Le 7 octobre 2023, jour de Chabbath et Sim’hat Torah 5784, le peuple juif, alors même qu’il chantait et dansait avec la Torah, a été frappé avec une violence et une barbarie inouïes, inégalées depuis les heures sombres de la Shoah. À la sortie de Chabbath, le pays choqué, tétanisé, abasourdi découvrait l’ampleur de ce génocide dont il n’avait cependant pas encore saisi toute l’horreur et l’étendue.
Et pourtant, de nombreux observateurs politiques ou experts militaires avaient mis en garde contre le danger existentiel pour Israël d’une éventuelle attaque coordonnée de nos “chers” voisins arabes dont le but affiché était de rayer de la carte, la terre des Juifs, et d’en exterminer ses habitants.
Nombreux sont ceux qui investirent leur confiance dans l’armée d’Israël réputée puissante et invincible, oubliant que Hachem est le vrai et le seul gardien d’Israël.
En oubliant aussi et surtout l’injonction de la Torah qui nous met en garde de façon explicite contre cette attitude : alors que tu es dans l’opulence, “Garde-toi d’oublier le seigneur ton D.ieu.” “Tu pourrais dire dans ton cœur : c’est ma force et la vigueur de ma main qui m’ont conquis cette puissance.” (Deutéronome 8, 11 et 8, 17)
Et encore plus clairement dans les Téhilim (20, 8) : “Les uns se fient aux chars, les autres aux chevaux, quant à nous, nous invoquons le Nom de l’Éternel, notre D.ieu.”
Le fiasco des services de renseignements, la protection dérisoire d’un mur réputé infranchissable et l’absence stupéfiante des forces de l’armée sur place nous ont fait durement prendre conscience de la véracité des paroles de la Torah. Nous ne pouvons compter que sur Hachem !
Mais le fond du problème est ailleurs.
Depuis sa création, le pays souffrait de querelles idéologiques latentes entre la gauche et la droite, les religieux et les non religieux, les progressistes et les réactionnaires…
Mais depuis quelques mois, les dissensions et les tensions allaient crescendo avec des excès de haine et même de violence jamais atteints auparavant, entraînant des débordements de part et d’autre (surtout d’une part), sous des prétextes politiques justifiés ou non. Le pays était au bord de la guerre civile, au point que des voix se sont fait entendre pour envisager la partition territoriale de la terre d’Israël. Une partie pour les religieux observant les commandements de la Torah, et l’autre pour les laïcs, enfin libres de vivre leur vie comme ils l’entendent. Le pays était au bord de la guerre civile. À l’approche de Roch Hachana, nous avions atteint le summum de la désunion à la grande satisfaction de nos ennemis.
La Paracha Nitsavim, dernière Paracha de l’année avant Roch Hachana, commence par le verset suivant : “Vous vous trouvez aujourd’hui tous debout devant le Seigneur votre D.ieu… tout homme d’Israël.” Nos commentateurs soulignent que “aujourd’hui”, c’est le jour de Roch Hachana. Le mot “Nitsavim” traduit littéralement par “se tenir debout” a une connotation de stabilité, de puissance, de pérennité, comme le souligne la traduction en araméen du Targoum Onkelos. Le Midrach Tan’houma pose la question : ”Quand (serez-vous forts et puissants) ?” La réponse est claire et nette : “Quand vous formerez un seul bouquet (en hébreu, Agouda A’hat).” La recette est d’une simplicité étonnante. Vous voulez être forts et indestructibles ? Soyez un peuple uni, formez une véritable nation !
Systématiquement, pendant toutes les prières de Roch Hachana et Kippour, nous implorons Hachem de nous réunir dans ce fameux bouquet afin que nous puissions accomplir sa volonté.
Pendant la fête de Souccot qui suit les jours redoutables de Roch Hachana et Kippour, la Torah nous demande d’accomplir une Mitsva très particulière. Celle de Nétilat Loulav, qui consiste à réunir quatre espèces végétales différentes et de les agiter dans toutes les directions.
Ces quatre espèces qui sont l'Etrog (cédrat), le Loulav (palme de dattier), le Hadass (feuille de myrte) et l'Arava (feuille de saule) symbolisent les quatre types de Juifs qui composent le peuple d’Israël. De celui qui est versé dans l’étude de la Torah et les bonnes œuvres (l’Etrog) à celui qui en est totalement dépourvu (l’Arava). Le Hadass et le Loulav correspondant aux degrés intermédiaires (Vayikra Rabba 30, 12). Il faut souligner que l’on ne peut s’acquitter de la Mitsva qu’après avoir lié par un double nœud les trois espèces entre elles et y avoir accolé l'Etrog.
Ainsi, Hachem demande à son peuple, une fois de plus, l’union de tous les Juifs, quel que soit leur degré d’attachement à leur D.ieu. Toute la période allant de Roch Hachana au dernier jour de Souccot est consacrée à solidifier le ciment qui rassemble toutes les Néchamot de notre peuple pour n’en faire qu’un seul bloc.
Il semble que nous n’avons pas été convaincants. Alors, Hachem, le Roi des rois, créateur du ciel et de la terre a renversé la table : vous n’avez pas voulu être unis de bon gré dans la Sim’ha, vous le serez par la contrainte ! Aux grands maux, les grands moyens.
À l’aube du lendemain, des hordes barbares envahissaient notre terre !
Instantanément, le ciment a pris. Nous connaissons la suite.
Hachem, de manière générale, déteste la discorde dans l’humanité qu’Il a créée. Un exemple frappant nous est apporté avec la différence de traitement par Hachem de deux évènements majeurs dans l’histoire du monde.
D’une part, la génération du Déluge où Il extermina tous les habitants de la terre (excepté Noa’h et sa famille) parce qu’ils s’adonnaient, chacun pour soi, à la violence et au vol (‘Hamas, dans le texte).
D’autre part, la génération de Babel qui bâtit une tour pour se rebeller contre le créateur de l’univers et contester Son règne sur la terre. Ces renégats, parce qu’ils étaient unis dans ce projet funeste, ne furent sanctionnés que par la confusion des langues conduisant à leur éparpillement, donc à la désunion.
Il faut comprendre que l’injonction de la Torah à être unis n’est pas seulement une Mitsva particulièrement importante, mais la pierre angulaire de l’édifice du peuple juif, la condition impérative et incontournable pour la pérennité de notre nation.
À méditer !