« … Parce que tu n’auras pas servi Hachem, ton D.ieu, avec joie et bonté du cœur, [alors que tu jouissais] de l’abondance de tout. » (Dévarim 28,47)
La Paracha de cette semaine est principalement centrée sur la fameuse Tokha’ha (réprimande) faite au peuple juif. On y trouve la raison des punitions annoncées ; le manque de joie dans le service divin. Mais la Torah ne nous enjoint nulle part d’être joyeux. Certes, il est écrit dans le Livre de Téhilim qu’il nous faut servir Hachem avec joie, mais il fut écrit des siècles après cette réprimande, donc pourquoi de telles sanctions pour une faille qui ne figure même pas dans la Torah ? Il est vrai que concernant les Fêtes, cette dernière ordonne « Vessama’hta Bé’haguékha – Tu te réjouiras lors de tes fêtes », mais ’Hazal affirment que ce verset se réfère à l’obligation de manger de la viande et de boire du vin.
Rav Its’hak Berkovits écrit : « La Mitsva de Ahavat Hachem consiste à se réjouir sincèrement d’être en vie, d’avoir été créé par le Maître du monde et d’avoir été placé dans un monde si merveilleux. C’est vivre en se laissant guider par la Providence divine pour devenir plus grand, plus mûr, plus sage et plus proche de D.ieu »
Si l’individu aime Hachem, il voit la beauté de la vie, y compris lors des difficultés rencontrées. Il se réjouit des défis à surmonter, car il sait qu’Hachem les lui envoie pour l’aider à se rapprocher de Lui. Il sert Hachem joyeusement, même en périodes éprouvantes. C’est tellement important dans la Avodat Hachem que le manque de Sim’ha (de joie) du peuple juif fut la cause des terribles prédictions de la présente Paracha.
Comment acquérir une Ahavat Hachem qui entraine la Sim’ha ? C’est, selon Rav Berkovits – qui rapporte les propos du Rambam – en analysant la Torah et la nature ; en contemplant le ciel, la mer, etc., mais aussi les plus petites choses (comme un beau fruit qu’Hachem a créé, au goût savoureux et à l’odeur agréable). Le fait de réciter une bénédiction avant d’en profiter devrait nous aider à apprécier ces cadeaux et à aimer Hachem.
Rav Berkovits ajoute que le corps humain est également source d’émerveillement. « Prenons l’exemple de la digestion – savez-vous ce qui se passe à l’intérieur de votre corps ? Le fait que la nourriture soit broyée, que des enzymes soient sécrétées, que des nutriments parviennent aux diverses parties du corps qui en ont besoin, que l’organisme rejette les substances qui ne lui sont pas nécessaires… Tout ceci relève du miracle ! Analysons un tant soit peu la constante purification du sang, le travail des reins ; quand ceux-ci ne fonctionnent pas, que D.ieu nous en préserve, une machine est nécessaire, mais elle est bien plus encombrante et n’est pas aussi efficace. Et le cœur ! Ce muscle qui pompe sans cesse et qui a son propre circuit électrique (en effet, théoriquement, le cœur n’a pas besoin que le cerveau lui donne l’ordre de travailler). Qu’en est-il des yeux ? Cette lentille qui observe, grossit ou rétrécit, utilise la bonne dose de lumière, sensibilise le nerf optique et envoie un message au cerveau qui obtient une image… Le corps humain est composé de trillions de cellules qui se renouvellent en permanence. Un véritable prodige ! »
Par ailleurs, l’étude de la Torah peut mener l’individu à aimer Hachem. Celle-ci nous permet de contempler la sagesse infinie de la Loi orale et écrite. L’expérience vécue par celui qui se plonge dans les sujets de la Torah est la meilleure façon de se rapprocher d’Hachem.
Rav Berkovits conclut : « Entre la sagesse et la bonté infinies contenues dans la Création et celles par lesquelles le Maître du monde nous a donné la Torah, l’être humain devrait être en extase et vouloir se lier constamment à D.ieu. »
Il existe une autre façon de se rapprocher d’Hachem, mentionnée par le Rambam ; il s’agit de la Messirout Néfech – le sacrifice de soi pour Hachem. Au niveau le plus élevé, cela signifie être prêt à sacrifier sa vie pour Hachem. En effet, quand une personne se donne complètement pour Hachem, elle montre une proximité sans pareille avec Lui. À travers l’Histoire, les Juifs risquèrent souvent leurs vies pour respecter la Torah, mais de nos jours, il ne s’agit plus vraiment d’une épreuve. À notre époque, la preuve de notre Messirout Néfech serait de tout faire pour pouvoir accomplir parfaitement une Mitsva ; surmonter son désir naturel, sa paresse ou son attrait pour la matérialité rapproche l’individu de D.ieu.
Ainsi, le fait de ne pas servir Hachem dans la joie est jugé très sévèrement par la Torah ; or cette joie émane de la Mitsva de Ahavat Hachem (aimer Hachem). L’étude de la Tora h, les merveilles de la nature et la Messirout Néfech peuvent attiser l’amour pour Hachem qui éveillera inévitablement la Sim’ha dans la vie d’un homme.