Dans la paracha "Yitro" (20, 3), la Torah nous dit : "Tu ne te feras point d’idole, ni une image quelconque de ce qui est dans le ciel en haut, ou sur la terre en bas".
Deuxième des dix commandements, ce verset traite de l’interdiction de l’idolâtrie et de la représentation physique du divin.
S’appuyant sur une lecture littérale des mots « de ce qui est dans le ciel, en haut, ou sur la terre en bas », l’auteur du Ben Ich ’Haï propose d’y voir une allusion au principe d’éthique suivant : dans tout ce qui a trait à la sphère spirituelle (« de ce qui est dans le ciel »), l’homme a l’obligation de s’inspirer des personnes qui sont d’un niveau supérieur au sien (« en haut ») afin de découvrir les domaines qui lui restent à améliorer.
En revanche, pour tout ce qui relève du domaine matériel (« sur la terre »), il doit se mesurer aux personnes moins bien nanties que lui (« en bas ») afin qu’il s’estime heureux de son sort et ne soit pas tenté de courir après le superflu.
A quoi cela ressemble-t-il ? A un homme qui possédait dans sa cour une échelle menant au toit de sa maison.
« Cette échelle représente un grand danger car un passant pourrait grimper jusqu’au toit et, D.ieu préserve, en tomber ! dit-il à son serviteur. Brise-donc ses échelons afin que nul ne soit tenté de l’emprunter. »
Le serviteur, qui ne brillait guère par sa sagesse, s’empressa d’accomplir la volonté de son maître de la manière suivante : il grimpa jusqu’au deuxième échelon et de là, en arracha le premier. Ensuite, il passa au troisième échelon, brisa le second, et ainsi de suite…
Au bout de quelques minutes, le serviteur atteignit le sommet de l’échelle mais il ne restait malheureusement plus d’échelons pour lui permettre de redescendre sur la terre ferme… Désemparé, il appela son maître à la rescousse et avec l’aide d’autres serviteurs appelés en renfort, ce dernier parvint à le secourir au moyen d’une poulie.
« Sot que tu es ! s’écria le maître, une fois son serviteur revenu sur la terre ferme. Ne sais-tu pas qu’il faut commencer par arracher l’échelon supérieur ? »
Quelques temps plus tard, le maître confia à son serviteur une nouvelle mission :
« Dans le puits de la cour se trouve une échelle et je crains que des petits galopins l’empruntent au péril de leur vie. Casse, je te prie, ses échelons afin de les en dissuader. »
Le serviteur se précipita vers la margelle et les instructions furieuses de son maître résonnant encore à ses oreilles, il descendit l’échelle en prenant bien soin d’arracher les échelons de haut en bas…
Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que notre homme se retrouvât au fin fond du puits sans aucun moyen de remonter à l’air libre…
« Quel sot tu fais ! s’indigna le maître. Ne comprends-tu pas que tu dois d’abord détruire l’échelon inférieur ?
— M… mon maître, balbutia le serviteur, dérouté. Lorsque j’ai procédé ainsi, vous m’avez explicitement conseillé de commencer par l’échelon supérieur !
— C’est bien ce que j’ai dit, acquiesça le maître. Mais tout dépend du but à atteindre ! Si tu veux monter jusqu’au toit, tu dois viser l’échelon supérieur mais si tu veux descendre jusqu’au fond du puits, tu dois t’attaquer à l’échelon inférieur ! »
De même, conclut le Ben Ich ’Haï, l’homme ne doit pas adopter une attitude identique sur les plans spirituel et matériel, mais adapter son comportement selon les circonstances. Ainsi, dans le domaine spirituel, il doit viser le haut, tandis que dans le domaine matériel, il doit au contraire regarder vers le bas !