"Donne aux enfants d'Israël les instructions suivantes: Comme vous allez entrer dans ce pays de Canaan, voici quel territoire vous tombera en partage: le pays de Canaan selon ses limites.
Ceci est le pays qui tombera pour vous en héritage
Étant donné que de nombreuses mitswoth s’imposent dans le pays et non en dehors, il était nécessaire d’en définir les frontières qui l’entourent, comme pour dire : « C’est à l’intérieur de ces frontières-là que s’imposent ces mitswoth.
Tombera pour vous
Le texte emploie ici le verbe « tomber » parce que le pays a été partagé par voie du sort. Quant au Midrach aggada, il explique que c’est parce que le Saint béni soit-Il a fait tomber du ciel les « princes » des soixante-dix nations et les a présentés ligotés à Mochè en lui disant : « Regarde ! Ils sont désormais impuissants. » (Midrach Tan‘houma)
34,3
Vous aurez pour côté méridional le désert de Cîn, sur la lisière d'Edom; cette limite du midi commencera pour vous à la pointe orientale de la mer Salée.
Ce sera pour vous le coin sud
Le côté méridional, qui s’étend d’est en ouest
Du désert de Tsin
Qui se trouve à côté d’Édom, à l’extrémité sud-est du territoire des neuf tribus. Comment cela ? La frontière sud d’Erets Yisrael touche à trois pays, contigus l’un à l’autre : une partie de l’Égypte, la totalité d’Édom et la totalité de Moav. L’Égypte se trouve à la pointe sud-ouest, comme il est écrit : « de ‘Atsmon vers le “torrent d’Égypte”, ses extrémités seront vers la mer » (verset 5). Et le « torrent d’Égypte » longe la frontière égyptienne, comme il est écrit : « depuis le Chi‘hor qui est devant l’Égypte » (Yehochou‘a 13, 3). Il forme donc la démarcation entre l’Égypte et Erets Yisrael. Le pays d’Édom est à l’est de l’Égypte, et le pays de Moav à côté d’Édom, à l’extrémité est de sa frontière sud. Si Hachem avait voulu, quand Israël est sorti d’Égypte, le faire entrer directement en Erets Yisrael, Il lui aurait fait traverser le Nil en direction du nord et il y serait parvenu immédiatement. Mais Il ne l’a pas fait, ainsi qu’il est écrit : « Eloqim ne les conduisit pas par le chemin du pays des Philistins », ceux-ci étant établis au bord de la mer Méditerranée, à l’ouest du pays de Kena‘an. Il est en effet écrit, à propos des Philistins : « les habitants de la bande côtière, les Keréthim » (Tsefania 2, 5). Il ne les conduisit pas par ce chemin, mais Il leur a fait faire un détour en les faisant sortir par le sud vers le désert que Ye‘hezqèl appelle « le désert des peuples » (Ye‘hezqèl 20, 35), ainsi nommé parce que de nombreux peuples en sont les voisins. Il les a conduits vers le sud, constamment d’ouest en est, jusqu’à ce qu’ils arrivent au sud du pays d’Édom. C’est là qu’ils ont demandé au roi d’Édom la permission de traverser son pays dans le sens de sa largeur pour atteindre Erets Yisrael, mais il la leur a refusée (supra 20, 14 et suivants). Aussi ont-ils dû contourner Édom par le sud jusqu’au sud du pays de Moav, comme il est écrit : « Et il envoya aussi au roi de Moav, mais il ne voulut pas. » (Choftim 11, 17). Ils ont alors longé toute la frontière sud de Moav jusqu’à son extrémité, puis ils se sont tournés vers le nord et ils ont longé toute la frontière est dans le sens de sa largeur. Ce trajet achevé, ils ont atteint le pays de Si‘hon et de ‘Og situé à l’est du pays de Kena‘an et dont il était séparé par le Yardén. C’est ce qui est écrit à propos de Yifta‘h : « Il marcha dans le désert, et contourna le pays d’Édom et le pays de Moav, et vint du côté du soleil levant au pays de Moav. » (Choftim 17, 18). Ils ont alors conquis le pays de Si‘hon et de ‘Og, situé au nord du pays de Moav. Puis ils se sont approchés du Yardén, se trouvant ainsi à l’extrémité nord-ouest de Moav. Par conséquent, l’extrémité sud-est du pays de Kena‘an, au-delà du Yardén, du côté de l’ouest, était à côté d’Édom
34,4
Puis la limite s'infléchira, par le midi, vers la montée d'Akrabbîm, atteindra Cîn et aboutira au midi de Kadêch-Barnéa; sortira vers Haçar-Addar, ira jusqu'à Açmôn;
La limite tournera pour vous
Toutes les fois que sont employés dans le présent contexte les verbes : « tourner » ou « sortir », il s’agit de nous apprendre que la frontière ne formait pas une ligne droite, mais comme un arc de cercle ouvert vers l’extérieur. La frontière [méridionale] formait comme un arc ouvert vers le nord et obliquant vers l’ouest. Elle passait au sud de Ma‘alè-‘Aqrabim, lequel se trouvait par conséquent à l’intérieur de la frontière
Elle passera vers Tsin (tsina)
Vers Tsin, tout comme Mitsrayma veut dire : « vers l’Égypte »
Ses extrémités seront
Au sud de Qadéch-Barné‘a
Elle sortira vers ‘Hatsar-Adar
L’arc de cercle formé par la frontière allait en s’élargissant vers le nord et en obliquant vers l’ouest jusqu’à atteindre ‘Hatsar-Adar, puis ‘Atsmon, puis le « torrent d’Égypte ». Le texte emploie ici [et au verset 5] le verbe « tourner » parce qu’il est écrit : « elle sortira vers ‘Hatsar-Adar ». La frontière commençait de s’infléchir [vers le sud] à partir de Qadéch-Barné‘a, et la langue de terre qui s’étendait vers le nord allait de Qadéch-Barné‘a jusqu’à ‘Atsmon. À partir de là, le territoire défini par cette frontière se resserrait, s’infléchissant vers le sud et atteignant le « torrent d’Égypte », puis vers l’ouest en direction de la mer Méditerranée, laquelle forme la limite ouest de tout Erets Yisrael. Par conséquent, le « torrent d’Égypte » se trouve à l’extrémité sud-ouest
34,5
d'Açmôn, la ligne déviera vers le torrent d'Egypte, et se terminera à la mer.
Ses extrémités seront vers la mer
Vers la limite ouest, car la frontière sud ne se prolonge pas plus loin vers l’ouest
34,6
Pour la frontière occidentale, c'est la grande mer qui vous en tiendra lieu: telle sera pour vous la frontière occidentale.
Et la limite ouest
Et la limite ouest, quelle est-elle ?
Ce sera pour vous la grande mer
Qui vous servira de limite
Et la limite
Les nessoï (« îles » en grec) maritimes, qui font elles aussi partie du territoire (Guitin 8a). En français médiéval : « isles »
34,7
Voici quelles seront vos bornes au nord: vous tracerez une ligne de la grande mer à Hor-la-Montagne;
La limite nord
La frontière nord
Depuis la grande mer vous marquerez pour vous Hor-la-montagne
Qui est située à l’extrémité nord-ouest et dont le sommet s’incline et s’enfonce dans la mer. Celle-ci s’étend donc partie à l’intérieur partie à l’extérieur de la montagne
Vous marquerez
Expression marquant l’idée de « tourner », comme dans : « dans la chambre (ta) des coureurs » (II Divrei Hayamim 12, 11) ou dans : « et les chambres (wethaéi) de la porte » (Ye‘hezqèl 40, 10). C’est ce que l’on appelle en français médiéval : « apendiz », et qui est appuyé et penché
34,8
de Hor-la-Montagne vous la continuerez jusqu'à Hémath, d'où la démarcation aboutira à Cedad;
De Hor-la-montagne
En vous tournant vers la frontière nord du côté de l’est, vous atteindrez Lavo-‘Hamath, à savoir Antioche
Les extrémités de la limite
Les extrémités de la frontière. Toutes les fois que le texte emploie l’expression : « extrémités de la limite » ou « extrémités de la frontière », cela veut dire, soit que la frontière s’achève complètement et ne se prolonge pas, soit qu’elle s’élargit et revient en arrière pour se diriger plus loin en oblique, définissant ainsi une superficie plus large que la précédente. C’est par rapport à la largeur précédente que le texte parle d’« extrémités », car c’est là que prend fin la dimension en question
34,9
puis elle atteindra Zifrôn, et aura pour terme Haçar-Enân: telles seront vos bornes au nord.
Ses limites seront à ‘Hatsar-‘Einan
C’est le point extrême de la frontière nord. ‘Hatsar-‘Einan était donc situé à l’extrémité nord-est. Et de là, « vous marquerez pour vous comme limite vers l’est »
34,10
Pour vos bornes à l'orient, vous tirerez une ligne de Haçar-Hênân à Chefâm;
Vous vous marquerez pour vous
Expression marquant l’idée de « tourner » et de « changer de direction », comme dans : « vous marquerez » (verset 7)
Vers Chefam
Sur la frontière orientale, et de là vers Rivla
34,11
de Chefâm, cette ligne descendra jusqu'à Ribla, en passant à l'orient d'Ayîn; puis, descendant encore, elle suivra le bord oriental de la mer de Kinnéreth,
Au levant de ‘Ayin
C’est le nom d’un endroit, à l’est duquel passait la frontière. ‘Ayin se trouvait par conséquent à l’intérieur de la frontière et faisait partie d’Erets Yisrael
La limite descendra
Tout le trajet emprunté du nord au sud par la frontière est une « descente »
Elle touchera au côté
À comprendre comme étant au passé
De la mer de Kinnèreth
De manière que la mer de Kinnèreth se situe en deçà de la frontière, à l’ouest de celle-ci, la frontière passant à l’est de la mer de Kinnèreth. De là elle descendait vers le Yardén, celui-ci coulant du nord au sud en oblique, se dirigeant vers l’est et se rapprochant du pays de Kena‘an en face de la mer de Kinnèreth. Il poursuit son cours le long du côté est d’Erets Yisrael et finit par se jeter dans la mer du Sel. Là s’achève la frontière lorsqu’elle aboutit à la mer du Sel, car c’est là qu’elle commence à l’extrémité sud-est (verset 3). Ainsi se trouve définie la frontière sur ses quatre côtés
34,12
descendra encore le long du Jourdain, et viendra aboutir à la mer Salée. Tel sera votre territoire, quant aux limites qui doivent le circonscrire."
34,13
Moïse transmit cet ordre aux enfants d'Israël, en disant: "C'est là le territoire que vous vous partagerez au sort, et que l'Éternel a ordonné d'attribuer aux neuf tribus et demie.
34,14
Car, pour la tribu des descendants de Ruben selon leurs familles paternelles, la tribu des descendants de Gad selon les leurs, et la demi-tribu de Manassé, elles ont déjà reçu leur lot:
34,15
ces deux tribus et demie ont reçu leur lot sur la rive du Jourdain faisant face à Jéricho, du côté de l'orient."
Vers le levant
Face au monde, qui se trouve à l’est. L’orient est appelé « le devant » de l’univers, et l’ouest « l’arrière ». Le sud est donc à droite et le nord à gauche (voir Rachi supra 2, 3)
34,16
L'Éternel parla à Moïse en ces termes:
34,17
"Voici les noms des hommes qui doivent prendre, pour vous, possession du pays: Eléazar le pontife, et Josué, fils de Noun;
Qui hériteront pour vous (lakhèm)
En votre faveur. Chacun des princes, agissant en qualité de « gestionnaire » de sa tribu (Qiddouchin 42a), a partagé l’héritage de la tribu entre les familles et les individus, attribuant à chacun le lot qui lui était approprié. Et tout ce qu’ils ont fait valait comme s’ils avaient été nommés mandataires. Et il n’est pas correct de comprendre le mot lakhèm comme les autres fois où l’emploie le texte, [c’est-à-dire : « à vous »], car il aurait alors fallu écrire : « ils vous partageront », [au hif‘il], tandis que la forme utilisée ici, [au qal], signifie qu’ils « prendront possession pour vous et à votre place », comme dans : « Hachem guerroiera pour vous » (Chemoth 14, 14)
34,18
plus un chef, un chef par tribu, que vous chargerez de prendre possession du pays.
Pour hériter du pays
Pour qu’il en prenne possession et le partage à votre place
34,19
Voici les noms de ces hommes: pour la tribu de Juda: Caleb, fils de Yefounné;
34,20
pour la tribu des enfants de Siméon: Samuel, fils d'Ammihoud;
34,21
pour la tribu de Benjamin: Elidad, fils de Kislôn;
34,22
pour la tribu des enfants de Dan, le chef sera Bouki, fils de Yogli;
34,23
quant aux descendants de Joseph, la tribu des enfants de Manassé aura pour chef Hanniël, fils d'Efod,
34,24
et celles des enfants d'Ephraïm, Kemouêl, fils de Chiftân.
34,25
Chef pour la tribu des enfants de Zabulon: Eliçafân, fils de Parnakh;
34,26
chef pour la tribu des enfants d'Issachar: Paltïel, fils d'Azzân;
34,27
chef pour la tribu des enfants d'Aser: Ahihoud, fils de Chelomi;
34,28
et pour la tribu des enfants de Nephtali, le chef sera Pedahel, fils d'Ammihoud."
34,29
Tels sont ceux à qui l'Éternel donna mission de répartir entre les enfants d'Israël, le pays de Canaan.
Pour faire hériter aux fils d’Israël
C’est eux qui le leur répartiront selon leurs parts
Étant donné que de nombreuses mitswoth s’imposent dans le pays et non en dehors, il était nécessaire d’en définir les frontières qui l’entourent, comme pour dire : « C’est à l’intérieur de ces frontières-là que s’imposent ces mitswoth.