Nous voici arrivés, avec l’aide d’Hachem, au terme de ce livre de Chémot, de l’Exode, un livre fondamental dans l’histoire de notre peuple et la construction de notre identité spirituelle. Le cheminement que les enfants d’Israël ont suivi les a menés de l’esclavage égyptien à la liberté, du monde idolâtre de l’Egypte à une proximité intense avec Hachem dans le désert.
Les deux sections de la Torah que nous lisons cette semaine mènent les enfants d’Israël à une grande élévation spirituelle avec l’achèvement de la construction du Michkan, du « sanctuaire », et son approbation par l’Éternel. Comme nous le dit le texte, au terme de la construction du sanctuaire et de l’agencement des différents éléments qui le composent « conformément à ce que le Seigneur l’avait prescrit à Moché », « la nuée enveloppa la Tente d’assignation et la majesté du Seigneur emplit le Tabernacle » (Chémot, 40, 34).
Nous voulons voir dans cette fidèle obéissance de Moché à la parole de l’Eternel, d’une part, et dans cette Présence divine qui enveloppe le sanctuaire d’autre part, les secrets peut-être les plus profonds du bonheur auquel les hommes peuvent prétendre sur terre.
En effet, notre tradition nous enseigne que l’homme a été créé par D.ieu mais que son entendement, son esprit, est incapable d’appréhender la nature de D.ieu. Cette dernière échappe à toute définition, elle est infinie, elle dépasse radicalement tout ce que l’homme peut penser.
Certes, la Torah fait une concession à l’esprit humain en ayant recours à des anthropomorphismes et en personnalisant le divin afin de nous faire comprendre certaines notions, mais il n’en demeure pas moins que la nature de D.ieu est insaisissable pour l’esprit humain.
On aurait pu en rester là, et acter cette différence de nature radicale entre l’homme et D.ieu. L’homme aurait pu en prendre son parti et décider de vivre une vie sans espoir de pouvoir se rapprocher de D.ieu, puisqu’Il est inaccessible.
Mais dans Son infinie bonté, D.ieu n’a pas laissé le dernier mot à la séparation et à la distance, Il a offert à l’homme la possibilité du rapprochement et du lien.
Revenons à notre texte. Nous remarquons qu’il insiste à sept reprises sur le fait que Moché Rabbénou a exécuté le sanctuaire « conformément à ce que D.ieu lui avait ordonné », et c’est précisément cette fidélité à la parole divine qui a permis ensuite à cette construction d’être agréée par l’Eternel et de pouvoir y accueillir la Présence divine.
C’est le même processus de rapprochement que D.ieu donne la possibilité aux hommes d’accomplir, à travers l’étude de la Torah et la pratique des Mitsvot. En effet, en leur confiant Sa loi et la liberté de l’accomplir, D.ieu a donné aux hommes la possibilité de se rapprocher de Lui, et de créer un lien avec le divin. En méditant ce cadeau merveilleux que l’Eternel a fait aux hommes, l’homme ne peut que ressentir une joie intense dans l’étude de la Torah qui le transporte et l’éloigne des sentiments confus de la matérialité et du corps.
En accomplissant les Mitsvot, l’homme se rattache à une raison et une logique qui le dépassent complètement, il dépasse sa condition humaine pour atteindre une dimension bien plus élevée qui le rapproche de l’Eternel. Certes, l’homme restera toujours un homme, avec ses limites et ses faiblesses, mais il lui est donné une faculté de s’améliorer, de se parfaire, de donner à sa vie une profondeur et un relief autrement plus profonds que ceux de la matérialité.
Le Rabbi de Loubavitch, qui insiste sur cette notion dans ces écrits sur la joie, nous invite à méditer la parabole d’un homme simple qui vit dans une modeste demeure, à qui il serait offert la possibilité de servir le bon Roi de son pays et de vivre à ses côtés dans le palais royal. N’en concevrait-il pas une joie intense ?
Il nous appartient précisément de méditer profondément les merveilles et les secrets de la Torah et des Mitsvot afin de prendre conscience de la chance exceptionnelle que nous avons d’avoir la possibilité, chacun à notre niveau, de nous rapprocher du Roi des rois.
A l’image de la Chékhina qui vient résider dans le Michkan en récompense du travail fidèle à la parole divine dont se sont acquittés le peuple et Moché Rabbénou, puissions-nous également avoir le mérite de faire résider la Présence divine dans nos coeurs et nos foyers !
Chabbath Chalom !