Peur et tremblement. Telles ont été nos principales émotions au cours des dernières semaines.
Bien que Roch Hachana et Yom Kippour soient aujourd'hui qualifiés de grandes fêtes, ces jours sont traditionnellement appelés « Les Jours de crainte », « Yamim Noraïm ». Des jours effrayants.
Durant cette période, aucun d'entre nous n'a échappé à un sentiment d'insécurité. Reconnaissant que ces jours sont des jours de jugement Divin, nous ne pouvions nous empêcher de nous demander comment nous serions jugés. Nous nous sentions vulnérables, peu sûrs et inquiets de ce que l’année à venir nous réserve.
Et c'était ainsi qu’il fallait que ce soit. Après tout, le thème central des prières a été la peur et le tremblement. Nous avons en effet demandé au Tout-Puissant de « mettre Sa crainte sur toutes Ses créatures ».
Mais maintenant, nous sommes sortis de cette période impressionnante. Le judaïsme ne veut pas que nous restions « coincés » dans ces émotions d'anxiété et d'incertitude. Et ainsi, D.ieu nous a donné la fête de Souccot, un temps non pour la peur et le tremblement, pas même pour une introspection, mais pour la sérénité et la joie.
Mais ce bonheur n’est pas nécessairement celui du chant et de la danse. C'est un bonheur plus profond, un sentiment de contentement. C’est un bonheur qui découle d’un sentiment de sécurité et de sûreté, d’un sentiment fondamental de confiance.
Le symbole central de la fête de Souccot est la Soucca, la cabane dans laquelle nous habitons, ou, du moins, prenons nos repas durant la fête.
Quelle est la signification de ce symbole tellement simple ? Et comment inspire-t-il cette attitude de confiance ?
Le Rav Chimchon Raphaël Hirsch écrit :
« La construction de la Soucca nous apprend à avoir confiance en D.ieu. Vous savez que les hommes, qu'ils vivent dans des huttes ou dans des palais, n’y sont que des visiteurs. Vous savez que, durant cette "visite", D.ieu est notre protection. La Soucca est une hutte transitoire qui nous quittera un jour, ou que nous quitterons. Les murs peuvent tomber, le branchage peut dépérir, mais l'amour protecteur de D.ieu est omniprésent. Nous habitons dans un logement des plus éphémère et transitoire, de manière tout aussi calme que s’il s’agissait de notre maison pour toujours. »
Et ainsi, nous subissons ce que les scientifiques appellent un changement de paradigme. Nous éprouvons un ensemble différent d’émotions, émergeant d’une solennité et d’un sentiment de calme.
Et nous redirigeons également la vision que nous avions de D.ieu. Il n'est plus Le Juge dur et exigeant. Il n'est même pas Le Juge pardonnant et compatissant. Il est maintenant notre Refuge et notre Protecteur, le « Rocher d'Israël » dans cet expérience transitoire, que nous appelons la vie.
Nous pouvons effectuer ce changement en utilisant les symboles que nous apporte la fête, en particulier la Soucca.
Quel est le secret de la Soucca ?
Le secret consiste à y entrer avec respect et réflexion, à passer le plus de temps possible dans son ombre et à y inviter deux types d'invités.
Tout d’abord, les amis et la famille « en chair et en os », avec une hospitalité toute particulière pour ceux qui n'ont peut-être jamais vécu une expérience de Soucca.
Mais nous convoquons aussi symboliquement des « invités fantômes », les Ouchpizin, nos ancêtres depuis Avraham, que nous invitons à nous rejoindre.
Comme aucune autre Mitsva, nous nous « immergeons » dans la Soucca, nous y entrons totalement et y restons le plus possible, pendant une semaine entière.
Et nous y trouvons deux bénédictions : l’amitié des autres et le souvenir cher de ceux qui ont également séjourné dans d’autres Souccot avant nous, des ancêtres disparus récemment ou il y a plus longtemps, qui ont tous participé comme nous à ce long pèlerinage, appelé l’histoire juive.
‘Hag Saméa’h, des vacances heureuses, sécurisées et paisibles à tous.
Rabbi Dr. Tzvi Hersh Weinreb