Pèleriner sur le tombeau d'un Tsaddik : quoi de plus trivial ? Il suffit de se rendre sur le lieu du Kévèr, d'ouvrir son cœur et de prier. Mais lorsque le tombeau se trouve en plein cœur de la ville palestinienne de Naplouse (She’hem), la trivialité s'envole et fait place à une liste interminable d'autorisations, de permissions et de bureaucratie.
Yossef Hatsaddik ne mérite-t-il pas mieux ?
Souillée, la sépulture de Yossef a été abandonnée depuis 2000 par l'armée israélienne après que l'Autorité palestinienne a pris l'engagement de respecter la sainteté du site. Ce départ faisait suite à la mort, après plusieurs heures d'agonie, le 1er octobre 2000, de Mad'hat Youssouf, un garde-frontière druze, blessé durant des échanges de tirs avec des terroristes palestiniens. Pendant trois heures, les secours israéliens n'avaient pas eu accès à l'enceinte du Tombeau pour soigner le garde-frontière qui avait donc succombé à ses blessures. Quelques jours plus tard, le 7 octobre 2000, qui correspondait au Chabbat Chouva, le tombeau de Yossef avait été pillé et incendié par les émeutiers palestiniens, et ce malgré les promesses de l'AP.
Le tombeau sera ensuite transformé en dépotoir. Lors de l'opération Remparts en avril 2002, Tsahal reprend partiellement le contrôle de She'hem et en décembre 2009, il permet à une entreprise de rénovation israélienne de se rendre sur place pour réparer une partie des dégâts. Mais à chaque fois, il faut quasiment tout reprendre à zéro puisque les Arabes profitent de l'absence de Tsahal pour profaner encore et encore le tombeau.
Le 24 avril 2011, Ben Yossef Livnat, père de 4 enfants, est assassiné par des policiers palestiniens alors qu'il se rendait prier sur les lieux.
En effet depuis quelques années, Tsahal autorise, une fois par mois, à quelques dizaines voire centaines de fidèles juifs de se rendre, de nuit, sur le tombeau de Yossef. La visite se fait à partir de minuit, officiellement pour ne pas « susciter de provocations ». Les pèlerins sont protégés par 600 soldats israéliens. Ils se rendent sur le Tombeau, et ont parfois le sentiment qu'à nouveau, Yossef a été abandonné par ses frères…
Pourtant, selon les accords d'Oslo, le tombeau devait rester sous la responsabilité de Tsahal et était considéré comme une enclave israélienne au milieu des territoires palestiniens. Tsahal et les forces de police palestiniennes étaient censés assurer la protection des pèlerins juifs venus se recueillir sur le tombeau de Yossef. Mais les accords signés n'ont jamais été concrétisés. Après avoir été maintes fois profané depuis 2000, le tombeau de Yossef a ainsi pu retrouver partiellement, depuis 2009 date de sa rénovation, ses titres de noblesse.
Une fois par mois, ce sont donc une vingtaine de cars qui se rendent en pleine nuit à She'hem. Mais chaque mois, ce sont également des dizaines de fidèles juifs qui sont contraints de renoncer à leur pèlerinage, faute de place.
Désormais, de nouvelles voix se font entendre : elles exigent que la visite au tombeau se fasse en plein jour et pas « comme des voleurs », comme l'a récemment déploré le rabbin de Samarie, le rav Élyakim Levanon.
Mais pour le moment, ni Tsahal, ni le gouvernement, ne semblent vouloir satisfaire à une telle requête…