Dans la paracha Nitsavim (29, 18-19), il est écrit : "וְהָיָה בְּשָׁמְעוֹ אֶת דִּבְרֵי הָאָלָה הַזֹּאת וְהִתְבָּרֵךְ בִּלְבָבוֹ לֵאמֹר שָׁלוֹם יהְִיֶה לִּי כִּי בִּשְׁרִרוּת לִבִּי אֵלֵךְ... לֹא יֹאבֶה יְהוָה סְלֹחַ לוֹ" (Après avoir entendu les termes de cette imprécation, cet homme se donnerait de l’assurance, dans le secret de son coeur, en disant : « Je resterai heureux, car je suivrai les pensées de mon coeur » […] L’Eternel ne consentira pas à lui pardonner)
Ce verset fait allusion à cette pensée naïve que l’on entend parfois, affirmant que « la fidélité à D.ieu est essentiellement dans le coeur ». Ces personnes s’imaginent qu’elles peuvent vivre à leur gré, sans respecter la Torah ni ses mitsvot, attendu que la foi en D.ieu est principalement un mouvement du coeur. Mais il s’avère que ces arguments sont totalement fallacieux, car aussi importants que soient les sentiments ressentis pour D.ieu, ceux-ci ne suffisent pas : ils doivent être accompagnés du respect des 613 commandements de la Torah, et toute infraction sera punie comme elle le mérite.
C’est à cet égard que la Torah écrit ici : « Après avoir entendu les termes de cette imprécation » – à savoir la liste des punitions qu’encoure quiconque contrevient aux mitsvot – « cet homme se donnerait de l’assurance, dans le secret de son coeur » – c’est-à-dire qu’il se rassurerait dans les tréfonds de son coeur, en se persuadant que rien ne lui arrivera. D’où lui vient cette assurance ? « Car je suivrai les pensées de mon coeur » – parce que d’après lui, tout dépend des sentiments du coeur qui doivent être dévoués à D.ieu. Mais la réalité est toute autre : pour chaque transgression d’un ordre de la Torah, cet homme devra rendre des comptes et sera châtié, malgré la noblesse de ses sentiments. Le verset poursuit en ce sens : « L’Eternel ne consentira pas à lui pardonner » – Il ne pardonnera pas impunément à cet homme pour toutes ses transgressions, et le punira dans ce monde-ci. De surcroît, ajoute encore la Torah : « L’Eternel effacera son nom de dessous le ciel » – D.ieu le punira également dans le Monde futur (Isma’h Israël).
On raconte à ce sujet que dans une certaine ville, les habitants méprisaient le respect des mitsvot : les téfillines, les tsitsiot, nétilat yadaïm ou encore le birkat hamazon, toutes ces pratiques étaient totalement délaissées. Lorsque le Rav de la ville s’efforça de remettre ses fidèles sur le droit chemin, ceux-ci s’exclamèrent : « N’avons-nous pas un coeur bon et généreux ? Nous ne nous volons pas les uns les autres, nous ne commettons pas d’exactions sur autrui… » Le Rav eut beau les semoncer une fois après l’autre, ils restaient totalement imperméables à ses reproches.
Mais un jour, le Rav décida d’employer les grands moyens. Tôt le matin, il abattit un mouton, il posa sa dépouille sur la place de la ville et la recouvrit d’un large drap. Puis il se mit à psalmodier d’une voix gémissante : « Mes chers frères ! Quelle désolation pour notre ville ! Nous venons de perdre un grand juste, un être cher et précieux, doté d’un coeur bon et généreux, qui n’a jamais porté préjudice à quiconque et n’a jamais prononcé le moindre mensonge… »
A cette annonce, les Juifs de la ville se rassemblèrent autour du mort, pleurant la perte de cet être cher qu’ils n’avaient pas mérité de connaître. Ensuite, la procession funèbre se mit en branle et accompagna le « défunt » jusqu’au cimetière. Au moment de mettre la dépouille en terre, on s’aperçut soudain que le mort n’était qu’un mouton ! Des cris retentirent de toute part : « Le Rav se moque-t-il de nous ? » Mais ce dernier avait sa réponse toute prête :
« Vous ai-je donc menti ? Pour vous, qui considérez le respect des mitsvot comme inutile et qui prônez les élans du coeur, qu’est-ce qui différencie l’homme de ce pauvre mouton ? N’a-til pas lui aussi un bon coeur ? »
Les habitants de la ville s’imprégnèrent profondément de ce message, et finirent par se repentir.