Les émotions fortes de Yom Kippour sont derrière nous ! Les prières intenses pour le dévoilement de la royauté d’Hashem, les pleurs sur nos fautes, les résolutions… Tant de convictions théoriques, de désirs de faire mieux, mettre Hashem au centre de notre vie… Et d’un coup, devoir basculer dans la vie active, affronter les fournisseurs, les clients, les représentants… Cette redescente risque d’être violente, et de nous faire perdre toutes nos convictions en un instant !
D’autant plus que l’agriculteur reçoit dans cette période ses dividendes. Durant tout l’été, son blé a séché dans les champs. Ce dernier mois, il l’a battu puis vanné. A présent, il remplit sa grange, et s’apprête à commercialiser son produit. Peut être se tapoterait-il orgueilleusement la bidoche, fier de son labeur, oubliant Celui qui lui a envoyé la pluie et l’a protégé de tant d’intempéries !
Ainsi, la Torah ordonne de célébrer Souccot, juste après Yom Kippour: חַג הַסֻּכֹּת תַּעֲשֶׂה לְךָ שִׁבְעַת יָמִים בְּאָסְפְּךָ מִגָּרְנְךָ וּמִיִּקְבֶךָ - La fête des Souccot [cabanes] tu célèbreras pendant 7 jours, quand tu rentreras le produit de ton aire de battage et de ton pressoir.
Soucca vient du mot Sokhé – recouvre. La caractéristique essentielle de la Soucca est son toit. La Guemara enseigne qu’il faut construire ce toit בְּפְּסוֹלֶת גֹּרֶן וְיֵקֶב - avec les restes de son champ –paille et brindilles–, et non avec les fruits entiers.
Le Gaon de Vilna explique l’allusion : afin que l’agriculteur ne s’enorgueillisse pas, la Torah lui prescrit de vivre durant 7 jours sous un toit fait des résidus de sa récolte, pour qu’il intègre la vanité de la richesse. De même, ce toit doit procurer plus d'ombre que de lumière à celui qui est dans la Soucca. Le Gaon ajoute : pour que l’on prenne du recul sur le matériel, Hashem ordonne de résider dans une cabane, à l’abri du soleil – celui qui influence les astres à répandre l’opulence parmi les hommes. Par cela, l’homme s’inculque le Bita’hon – mettre sa confiance en Hashem.
Ainsi, la Soucca sert à nous faire intégrer que celui qui déverse le bien-être dans l’univers n’est autre qu’Hashem, et que le matériel n’a d’intérêt que s’il est utilisé pour nous rapprocher de Lui, en accomplissant Ses Mitsvot. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons l’usage de lire la Meguila de Kohelet pendant Souccot…