations, de la création. Le libre-arbitre est un don merveilleux pour donner un sens à notre action, mais sachons nous protéger de ce qui risque de nous détourner, de nous salir, alors que nous étions devenus propres à Yom Kippour. La Nature, c'est D.ieu qui l'a créée. "N'en fais pas une idole" nous est-il enseigné. Les divers sens pourraient nous attirer, nous séduire. N'oublions pas que la Création (le Fini) a été créée par l'Infini. Les nuées de Gloire accompagnent notre peuple depuis plus de 3000 ans. Ne nous laissons pas séduire par la technologie, idolâtrie moderne. Que reproche-t-on aujourd'hui à ceux qui veulent maintenir l'identité spirituelle d'Israël ? De refuser le modernisme ? Ce n'est pas ce refus qui dérange ! C'est de reconnaître que l'homme a une Autorité qui le dépasse. La nature, pour ceux qui refusent de reconnaître un Créateur, devient éternelle, puisqu'elle n'aurait pas été créée. La Torah nous enseigne le contraire. "Sors de toi-même et sache Qui t'a créé !"
Notre époque, hélas, s'est débarrassée de ces valeurs transcendantes. On doit comprendre que l'Histoire n'est pas une suite de hasards ! Nous ne pouvons pas toujours tout comprendre, mais il faut apprendre à VOIR. C'est ce que fait la Soucca : cela est symbolisé, à l'époque du Temple, par les 70 taureaux offerts à Souccot qui diminuent de 13 à 7, alors que les 14 agneaux restent stables ! Israël doit rester digne de la Révélation du Sinaï, et continuer cette tradition sans changer. En nous réfugiant une semaine dans la Soucca, on publie la permanence de la protection divine sur Israël, mais aussi sur la nature (les 4 espèces symbolisent odeur, goût ainsi que l'absence de goût et d'odeur). Le panthéisme, comme l'athéisme, sont des séductions naturelles, d'autant plus qu'ils libèrent l'homme de toute obligation. Souccot (comme bien sûr l'ensemble des Mitsvot) résume les valeurs absolues de la Torah. Cette solennité ne se situe pas au moment de la sortie d'Égypte, comme Pessa'h, mais accompagne le voyage du peuple, comme elle doit accompagner la VIE du peuple, la Hachga'ha qui ne cesse jamais de nous protéger. De ce fait, c'est une solennité essentielle aujourd'hui, où l'on cherche à se libérer de toutes les valeurs. Faire la prière en public, dans la rue, en Erets Israël, a, semble-t-il, été compris comme une provocation, alors que ce devrait être un facteur de Paix ! Continuons les traditions, et donnons l'exemple de la concorde, pour que la tente de la Paix ("Souccat Chalom") unisse bientôt tout le peuple et annonce la Guéoula.