« Je n’ai pas besoin d’être branchée à la machine à oxygène ; ils sont mon oxygène. » Ces mots qui nous étaient destinés, sont ceux d’une dame âgée hospitalisée, à qui nous rendons visite chaque vendredi matin.
S’il vous est déjà arrivé d’être dans les murs des hôpitaux Cha'aré Tsédek (Jérusalem), Hertsog (Jérusalem), Laniado (Netanya), Hillel Yaffé ('Hadéra), Assuta (Ashdod), Barzilaï (Ashkelon), les vendredis matins, vous avez certainement croisé notre équipe de bénévoles qui se réunit dans l’unique but d’apporter chaleur et réconfort à nos malades.
Chaque semaine, une mélodie envahit les couloirs souvent sombres et froids des hôpitaux, et prend l’allure d’une symphonie réconfortante. Elle est un plaisir pour les oreilles, et un pansement pour les âmes malades et éprouvées.
Aliza, infirmière générale à Cha'aré Tsédek, témoigne « après votre passage, le service est plongé dans une ambiance sereine, les malades sont calmes et apaisés. » Elle nous a également avoué que les malades qui sont là plusieurs semaines d’affilée, réclament notre venue chaque vendredi. Ils nous attendent.
Les personnes hospitalisées sont souvent visitées durant la semaine, ou à l’approche des fêtes, mais nous avons remarqué que les vendredis, les services étaient un peu désertés et il nous tenait à cœur de ramener de la joie et de la sérénité à l’approche de Chabbath. Les malades sont enchantés et tellement reconnaissants : “Mais comment réussissez-vous à venir vendredi avec tout ce qu’il y a à faire ce jour-là ?”
Cette initiative a vu le jour il y a 2 ans. De façon spontanée et isolée, Rav Naccache et Rav Guénoun, une guitare à la main, sont partis réjouir quelques malades dans les hôpitaux. Aujourd’hui, nous comptons plus de 200 bénévoles qui se rendent disponibles chaque semaine. Ces moments sont une grande source de plénitude, particulièrement chérie par nos équipes. « Je ne pouvais pas venir aujourd’hui car j’avais un rendez-vous, mais lorsque j’ai vu que j’avais fini plus tôt, je vous ai rejoints pour les 10 dernières minutes, parce qu’en 10 minutes, on peut réjouir un cœur juif, et ça n’a pas de prix. »
Nos équipes sont composées de musiciens, Rabbanim, médecins, chanteurs, jeunes gens ou grands-parents, mères de familles nombreuses, Israéliens, Français, Américains, personnes timides et d’autres plus entreprenantes. Ces personnes, qui ne se seraient probablement pas rencontrées dans d’autres circonstances, sont les anges du cœur dévoués à mettre un sourire là où il y a de la douleur, animés par la magnifique cause qui leur tient à cœur : répandre une lueur d’espoir et apporter de la vie.
Il était fondamental que cette mission soit organisée dans les lois de la Torah. Aussi, nos bénévoles sont séparés en deux équipes, l'une exclusivement féminine, et l'autre exclusivement masculine. Les femmes sont en charge des services accueillant les enfants, et les hommes vont en gériatrie.
Avant d’entrer dans les chambres, les bénévoles accordent leurs violons c’est le cas de le dire. Ils se mettent d’accord sur les chansons qu’ils vont jouer. Ils se préparent à une vraie représentation. C’est un orchestre du cœur qui se monte sous nos yeux. Les femmes habillent leurs instruments de peluches colorées pour amuser les enfants. On ressent leur volonté profonde de donner le meilleur d’eux-mêmes et de réjouir les âmes qui se trouvent de l’autre côté du rideau.
Chez les enfants, les mélodies jouées sont joyeuses, souvent en rapport avec la fête en date. Nos bénévoles distribuent ballons et confiseries. Une maman nous a confié : « Je vais vous dire la vérité, votre visite m’a fait un bien fou, bien plus qu’à mon fils. Les enfants ont une capacité à gérer leurs douleurs, mais nous, les parents, lorsqu’on les voit comme ça, on se sent démunis et désemparés ; votre présence et vos attentions nous donnent la force de continuer notre combat. » Lorsque nos bénévoles voient une jeune maman dans la chambre, elles lui demandent si elle a besoin d’une aide supplémentaire quelconque, elles se soucient de savoir s’il y a d’autres enfants à la maison, si leur Chabbath est organisé. Elles apportent réconfort et soutien dans un moment des plus éprouvants. Pendant la visite, les larmes ne coulent plus, même si l'on se doute que ce sera uniquement une pause. Mais ces quelques minutes de pause dans une réalité angoissante et épuisante qui est la leur, sont une bouffée d’oxygène.
Les hommes, quant à eux, rendent visite aux personnes âgées. L’ambiance y est assez différente. Les malades sont à l’hôpital depuis plusieurs semaines voire mois ; ils ne sont ni dans l’espoir ni dans le désespoir, comme nous le voyons fréquemment chez les enfants. Une sorte de routine s'est installée, et bien souvent nos visites brisent la solitude qui pèsent sur ces patients. À notre arrivée, les visages ridés s’illuminent, ils se redressent et veulent profiter de ce moment qu’ils chérissent énormément. Notre équipe chante et danse devant les patients ravis et enjoués. Certains de nos bénévoles s’approchent des malades, leur parlent, les bénissent avec douceur, les écoutent bien sûr car nos aînés ont toujours une histoire à raconter, une leçon de sagesse à transmettre, dont nous profitons avec joie. Dans ces services, les douceurs que nous distribuons, ce sont nos sourires et notre présence. Une fois, nous étions dans la chambre d’une personne âgée qui devait recevoir un soin assez important. Elle a demandé au personnel soignant : « S'il-vous-plaît revenez dans un quart d’heure, je suis en train de recevoir un soin de la plus grande importance à l’heure actuelle. »
Quelques fois, les patients nous demandent de leur jouer une certaine mélodie qui leur rappelle la joie d’un temps passé, d’un souvenir éloigné. Quelle émotion ! Il n’y a pas un œil qui ne reste sec dans ces moments-là.
Lorsque nous entrons dans les chambres, nous ne savons pas ce que nous allons y trouver, dans quel état d’âme est la personne à qui nous rendons visite, mais Hachem nous guide, et à chaque fois, nous réussissons à renforcer et réjouir les malades. Une fois, notre équipe de femmes était entrée dans la chambre d’une jeune fille qui était sur le point de monter en salle d’opération pour une intervention assez délicate. Lorsqu’elle a vu notre violoniste, elle lui a demandé si elle pouvait emprunter son instrument. Ce moment est assurément gravé dans les mémoires des personnes présentes ce jour-là. Cette mélodie de prière si pure et fragile résonne encore dans nos cœurs. Le visage de cette jeune fille s’était transformé, l’angoisse avait laissé place à la foi. Ce moment, orchestré par le Tout-Puissant, lui avait donné la force intérieure nécessaire pour monter confiante en salle d’opération.
Lorsque nous nous sommes engagés dans cette mission, nous pensions apporter du réconfort aux malades, mais à l’heure d’aujourd’hui, avec beaucoup d’honnêteté, nous ne saurions vous dire qui apporte le plus à l’autre.
Si vous désirez rejoindre notre équipe de bénévoles, contactez Daniel au 0542434306 ou par mail [email protected]