En ces jours de ‘Hanouka, il est très important de relever la signification de cette célébration de nos jours. On sait que le but des Grecs était « d’assimiler » le peuple juif, en lui interdisant d’observer les fêtes essentielles – par l’interdiction de célébrer Roch ‘Hodech (qui permet de définir la date des fêtes juives), d’observer le Chabbath, et d’accomplir la Brit Mila. A la différence des Babyloniens et des Romains qui brûlèrent les Temples de Jérusalem, les Grecs le souillèrent, en y introduisant une idole et en rendant l’huile impure. Il s’agissait d’une tentative d’assimilation et certains membres du peuple se laissèrent séduire, en devenant des « Mityavnim » – מתיוונים – « hellénisants ».
Or, c’est précisément cette tentation qui consiste à se laisser entraîner par la civilisation ambiante, qu’il s’agit d’analyser, pour la repousser. Quelle était la définition de la civilisation grecque ? Donner de l’importance à l’extériorité. L’expression « Kalos Kagathos » – bon parce que beau – résume la pensée de la philosophie grecque. C’est le culte du corps, de l’apparence extérieure. Le paganisme consistait à adorer la nature : il y a le dieu du soleil, de la mer, de la forêt, de la moisson, toutes notions qui impliquent que la nature est éternelle, puisqu’elle est divine.
Ne voyons-nous pas que la société moderne, influencée par la technologie, ressemble à cette approche hellénisante ? L’intelligence artificielle s’impose de plus en plus, et cela risque de mener à « un dessaisissement de l’humanité elle-même ». L’emprise de la technologie moderne évoque bien cette référence à la science comme à un nouvel absolu. L’impact des GAFA (acronyme pour GOOGLE, APPLE, FACEBOOK) dans la vie quotidienne ressemble à une mythologie moderne. Il apparaît que l’introduction du numérique désoriente le devenir de l’humain.
Or cette déviation risque de mener l’humanité à une catastrophe, en laissant l’Intelligence Artificielle conditionner nos comportements et nos choix. La lumière de ‘Hanouka doit répondre à ce chaos qui menace la société des hommes. En s’attaquant à la spiritualité d’Israël, symbolisée par ce « Hod » – הוד – que représentait le Temple, les hellénisants tentaient d’imposer une vue matérialiste de la société, qui nous guette aujourd’hui. Le Maharal de Prague écrit que les 3 Mitsvot auxquelles s’opposaient les Grecs étaient symbolisées par les 3 compartiments du Temple de Jérusalem : Roch ‘Hodech symbolisait le parvis où chaque fidèle pouvait se rendre, le Chabbath est représenté par le Hékhal où se trouvait la Ménorah à 7 branches, et la Brit Mila évoquait le Saint des saints où seul le Grand Prêtre pouvait pénétrer à Yom Kippour. Ces 3 lieux du Temple évoquaient les 3 parties de l’âme : Néfèch – נפש, Roua’h – רוח, et Néchama – נשמה, qui traduisent les 3 dimensions de l’homme : aspect animal, humain et spirituel. Or c’est cela qui doit caractériser l’effort de la créature pour répondre à cette « désacralisation » qui menace la société des hommes. Yavan – יון – la civilisation grecque, est symbolisé par le חשך – l’obscurité, à laquelle doit s’opposer la lumière. Tel est le sens de ‘Hanouka aujourd’hui : refuser une mythologie matérialiste qui débouche sur l’absurde, et apporter un éclairage spirituel.