Dans la parachat Béhar (25, 2) il est écrit : "כִּי תָבֹאוּ אֶל הָאָרֶץ אֲשֶׁר אֲנִי נתֵֹן לָכֶם" (Quand vous serez entré dans le pays que je vous donne).
On raconte qu’au début de l’année 5713, après l’année de chemita, les membres de la localité orthodoxe Komemiout demandèrent au ’Hazon Ich (Rav Avraham Yéhochoua Karelitz zatsa”l) : « Maître, dites-nous si nous avons le droit de labourer durant les demi-fêtes de Souccot pour préparer la terre aux semailles de l’hiver car il est très probable que nous n’arrivions pas à terminer avant la saison des pluies et nous essuierons alors de pertes énormes après avoir cessé tous les travaux des champs pendant la septième année. »
Le ’Hazon Ich leur répondit : « Qui vous dit que vous allez commencer trop tard par rapport à la saison des pluies ? Peut être qu’il sera trop tôt et vous perdrez alors de l’argent précisément à cause de votre travail durant les demi-fêtes. »
Les habitants de Komemiout suivirent le conseil du Rav et s’abstinrent de labourer pendant les demi-fêtes de Souccot. Et voilà qu’en début d’année, le pays connut une forte sécheresse et les pluies ne commencèrent à tomber qu’à ’Hanoucca. C’est ainsi que le mochav de Komemiout, qui avait semé tardivement, fut le seul de toute la région du Néguev (Sud) qui ait eu une récolte réussie. De surcroît, c’était un double miracle : en effet, cette année-là, les agriculteurs de Komemiout, qui ne voulaient pas utiliser les graines de la septième année, s’étaient retrouvés sans semences. Après beaucoup d’efforts, ils avaient réussi à mettre la main sur des graines pourries et véreuses, un reste de la sixième année, dans le kibboutz voisin Hachomer Hatsaïr. Ces graines n’avaient pas les qualités requises pour être semées.
Le directeur du secteur d’agriculture du mochav, Rav Yé’hiel Weiss ne savait pas quoi faire, tout le monde se moquait de lui et les spécialistes lui déconseillèrent de gaspiller plus de 20 000 lires en vain.
Il finit par se tourner vers le Rav local, Rav Binyamin Mendelsohn qui lui répondit avec fermeté : « Si tu ne peux pas te procurer d’autres graines, tu dois mettre ta confiance dans le Créateur de l’Univers et semer » . (Citation du Yéroushalmi rapporté par Tossefot sur Chabbat 31).
Rav Yé’hiel Weiss accepta ces paroles de tout coeur de même qu’il n’avait pas hésité à se conformer à la décision du ’Hazon Ich, ce qui ne fit qu’empirer la qualité des graines.
Mais à la stupéfaction générale, le mochav connut une récolte abondante conformément à l’adage talmudique, « rien de mal ne peut arriver à ceux qui respectent une mitsva » . Lorsque l’annonce de la moisson prodigieuse de Komemiout se répandit, les dirigeants du kibboutz Hachomer Hatsaïr protestèrent : « Ce n’est pas un miracle ! Si votre récolte a réussi cela signifie que les semences étaient bonnes, auquel cas vous devez nous les payer au prix fort ! »
Les membres de Komemiout rétorquèrent : « Le Tout Puissant a donné sa bénédiction à ceux qui respectent la chemita. Vous n’avez aucune part dans tout cela ! »
Pour finir, le litige fut présenté au Rav Binyamin Mendelsohn et pour cette fois les membres du kibboutz laïc acceptèrent volontiers son verdict. Et pour cause, il trancha que d’après la Torah les habitants de Komemiout devaient ajouter au kibboutz un tiers de la somme qu’ils avaient déjà versée pour les semences.
On raconte que l’Admour de Belz, Rav Aharon Rokéa’h, surprit ses fidèles en annonçant un jour qu’il voulait faire venir un jardinier pour aménager la cour de sa maison en un jardin d’agrément. Les ’Hassidim tentèrent de deviner les intentions du Rabbi dans ce projet mais personne ne put avancer une raison claire.
Le même jour, on engagea un jardinier qui se mit aussitôt à l’oeuvre. Quand on fit savoir au Rabbi que le jardinier avait terminé son travail, le Rabbi demanda à ce qu’il continue à entretenir le jardin comme il le fallait.
Une année passa, le mois de Elloul arriva et la cour du Admour baignait dans une atmosphère de crainte et de repentir. La veille de Roch Hachana, alors qu’une foule de fidèles se pressait à la porte du Rabbi pour recevoir une bénédiction, ce dernier appela son bedeau et lui demanda de faire savoir au jardinier que c’était son dernier jour de travail et qu’il ne voulait pas qu’il continue de travailler.
A présent, tous comprirent la raison du comportement du maître : le premier jour du mois de Tichri (Roch Hachana) marque le jour de l’an pour les années de chemita et puisque l’année suivante s’avérait être une année de chemita, le Rabbi avait engagé un jardinier pour qu’il entretienne toute l’année le jardin et qu’à son issue, il puisse accomplir le commandement de laisser la terre en jachère en interrompant son ouvrage.