Kora’h, dans la paracha qui porte son nom, a utilisé l'arme de la dérision contre Moché Rabbénou.
L’histoire suivante, rapportée par Rabbi Yossef ‘Haïm de Bagdad, le Ben Ich ‘Haï, traite de cette mauvaise attitude qu’est la dérision :
Il était un clown juif qui vivait en Turquie et qui allait de réjouissances en réjouissances de la communauté juive. Le problème est qu’il ne se contentait pas de raconter des blagues juives correctes ; sortaient malheureusement de sa bouche des moqueries, des paroles frivoles, voire interdites.
Un jour, il fut invité à se produire chez l’un des notables de la communauté qui fêtait les Chéva’ Brakhot (fête post nuptiale) de son fils. Le clown est arrivé et a commencé à faire rire le public avec ses pitreries. Entre autres choses, il prit un morceau de poisson frit et le mit dans sa bouche en faisant de drôles de grimaces. Mais en quelques secondes, la blague tourna au drame : le clown s’étrangla avec une arête qui lui est restée au fond de la gorge.
Le notable attrapa le clown et grimpa immédiatement à l’étage supérieur de son immeuble, où habitait un médecin. Peut-être allait-il pouvoir extirper cette arête de la gorge ? Le notable étendit le clown à côté de la porte, sonna à la cloche et s’enfuit. Le médecin qui ouvrit la porte ne distingua pas le clown dans l’obscurité, sortit sur le pallier et trébucha sur le corps. Les deux hommes ont dégringolé les escaliers dans un bruit de craquements d’os douloureux et effrayant.
Quand le médecin a repris conscience en bas des marches, il trouva à ses côtés un homme mort. Effrayé à l’idée qu’on pourrait penser qu'il l'avait tué, le médecin a pris le corps et l’a placé debout dans un coin de ruelle sombre. Face à cet angle se trouvait la boutique d'un tailleur, qui travaillait tard dans la nuit avec son apprenti.
L'apprenti tailleur est sorti faire un petit tour pour se dégourdir les jambes, et a soudain aperçu le clown mort contre le mur. Dans l’obscurité, il a cru que c’était un voleur. L’apprenti est retourné au magasin et a pris le lourd fer à repasser fonctionnant avec des braises, qui sert à repasser les étoffes épaisses. "Voleur, a-t-il dit avec une voix qui se voulait menaçante, décampe d’ici ou je te repasse le visage immédiatement." Bien entendu, le clown ne pouvait décamper…
Par crainte de ce qui risquait de se passer, l'apprenti écrasa le fer bouillant sur le visage du clown dans un bruit atroce et avec une forte odeur de brûlé. Le clown est tombé à nouveau, et le tailleur est sorti pour voir ce qui se passait car son apprenti tardait. Ce qu’il vit l’horrifia : "Vous avez tué quelqu'un !" répétait-il encore et encore. Après qu’ils se soient repris, ils comprirent que lui aussi pourrait être accusé de meurtre. Les deux hommes ont donc attrapé le clown et l'ont traîné au coin de la rue, où ils l’ont abandonné dans une ruelle sombre.
Quelques minutes après que le tailleur et son apprenti aient détalé, arriva un clochard bien aviné, tenant en main une bouteille vide dans laquelle il soufflait en produisant des sons horriblement faux.
Crac !!!
Les pieds du clown ont fait trébucher le clochard qui tomba de toute sa hauteur sur le sol. Il se releva furieux. Il en était tout juste à la meilleure partie de la chanson ! Qui donc prenait un malin plaisir à cette plaisanterie ? "Hé toi", lança-t-il à cette forme allongée sur le sol, mais il n'eut pas de réponse. "Je vais t’assommer", menaça très sérieusement le poivrot. Et le clown ne bougea toujours pas. Encore une fois on entendit un grand bruit. Cette fois, c’est la bouteille de verre qui s’écrasa sur la tête du clown mort depuis longtemps…
Par comble de malchance, un policier passait dans les parages et arrêta le clochard en flagrant délit. Le lendemain, une affiche était placardée en ville : le clochard était coupable de meurtre et condamné à la pendaison. Le notable et le médecin, le tailleur et son apprenti se sont pressés à l’entrée de la ville sans attendre, chacun s’accusant lui-même de ce meurtre – et le clochard échappa au verdict.
Lorsque le gouverneur a réuni les pièces du puzzle, il a statué en disant que le clown avait été puni par le Ciel de sa dérision en souffrant les quatre formes de la peine capitale : il s’est étouffé avec l’arête de poisson, a été lapidé dans les escaliers, brûlé par le feu du fer à repasser et tué par la bouteille. Tous ont été relâchés.
La morale de cette histoire : Assez souvent, comme Korah, nous sommes frappés de surprise et parfois, même stupéfait, face à certaines situations que nous traversons et qui nous semblent illogiques, voire, injustes. Nous devons savoir : Les voies d’Hachem sont impénétrables. Ses œuvres sont parfaites et toutes Ses voies sont justice. C’est un D. De fidélité et sans injustice. Il est juste et droit. Dévarim, 32, verset 4. Cette très jolie parabole du Ben Ich ‘Haï est une excellente illustration de ce fondement de notre religion, d’une importance majeure et de la gravité de la moquerie.