Nous voici arrivés, avec l’aide de D.ieu, à la conclusion du livre saint de la Torah qui coïncide avec ce jour merveilleux de Sim’hat Torah où nous nous réjouissons du trésor inestimable que l’Eternel nous a confié.
En ce moment particulièrement solennel, la Torah vient nous rappeler sa finalité : raffiner les qualités des hommes, les aider à s’améliorer, à se parfaire, à combattre les points faibles de leur personnalité.
En effet, à propos du verset « L'Éternel est apparu du haut du Sinaï, a brillé sur le Séir, pour eux ! S'est révélé sur le mont Pharaon, a quitté les saintes myriades qui l'entourent, dans sa droite une loi de feu, pour eux ! » (Devarim 33.2), Rachi nous rappelle que l’Eternel avait proposé la Torah aux autres nations avant de la confier à Israël. Mais les Edomites ont refuser en entendant qu’il était interdit de tuer, les Yichma'élim ont refusé en entendant qu’il était interdit de « voler »… L’Eternel s’adressa en dernier à Israël (pour éviter toute revendication ultérieure des nations qui auraient pu prétendre qu’eux aussi auraient accepté la Torah si on leur avait proposé) et leur mentionna la commandement de « Je suis l’Eternel, ton D.ieu » et Israël accepta.
Le Rabbi de Gour (rapporté par le Rav Twerski) s’interroge à cet égard sur ce Midrash et se demande notamment si les autres Nations ne seraient pas fondées à se plaindre au motif que la Torah a été présentée à Israël avec un commandement facile, alors que pour eux c’était un renoncement plus difficile. Et la maître ‘hassidique de répondre qu’en réalité chaque nation a été testée sur son point faible : les Edomites sur le meurtre, les Yichma'élim sur le vol, et les enfants d’Israël sur leur scepticisme et leur esprit peu enclin à se soumettre facilement à la volonté divine.
En effet, comme nous l’avons vu tout au long de la Torah, les Bné Israël vont assister pendant quarante ans à des miracles quotidiens et pourtant un certain nombre d’entre-eux va régulièrement se plaindre, se révolter, et se montrer ingrat. Cette caractéristique va également se manifester à de nombreuses autres reprises, notamment à l’époque des prophètes où le peuple se montre rétif à écouter leurs admonestations et leurs exhortations à servir Hachem de manière intègre.
Par ailleurs, comme nous le voyons dans le livre de Jonas (Yona), les autres nations semblent plus promptes à obéir à la parole de D.ieu et de Ses prophètes que le peuple Juif qui, en dépit de tous les prophètes que Hachem lui envoya, il ne parvint pas à faire une Téchouva définitive.
Et pourtant Israël a accepté la Torah, et a été d’accord de se soumettre à tous les commandements, y compris celui de « croire en D.ieu et reconnaître la providence divine ».
Il nous appartient des milliers d’années plus tard de méditer cette leçon et de retenir que le scepticisme, la volonté de mettre à distance la providence divine est un écueil naturel qui sévit dans le peuple Juif et contre lequel la Torah essaie de guérir l’homme.
Et au-delà de cette première difficulté, la Torah a vocation à accompagner l’homme dans le raffinement de l’ensemble de ses « Midot » / ses qualités.
A notre modeste mesure, nous avons essayé, avec l’aide d’Hachem, d’identifier durant cette année les grandes vertus qui jalonnaient la lecture des sections hebdomadaires de la Torah. Comme chacun le sait, la Torah n’est pas uniquement un livre d’histoire qui nous raconterait ce qui est arrivé à nos ancêtres. Elle n’est pas non plus seulement un livre de philosophie qui prétendrait disserter exclusivement sur la sagesse, le bien, le bon.
Elle vise avant tout à parler à chacun d’entre nous, à nous accompagner dans les sentiers parfois escarpés de la vie afin de nous aider non seulement à ne jamais tomber, mais aussi et surtout à rechercher la lumière dont la vie est porteuse afin de la diffuser à notre tour.
La Torah, œuvre de D.ieu, a précédé la création du Monde, nous disent nos Sages. Elle connaît parfaitement la nature humaine, sa grandeur et, parfois, sa petitesse. Il nous appartient de la laisser parler en nous, d’ouvrir nos cœurs et nos esprits à sa pureté et sa puissance, afin d’échapper aux écueils qui menacent la vie matérielle, et recevoir les bénédictions promises aux Justes.
Cela peut sembler un programme très (voire trop) ambitieux, mais, là encore, la Torah ne nous demande pas l’impossible, elle connaît nos limites, nos parcours de vie, et nos faiblesses. Elle nous demande, chacun à son niveau, d’essayer de progresser, d’améliorer tel ou tel point de noter comportement, de notre pratique religieuse, et, bien sûr, d’ouvrir nos cœurs, afin de servir D.ieu avec sincérité et authenticité. Notons que la dernière lettre de la Torah et la première compose le mot « Lev » « le cœur », car « Hachem désire le cœur » nous disent nos Sages.
Puisse l’Eternel, avec l’aide d’Hachem, nous permettre de nous engager dans ce raffinement de nos qualités, à la faveur de cette nouvelle lecture de la Torah qui commence, afin de préparer la délivrance finale et la venue du Machia’h !