Partant d’une loi purement technique au sujet de ‘Hanouka, nous allons parvenir à découvrir un moyen de combattre le Mal qui se trouve en nous. Et les maîtres de la ‘Hassidout vont nous y aider…
‘Hanouka, comme tout événement en général et toute fête en particulier, est régie par des lois (hala’hot). L’une d’elles consiste à placer la ménora à gauche de la porte de la maison en entrant, tandis que, comme on le sait, la mezouza se trouve à sa droite.
Cette loi tire son origine d’un verset (Proverbes 3 ; 16) : « Le rallongement de la vie à sa droite. La richesse et la gloire à sa gauche ».
Ces lois, comme ce verset des Proverbes, semblent assez mystérieuses et hermétiques.
Pour la mézouza, la Thora nous dit : « Vous poserez des mézouzoth pour rallonger vos jours » (cf. le deuxième paragraphe du chéma Israël).
Les lettres du mot mézouzoth sont les mêmes que zaz mavéth : chasse la mort ( . (מזוזות = זז מות On comprend donc pourquoi Chlomo Haméle’h, l’auteur des Proverbes, quand il parle d’allonger les jours, associe cette idée à la droite où l’on place la mezouza, qui allonge la vie.
Mais quel rapport y a-t-il entre richesse et gloire, et la gauche où l’on place la ‘Hanoukia ?
Vitalité spirituelle
Le Sfat Emet, explique au nom de Rabbi Lévy Isaac de Berditchev, géant de la ‘Hassidouth, que dans les lumières de ‘Hanouka se trouvent cette richesse et cette gloire qui vont finalement avoir raison de la gauche.
Pour bien comprendre la pensée du Maître de la ‘Hassidouth, il faut d’abord comprendre ce que signifient la droite et la gauche, et les notions qu’elles recouvrent.
Le monde ici-bas est appelé par nos Sages « la gauche », et le monde futur « la droite ». Or, la gauche est accessoire, alors que la droite est primordiale. De la même manière que l’on fait passer le secondaire après le primordial, on doit faire passer les contingences matérielles après les impératifs spirituels. Le monde physique doit être soumis à la vitalité spirituelle (kedoucha), qui l’anime et le fait exister.
Une autre dimension
Chabbath illustre ce phénomène : alors que la vie continue, que nous continuons d’exister dans notre monde physique et palpable, bien que le Shabbat on n’entretient pas le matériel en travaillant, le Shabbat on se trouve propulsé dans une autre dimension, hors du temps ; on goûte déjà au monde futur (méein olam haba). Et cette perception est inaccessible durant la semaine.
La volonté divine est que l’homme soumette l’aspect matériel et physique du monde, pour faire prévaloir un autre aspect de la vie, un aspect que l’on n’appréhende pas facilement, mais qui existe, et qui ne demande qu’à être révélé. Un aspect qui à lui seul, permet le bonheur véritable.
Grâce aux explications du Sfat Emet, on comprend pourquoi la mezouza doit se trouver à droite de la porte d’entrée : toute mitsva a sa place à droite, du fait de son importance spirituelle. Pour cette même raison, on pourrait penser qu’il faille allumer les bougies de ‘Hanouka à droite de l’entrée de la maison.
Toutefois, les Sages ont considéré qu’il fallait les placer à gauche, et la loi (hala’ha) va donc dans ce sens.
Pourquoi les Sages ont-ils donc décidé ainsi ? Il semble illogique d’allumer à gauche, sachant que les repères dans l’espace ont une valeur spirituelle.
La réponse à cette question va nous permettre une compréhension profonde des lumières de ‘Hanouka, et plus encore, de notre attitude face au Mal qui règne dans le monde et en nous-mêmes.
S’attaquer au Mal frontalement
La particularité des lumières de ‘Hanouka est d’éclairer dans l’obscurité, et d’annihiler le Mal en jetant sur lui une lumière crue, de réduire à néant la noirceur du mauvais penchant (yetser hara).
Les lumières de ‘Hanouka nous offrent une solution pour vaincre le Mal : s’attaquer à lui sur son terrain, comme l’ont fait les Asmonéens, les Sages et les Justes, vieillards courageux, qui n’ont pas hésité à combattre l’armée grecque, aguerrie et redoutable, porteuse d’un message violemment opposé à la spiritualité.
Ils ont décidé de s’attaquer au Mal frontalement, protégés par l’aide divine et ne voulant qu’une seule chose : faire régner l’unité de D.ieu. Et quand au plus bas de la matérialité et du prosaïque, à la gauche du monde, on parvient à faire régner la lumière, la gloire divine est plus éclatante encore. En luttant pour le Bien, au coeur même du Mal, on peut espérer avoir sa place à la droite d’Hachem…
Rav David Simon d’après le Sfat Emet