En quoi est-il indispensable de ne pas trop ressasser le passé ? Lorsqu'une personne nous a fait terriblement souffrir, comment lui pardonner ? Comment comprendre que, dans la vie, chaque événement a son utilité ? Comment surmonter les difficultés, et les utiliser pour avancer ? Réponse à travers des exemples et des histoires.
À New-York, un jeune juif voulait se marier avec une non-juive. Et les gens autour de lui avaient beau lui parler (lui dire qu'il allait ainsi briser la chaîne du peuple juif etc...), il ne voulait rien entendre. La seule personne qu'il a écouté, c'est son frère, qui lui a conseillé daller voir le Rabbi de Loubavitch. Et encore : il l'a écouté à condition qu'après "on le laisse tranquille".
Il est donc allé voir le Rabbi, lui a brièvement raconté son histoire, et le Rabbi lui a donné une réponse à laquelle il ne s'attendait pas du tout : "Je t'envie !". Cette réponse l'a tellement préoccupé, il voulait tellement en comprendre le sens, que, le lendemain, il est retourné chez le Rabbi, pour qu'il la lui explique.
Le Rabbi lui a dit : "Nos épreuves dépendent de notre Néchama. Chaque fois qu'Hachem nous envoie une épreuve, Il nous donne aussi la force de la surmonter. La grandeur de ton épreuve prouve la grandeur de ta Néchama. Moi, je n'ai jamais eu une épreuve comme ça. C'est pourquoi je t'envie".
Ces paroles l'ont fait réfléchir, et il s'est amélioré petit à petit.
Dans la vie, nous traversons tous des épreuves. Le but n'est pas de tomber mais d'avancer. Tant qu'on reste à lire les anciens chapitres de notre vie, on ne peut pas en écrire de nouveaux. Si on est trop focalisé sur le passé, on est bloqué ; on ne peut plus avancer. D'où l'importance de savoir pardonner. Non seulement aux autres, mais aussi à nous-mêmes. De ne pas penser sans cesse à ce qu'on a mal fait. Le passé ne doit pas nous empêcher de progresser.
Nous devons aussi voir le positif, chez nous et chez les autres. Dans la vie, il y a des moments très agréables, et d'autres moins agréables (comme par exemple les trois semaines qui précédent le 9 Av, où nous sommes de plus en plus en deuil). Mais chacun est nécessaire !
De même que, pour jouer une belle musique au piano, nous avons besoin des touches blanches ET des noires, de même, dans la vie, pour nous réaliser pleinement, nous avons besoin de vivre des moments lumineux et d'autres plus sombres.
Dans la vie, les avocats défendent parfois tellement leurs clients que ces derniers peuvent en arriver à se croire eux-mêmes innocents même lorsqu'ils sont clairement coupables. De même nous, nous devons essayer de nous convaincre de pardonner à ceux qui nous ont fait du mal. Et nous allons voir comment.
Lorsqu'un enfant fait une bêtise "normale" pour son âge (exemple : un enfant d'un an qui ouvre les placards et fait du désordre), on ne lui en veut pas. On ne s'énerve pas contre lui. Parce qu'on le comprend.
Dans la vie, il faut être comme un fleuve. Lorsqu'on jette une saleté dans un fleuve, celui-ci continue à avancer. Et, au bout d'un moment, on ne voit même plus la saleté qui y a été jetée. De même, dans la vie, quoi que les gens aient pu nous faire et quelle que soit la douleur qu'on a pu ressentir, il faut avancer.
La vie est une école : le mal que les gens nous font nous apprend ce qu'il ne faut pas faire ; et nos échecs nous indiquent quoi faire pour réussir les prochaines fois. L'entraînement (les exercices de travail sur soi) permet d'éviter les coups, ou de s'en remettre plus vite lorsqu'on s'en est pris.
Pour pardonner à l'autre, il faut comprendre que lui aussi souffre.
Un jour, une dame a eu un terrible accident : un automobiliste lui est, par inadvertance, rentré dedans sur l'autoroute. Il allait tellement vite que le choc a été terrible, et elle en a carrément perdu une jambe.
Elle a mis très longtemps à retrouver sa mobilité, et galérait beaucoup avec sa prothèse. Elle en voulait énormément à ce conducteur, et pensait souvent : "Lui, il continue sa vie tranquillement, alors que moi...". Elle l'a vu une seule fois au tribunal. Et chaque année, en particulier à la date de l'accident, elle y repensait.
Elle n'arrivait pas à lui pardonner. Au point qu'un jour, elle a décidé de l'appeler, pour lui dire tout ce qu'elle avait sur le cœur. Elle s'apprêtait à lui faire comprendre la gravité de ce qu'il avait fait. Mais, à peine elle s'est présentée, que le chauffeur lui a dit combien, lui, il souffrait depuis ce jour-là. Il n'a plus jamais osé reprendre la voiture, il a perdu son travail, sa femme l'a quitté... Bref, sa vie aussi a été (peut-être encore plus) détruite.
Lorsque la dame a entendu cela, elle n'a plus voulu lui reprocher quoi que ce soit. Et cela a été mieux non seulement pour lui, mais même pour elle.
En pardonnant aux autres, nous nous allégeons nous-mêmes d'un gros poids, qui pourrait parfois nous empêcher d'avancer (ou, en tout cas, de vivre joyeusement).
Un homme a raconté que lorsqu'il était adolescent, il s'est cassé entièrement la jambe. Il supportait difficilement son plâtre qui, par moment, entraînait de fortes démangeaisons.
Il aimait particulièrement les frites et sa mère, qui se levait à cinq heures du matin, acceptait de lui en faire dès qu'il en demandait. Cela lui a beaucoup apporté, mais il en a surtout tiré l'enseignement suivant : lorsqu'on est en difficulté, c'est le moment de demander.
La mère qui voyait son fils tellement souffrir était prête à tout pour atténuer sa souffrance : même à faire des frites à cinq heures du matin ! Mais s'il lui avait demandé la même chose dans d'autres circonstances (par exemple à 30 ans et en étant en parfaite santé), elle n'aurait pas forcément accepté...
Retranscription : Léa MARCIANO
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