Lors de la fameuse histoire de Caïn et Abel, la Torah nous prodigue la toute première leçon sur le Yétser Hara' (le mauvais penchant) ; quand Hachem ignora l’offrande de Caïn et qu’il accepta celle d’Abel, Caïn eut une réaction négative. « Caïn était très en colère, son visage fut abattu. » Suite à cela, Hachem prévint Caïn des conséquences probables de sa réaction. « Hachem dit à Caïn : « Pourquoi es-tu fâché, pourquoi ton visage est-il abattu ? N’est-ce pas que si tu agis correctement, tu seras pardonné ? Mais sinon, la faute est tapie à la porte, elle t’attend ; malgré tout, tu la domineras. »
Le Kli Yakar explique ce verset énigmatique grâce à une Guémara dans Brakhot ; le Talmud compare le Yétser Hara' à une mouche. Il précise que la mouche n’a pas assez de force pour écorcher la peau d’une personne si cette dernière n’est pas blessée, mais lorsqu’elle trouve un accès, elle a suffisamment de force pour élargir une plaie et l’envenimer. De même, le Yétser Hara' n’est pas assez puissant pour mettre à nu la faiblesse de quelqu’un qui n’a pas trébuché dans sa 'Avodat Hachem (son service de D.ieu).
Par contre, quand l’individu s’affaiblit, il crée une brèche par laquelle le Yétser Hara' peut entrer et inciter la personne à commettre d’autres fautes. C’est ainsi que l’on peut expliquer la Guémara dans Chabbath qui affirme : « Celui qui vient fauter, cela lui est ouvert (permis) ». Le Kli Yakar explique que l’ouverture évoquée est celle que l’homme a faite pour laisser le Yétser Hara' entrer et agrandir la brèche jusqu’à ce que la blessure devienne incicatrisable.
Le Yétser Hara' se tient à l’entrée, il attend que la personne chancelle, or si cette dernière ne trébuche pas, elle pourra dominer le Yétser Hara' parce qu’il n’aura pas la force de l’inciter à fauter si elle reste ferme dans sa 'Avodat Hachem. Par contre, si elle faute, même de façon minime, le Yétser Hara' peut entrer par l’ouverture et il sera alors beaucoup plus difficile de surmonter ses tentations. Hachem prévint Caïn qu’il était sur le point de tomber dans le piège du Yétser Hara' en lui ouvrant la porte. Caïn ne tint pas compte de l’avertissement d’Hachem et préféra affronter Abel, ce qui permit au Yétser Hara' de prendre le pouvoir et de l’inciter à commettre ce terrible meurtre.
Ainsi, le Kli Yakar recommande à toute personne prévoyante de ne laisser au Yétser Hara' aucun accès par lequel il risquerait d’entrer et d’être préjudiciable. Nous en déduisons l’importance de la détermination dans notre 'Avodat Hachem. Il est connu que lorsque l’on s’autodiscipline – en entreprenant par exemple un régime alimentaire, ou en supprimant une accoutumance – il est essentiel de s’efforcer à ne jamais trébucher. Ceci, à cause du principe énoncé par le Kli Yakar — une fois que la personne montre un signe de faiblesse, elle déclenche un processus de détérioration qu’il est très difficile de stopper.
Les gens qui ont essayé de mettre fin à quelque chose et qui échouèrent, ne prirent apparemment pas de décision ferme d’abandonner leurs mauvaises habitudes. Plus exactement, ils eurent un moment de faiblesse durant lequel ils firent une exception aux règles qu’ils s’étaient fixées, et c’est cet instant qui entraîna leur rechute dans les pièges de l’accoutumance.
Très souvent, les personnes qui commettent de très graves fautes commencèrent par une transgression très légère. Un rav estima que c’était le cas lors des incidents tragiques où des bouchers « pratiquants » en arrivèrent à vendre de la viande non-Cachère. Comment peut-on tomber si bas et entraîner tant de monde à fauter ? Il expliqua qu’ils commencèrent probablement par un petit « écart » qui leur fit économiser un peu d’argent, puis avec le temps cela prit de l’ampleur au point que le Yétser Hara' les domina complètement.
Ce n’est pas forcément tout le monde qui en arrivera là en trébuchant, mais il faut essayer de rester ferme dans son comportement et éviter tant que possible de révéler une faille, même minime. Cela s’applique dans tous les domaines de la 'Avodat Hachem. Dans le respect des Mitsvot, les petits écarts peuvent devenir de grosses fautes. Cela concerne également les relations avec autrui ; souvent, une relation se détériore à cause d’un commentaire irréfléchi et une fois que le mal est fait, la situation est bien plus difficile à rectifier.
Cela est particulièrement applicable en ce qui concerne l’étude ; ‘Hazal insistent sur le fait qu’une personne doit fixer des horaires pour étudier, qu’il ne doit jamais manquer. En étudiant invariablement aux heures fixées, l’individu peut surmonter les tentatives du Yétser Hara' qui souhaite le détacher de son étude. En revanche, si l’on ne respecte pas l’emploi du temps, le Yétser Hara' a bien plus de facilité à extirper régulièrement l’homme de son étude.
L’histoire de Caïn nous enseigne l’importance de la détermination dans la 'Avodat Hachem qui est la manière principale de surmonter le Yétser Hara' ainsi que les terribles conséquences qui surviennent si l’on n’a pas cette résolution. Puissions-nous mériter de vaincre le Yétser Hara' et d’exploiter pleinement notre potentiel.