Dans notre paracha "Vayigach", lorsque les fils de Yaacov virent que la coupe volée se trouvait entre les mains de Binyamin, tous se tinrent de côté. Seul Yéhouda fut prêt à mourir pour lutter contre Yossef, tout d’abord parce qu’il s’était porté garant de son frère, mais aussi en sa qualité de roi des tribus. C’est pourquoi il s’avança et tomba aux genoux de Yossef pour le supplier d’épargner son frère.
Nos Sages ajoutent que Yéhouda se prépara aux trois éventualités suivantes : la première – demander à Yossef de libérer Binyamin en employant des paroles d’apaisement et de supplication ; la deuxième – tuer Yossef et tous ses hommes ; la troisième – prier le Saint béni soit-Il de lui accorder le soulagement.
Entre autres paroles acerbes que Yéhouda employa à l’adresse de Yossef, il lui adressa les menaces suivantes :
« Sache que Pharaon a été frappé par la lèpre pour avoir détenu Sarah notre ancêtre ne serait-ce qu’une seule nuit dans son palais. Toi aussi, qui as médit sur Binyamin en l’accusant d’avoir volé ta coupe, tu finiras par être atteint par la lèpre, car telle est la punition du médisant. En outre, même sa mère Ra’hel n’est décédée qu’à cause de la malédiction proférée par Père. Toi aussi, si tu tiens à ta vie, prends garde à ne pas mourir avant ton heure, ce qui serait dommage car tu es dans la fleur de l’âge. Et si je dégaine mon épée, je commencerai par toi, et je terminerai par Pharaon. »
En entendant ces paroles, Yossef fit signe à Ménaché qui fit un bond de toutes ses forces et tout le palais vibra comme sous l’effet d’un tremblement de terre. Alors Yéhouda se dit :
« Il est certain que cet homme est issu de la maison de notre père car on ne trouve dans aucun autre pays des hommes d’une telle trempe. » Sur ce, Yéhouda s’emporta et rugit comme un lion et sa voix fut si puissante que ’Houchim fils de Dan qui se trouvait au pays de Canaan l’entendit et accourut vers lui en un clin d’oeil. Puis tous deux se mirent à rugir comme des lions, à tel point que les dents des trois-cents hommes les plus puissants d’Egypte qui se trouvaient sur place tombèrent et que leurs visages se contorsionnèrent tant ils étaient effrayés et ils demeurèrent ainsi durant le restant de leur vie. En outre, Pit’om et Ramsès, deux villes qui étaient proches de Mitsraïm furent détruites. Lorsque les autres frères virent la colère de Yéhouda, eux aussi se remplirent de colère et ils tapèrent des pieds sur le sol jusqu’à le réduire en poussière.
Alors Yossef tomba de son trône et même Pharaon dans son palais connut le même sort. C’est ce qui est écrit dans le verset :
« Or le bruit s’était répandu à la cour de Pharaon. »
Lorsque Yossef vit les signes de Yéhouda ainsi que sa fureur et sa fâcheuse décision, il prit peur et dit : « Encore un peu et il me tuera dans sa colère. » Par les signes de Yéhouda, on entend le sang qui jaillissait de son oeil droit ou, comme certains l’affirment, de ses deux yeux. De plus, il avait un poil face à son coeur de sorte que s’il s’énervait, celui-ci se raidissait comme un clou et perçait ses cinq vêtements. Et lorsqu’il s’emporta, son torse se remplit de débris de cuivre qu’il broyait de ses dents, effrayant toutes les personnes présentes. Puis Yéhouda tendit la main pour dégainer son épée, mais comme il n’y parvint pas, il se dit : « Probablement que cet homme est un juste. »
A ce moment, Yossef asséna un coup de pied sur un pilier qui se trouvait là-bas et le réduisit en morceaux comme un tas de gravier. Alors Yéhouda s’étonna en disant : « Cet homme a l’air plus fort que moi. » Malgré cela, il fut prêt à mourir pour sauver Binyamin. Mais lorsqu’il vit qu’il ne parvenait pas à dégainer son épée, il se mit à lui parler avec déférence comme il est dit : « Mon seigneur avait interrogé ses serviteurs, disant :
"Vous reste-t-il un père, un frère ?" Nous répondîmes à mon seigneur » (Béréchit Rabba 93).