C’est avec un chant de la liturgie juive qu’El’hanan, le père d’Ouri Danino l’un des 6 otages fusillés dernièrement par le ‘Hamas , conclura son Hesped (oraison funèbre) lors de l’enterrement. Les premières et dernières strophes de ce long chant avec lequel on commence la prière de Yom Kippour seront ainsi entendues par des milliers de personnes venues rendre un dernier hommage à ce jeune soldat courageux, qui s’était mis en danger en ce jour du 7 octobre 2023 pour sauver le maximum d’innocents.

Lékha E-li téchoukati, békha ‘hechki véahavati…

“Vers Toi mon D.ieu va mon désir, à Toi je dédie ma volonté et mon amour…”

Cet homme qui a attendu 10 mois le retour de captivité de son fils aîné, voyageant dans le monde pour réclamer l’aide des Nations et demander de prier pour sa libération tant attendue, aura la force d’exprimer sa Émouna en public. Il ajoutera que tous les engagements pour se renforcer dans le judaïsme et les prières exprimées pour le mérite d’Ouri ne sont pas vains, mais serviront sans le moindre doute pour d’autres.

La terrible nouvelle de l’assassinat de ces 6 jeunes otages a remué tout le peuple juif, réveillant d’autre part la polémique autour de la nécessité ou non de racheter les prisonniers du ‘Hamas “à tout prix”. “Leur libération représente la priorité du moment !”, entend-on un peu partout. Depuis le début de cette guerre, une partie de l’opinion publique soutenue par les médias scande ces slogans. Sans se prononcer sur ce débat douloureux, on comprend bien qu’une telle démarche n’est pas évidente. Rappelons que la libération d’un millier de terroristes dont Sinwar en échange de Guilad Chalit a provoqué dans une certaine mesure les attaques de Sim’hat Torah, puisque ils en ont été les instigateurs. De plus, se retirer de Gaza en laissant le contrôle au ‘Hamas permettra à cette organisation de se réarmer et de renouveler  à D.ieu ne plaise ses attaques envers les civils israéliens, et la perte de nos soldats n’aura en définitive servi à rien.

D’un autre côté, on pourrait se demander si, malgré tout, on se préoccupe vraiment du sort de ces malheureux captifs, qui sont entre les mains de barbares sanguinaires dénués du moindre sentiment. El’hanan Danino pourrait lui aussi en vouloir au chef d’État et aux autres responsables de ne pas en avoir fait assez pour les libérer, mais cet homme courageux voit ces événements sous une autre dimension : il sait que si le destin le voulait, son fils serait revenu vivant quels que soient les desseins de ses gardiens, comme d’autres y sont parvenus. De manière générale, cette attaque du 7 octobre n’aurait jamais dû avoir lieu quand on sait combien de miracles connaît ce pays depuis ses débuts. Lorsque malheureusement cela se déroule autrement, ce n’est nullement grâce à la sagacité de nos ennemis ni même à cause d’une erreur militaire de Tsahal, mais bel et bien parce que dans le Ciel, on a manqué de mérites.

C’est pourquoi El’hanan se tourne vers D.ieu en Lui exprimant notre attachement envers Lui, notre reconnaissance, notre regret pour nos égarements et notre souhait de résider dans Son jardin, comme l’expriment les autres couplets du chant. C’est là que réside la force intérieure du Juif devant laquelle personne ne peut s’interposer, et qui lui assure la protection du Tout-Puissant. 

Ce message doit nous frapper en ce mois de Eloul propice à la Téchouva, en souhaitant que cette terrible nouvelle soit la dernière, que les autres otages soient rapidement libérés sains et saufs, et que l’on puisse voir bientôt l’Éternel appliquer Sa justice dans ce monde et venger le sang de ces innocents.

À la mémoire d’Ouri Danino.