La paracha 'Houkat (19, 2) nous dit "זֹאת חֻקַּת הַתּוֹרָה" (Tel est le statut de la Loi).
Pourquoi le commandement de la vache rousse est-il appelé « statut » (en hébreu ’houka) ?
Rachi explique que le Satan et les nations du monde disent aux enfants d’Israël : « En quoi consiste ce commandement, quelle en est l’explication ? » C’est pourquoi il est dit à son propos qu’elle est un « statut » qui se dit en hébreu houka, mot qui désigne aussi une écriture gravée dans la pierre, comme pour dire « une gravure j’ai gravé, un décret j’ai décrété (en hébreu : ’Houka ’hakakti, guézeira gazarti), tu n’es pas autorisé à le remettre en question. »
Il nous faut comprendre le redoublement des mots « une gravure j’ai gravée, un décret j’ai décrété. »
Il faut aussi expliquer pourquoi la Torah n’a utilisé le mot ’houka qu’au sujet du commandement de la vache rousse : si la raison en est que son explication dépasse l’entendement humain, les mêmes mots auraient aussi bien pu être employés au sujet des mélanges interdits et de bien d’autres commandements similaires.
Enfin, comment comprendre qu’il soit nécessaire de souligner que nous ne devons pas remettre en question le commandement divin : viendrait-il à l’esprit de quiconque de contester la sagesse du Tout- Puissant !
Une histoire rapportée dans la Pesikta Rabbati nous aidera à répondre à ces questions :
Il arriva un jour que les juifs ne parvinrent pas à trouver une vache rousse conforme aux exigences de la Torah, jusqu’à ce que finalement, ils découvrent une vache parfaite chez un non juif. Ils lui demandèrent de la leur vendre. Il leur répondit :
« Vous pouvez l’avoir pour deux ou trois pièces d’or. » Les voyant accepter sans discuter, il comprit qu’ils en avaient grand besoin. Aussi revint-il sur sa position : « Elle n’est pas à vendre. » Ils lui proposèrent cinq pièces d’or, puis dix, puis vingt, et n’obtinrent son accord qu’après qu’ils eussent proposé une somme de mille pièces d’or. Ils se retirèrent alors pour aller chercher la somme requise.
Que fit ce méchant homme ? Il dit à l’un de ses amis : « Vois comment je me joue de ces juifs. Ils ne m’achètent cette vache pour un tel prix que parce qu’elle n’a jamais porté le joug. Je m’en vais placer sur elle le joug et je prendrai leur argent ! » Et il mit immédiatement ses paroles à exécution.
Cependant les Sages nous ont transmis un signe. Chaque vache est pourvue de deux poils sur sa nuque à l’endroit où l’on place le joug. Tant qu’elle n’a pas porté le joug, les deux poils sont dressés. Mais si, en revanche, on a placé le joug sur elle, ces deux poils sont couchés. En outre, tant qu’elle n’a pas porté le joug, ses yeux sont droits, et dans le cas contraire, ils louchent légèrement.
Quand les Sages revinrent pour prendre la bête, ils montrèrent les pièces d’or, et l’homme alla chercher la vache. Ils l’examinèrent et, reconnaissant les signes, ils déclarèrent : « Garde ta bête, nous n’en avons pas besoin, et moque-toi de quelqu’un d’autre… » Quand il entendit cela, ce méchant homme dit : « Béni soit Celui qui a choisi ce peuple », après quoi il rentra dans sa demeure et se pendit.
Il ressort de ce récit que sans l’aide des deux signes donnés par D.ieu, il aurait été impossible d’affirmer avec certitude qu’une bête est conforme aux exigences de la Torah. Chacun se dirait en son for intérieur : « Le Tout-Puissant a imposé que la vache rousse n’ait jamais porté le joug, qui me dit qu’il en est réellement ainsi, qui me dit que nul ne lui a fait porter le joug ne serait-ce qu’un seul instant ? » Cependant, grâce à ces deux signes, établis par le Créateur de manière miraculeuse, nous n’avons plus de raison de douter et pouvons nous y fier comme à deux témoins.
C’est cela que dit le Midrach : « une gravure j’ai gravée » – dans le corps de la vache à l’heure de sa naissance, en lui faisant deux poils dressés qui se replient si elle porte le joug. « Un décret j’ai décrété » – voulant que ses yeux convergent si jamais elle a porté le joug. Ces deux témoins fidèles attestent de sa conformité à la loi, aussi, poursuit le Midrach, « tu n’es pas autorisé à le remettre en question » en disant : « Peut-être n’est-elle pas conforme, du fait que le joug a été posé sur elle ? » (Ben Ich ’Haï)