Avant-hier, à la sortie de Chabbath, s’est éteint le Rav Moché Shapira de Jérusalem, l’un des grands Ba'alé Moussar de notre génération, à l’âge de 82 ans. Torah-Box retrace pour vous les principales lignes de la vie de ce grand Sage.
C’est avant-hier soir, à l’issue de Chabbath Parachat Vayigach, que le Rav Moché Shapira zatsal, l’un des grands Ba'alé Moussar de notre génération, s’est éteint à l’âge de 82 ans à l’hôpital de Hadassa Ein Kérem à Jérusalem. Nombreux sont ceux qui avaient pris part aux prières pour sa guérison, mais le Ciel en avait décidé autrement et il rendit l’âme à la suite d’une longue maladie.
Le Rav Shapira naquit il y a 82 ans dans la ville de Bné Brak, le 26 Tévèt 5695 (1er janvier 1935). Dans sa jeunesse, il étudia avec une rare assiduité et dans le dénuement le plus total à la Yéchivat ‘Hévron et à celle de Poniewizc. Il fut notamment le disciple du Rav de Brisk, Rabbi Yits’hak Zéev Soloveitshik. Plus tard, il épousa la fille du Rav Aharon Bialostozky qui dirigeait le Collel Ohel Torah.
Tout au long de sa vie, il occupa des postes prestigieux : il fut tour à tour dirigeant de la Yéchivat Bet Binyamin à Stam Ford aux Etats-Unis, enseignant au Bet Hatalmoud à Jérusalem, enseignant à la célèbre Yéchivat Or Saméa’h (qui vit les premières vagues de Ba'alé Téchouva déferler dans les Yéchivot, suite à la guerre de Yom Kippour), dirigeant d’un célèbre Kollel de Jérusalem et dirigeant spirituel de la Yéchivat Torat ‘Hayim. Le Rav donna pendant de très nombreuses années un cours hebdomadaire sur la Parachat Hachavou'a, qui attirait des centaines d’élèves chaque semaine et qui inspirait même d’autres grands Rabbanim pour leurs cours. Si son nom reste jusqu’à ce jour inconnu du grand public, cela n’est dû qu’à son extraordinaire humilité, qualité de laquelle il ne se départit jamais, toute sa vie durant. Même lorsqu’il était consulté sur des questions d’actualité et que son avis était décisif, il faisait en sorte que son nom ne soit pas publiquement révélé, afin de se tenir éloigné des affaires de ce monde.
Le Rav Shapira était spécialiste des ouvrages du Maharal de Prague, dont on connait la profondeur. Il maitrisait parfaitement la pensée ‘hassidique ainsi que le Talmud, le Midrach, et même la Kabbala. Ses cours avaient la particularité d’expliquer la Paracha de la semaine sous un angle tout à fait nouveau, mêlant avec brio des idées issues de ces différentes sagesses de la Torah. Sa mémoire phénoménale lui permettait de citer de tête des passages entiers du Tanakh et du Talmud, démontrant ainsi une érudition peu commune.
Bien que le Rav Shapira ait ramené de très nombreuses personnes à la Torah et que ses élèves se comptent par milliers, lui-même a toujours fui la publicité et les honneurs. Il était admiré et tenu en très haute estime par les Grands de la Torah (notamment par le Rav Ovadia Yossef zatsal) qui se délectaient de ses enseignements d’une rare profondeur.
L’une des particularités du Rav réside dans une décision exceptionnelle qu’il prit dès son plus jeune âge, selon laquelle il n’accepterait jamais aucun salaire pour sa Torah. C’est ainsi qu’il étudia et enseigna la Torah toute sa vie sans percevoir aucune rémunération, pas même la bourse du Collel normalement perçue par tous les Avrékhim. Son épouse, la Rabbanit Tsipora (puisse Hachem lui envoyer consolation et longue vie), accepta de bon cœur la voie empruntée par son mari et le soutint tout au long de sa vie, malgré ce que cela impliquait comme difficultés au quotidien.
Malgré sa grandeur en Torah et le fait que parmi ses élèves on comptait d’éminents érudits, le Rav Shapira entreprit dès le départ de rapprocher ceux qui parmi les Juifs n’avaient pas la chance de connaitre la Torah. C’est ainsi qu’il se dévoua à la cause des Ba'alé Téchouva et parvint à ramener d’innombrables Juifs à la Torah. Nombre des célèbres Ba'alé Téchouva de notre époque sont ses élèves (parmi eux, citons le Rav Ouri Zohar et Bénny Lévy zal). Le Rav Yossef ‘Haïm Sitruk zatsal comptait également parmi ses élèves.
Malgré la maladie dont il souffrait ces dernières années, il continua avec une rare abnégation à enseigner la Torah à des centaines d’élèves et à guider les Ba'alé Téchouva, qu’il affectionnait tant.
Puisse son mérite nous protéger et son âme être reliée au faisceau de la vie, Amen.