C’est une grande Mitsva d’être toujours joyeux ! Cette citation de Rabbi Na'hman nous enjoint d’être heureux et d’exprimer ce bonheur par la joie. Le judaïsme considère le bonheur, et son expression sous forme de joie, non seulement souhaitable, mais obligatoire. Nous devons être heureux. Mais comment y parvenir ? D.ieu nous a donné 613 commandements. L’essentiel de ces lois implique des actes comme mettre les Téfillin ou consommer de la Matsa. Ces actes sont plus ou moins difficiles, mais ils restent à notre portée. Il est bien plus facile d’agir que de ressentir des sentiments. À priori, le bonheur et la joie sont des états qui ne se commandent pas. On est heureux où l’on ne l’est pas. Pourtant, la Torah nous ordonne d’être heureux, tout particulièrement durant la fête de Souccot.
Maïmonide écrit (Les lois des fêtes, Chapitre 6 - lois 17-18) : « L’homme est tenu d’être heureux (Saméa‘h) et de bonne humeur [pendant Souccot]. Cela inclut ses enfants, sa femme et toute personne qu’il héberge, comme il est dit : « Et tu te réjouiras pendant la fête et, avec toi, ton fils et ta fille... » (Dévarim 16, 14). Il donne un petit truc pour parvenir à cette joie. Il écrit ainsi : « Comment accomplir cela ?
L’homme doit acheter des noix, des amandes et des gâteries pour ses enfants. Pour sa femme, il doit acheter des vêtements et des bijoux, selon ses moyens. Les hommes consomment de la viande et boivent du vin, car la viande et le vin sont indispensables à la réjouissance. » Il faut procurer de la joie en tout premier lieu aux membres de sa famille en leur donnant des choses qu’ils apprécient. Mais est-ce là le secret de la joie de Souccot, le temps de notre joie ? En effet, les membres de la Grande Assemblée ont composé le texte des prières. Ils ont capturé l’essence du moment dans des mots. Chaque mot de la prière est une clé qui ouvre les portes de mondes spirituels merveilleux. Souccot est « le temps de notre joie » et pour cause.
Mis à part l’obligation de se réjouir à l’occasion de toutes fêtes, Souccot a sa propre Mitsva. La Mitsva particulière de se réjouir à Souccot est évoquée à trois reprises dans la Torah comme il est écrit (Vayikra 23 : 39-40 ; Dévarim 16 : 13-15 ): « Mais le quinzième jour du septième mois, quand vous aurez rentré la récolte de la terre, vous fêterez la fête du Seigneur, qui durera sept jours. Le premier jour sera un jour de repos et le huitième jour sera un jour de repos... vous vous réjouirez, en présence de l’Éternel votre D.ieu, pendant sept jours. Tu célébreras la fête des tentes durant sept jours, quand tu rentreras les produits de ton aire et de ton pressoir. Et tu te réjouiras pendant la fête... Tu fêteras ces sept jours en l’honneur de l’Éternel, ton D.ieu, dans le lieu qu’Il aura choisi ; car l’Éternel, ton D.ieu, t’a béni, dans tous tes revenus, dans tout le labeur de tes mains, et tu pourras t’abandonner à la joie. » Comment est-il possible que l’ordre nous soit intimé de parvenir à un état émotionnel de bonheur pendant Souccot ? Pourquoi Souccot est-il un temps de joie ?
Souccot a le pouvoir d’éveiller une joie particulière si nous comprenons les Mitsvot relatives à la fête et si nous y prenons part de tout cœur. Lors de Souccot nous célébrons notre jugement positif à Roch Hachana et à Yom Kippour ; nous nous rendons compte du pouvoir et de l’unité du peuple juif ; de la beauté dans le fait d’utiliser notre corps et notre esprit dans un but plus élevé ; nous sommes réconfortés de savoir que D.ieu nous soutient, nous protège et nous guide ; nous comprenons que ce monde n’est qu’un passage vers le Monde futur et nous nous rendons compte que la Soucca donne un sentiment de paix – ceci nous procure une grande joie !
La Soucca est appelée par les Kabbalistes l’ombre de confiance. Cette dernière matérialise notre foi en la protection divine. Car la Soucca est une demeure fragile et éphémère qui nous expose aux dangers de l’extérieur. Nous comprenons alors que D.ieu est le Seul à pouvoir nous protéger des aléas de l’existence. Les Souccot symbolisent les nuées du désert. En dépit de leur fragilité, elles sont des abris. Comme le chante le roi David (Téhillim) : « Dussé-je suivre la sombre vallée de la mort, je ne craindrais aucun mal, car tu serais avec moi ; ton soutien et ton appui seraient ma consolation. »
Le secret de la joie de Souccot c’est le sentiment d’être avec D.ieu. Il faut avoir la conviction que D.ieu est avec nous, qu’il nous aime d’un amour inconditionnel, qu’il nous protège et pourvoit à tous nos besoins. Tout celui qui accepte cette vérité est heureux. Souccot est le moment de réaliser que D.ieu est avec nous. C’est le temps de réaliser que D.ieu est un père aimant. Il nous a jugés favorablement à Roch Hachana. Il nous a pardonné nos fautes à Yom Kippour. Il nous protège à Souccot.
La joie de Souccot n’est pas personnelle, mais collective. Les quatre espèces symbolisent l’unité du peuple juif. Et c’est dans l’unité que nous célébrons la proximité de D.ieu. Le secret du bonheur est donc un profond sentiment collectif d’être avec D.ieu. Puissions-nous ressentir en permanence l’amour et la bienveillance de notre Créateur.