Au vu des événements tragiques que le peuple d’Israël traverse actuellement, il nous paraît important de réfléchir plus profondément sur ce que nous vivons. Quel sens ont ces épreuves ? Pourquoi est-ce précisément Ichmaël qui nous inflige ces souffrances ? Que doit-on apprendre de tout cela ? Que doit-on réparer ?
4 exils + 1
Le Ba’al Hatourim (fils du Roch et auteur du célèbre Tour) explique la juxtaposition du dernier verset de la Parachat ‘Hayé Sarah : "Sur la face de ses frères (Ichmaël) tombera" (Béréchit 25, 18), et le premier verset de la Parachat Toledot : "C’est pour t'enseigner que lorsque tombera Ichmaël à la fin des temps, alors germera le fils de David (Machia’h) qui est descendant d’Its’hak." Cet enseignement du Ba’al Hatourim est incroyable : Ichmaël est donc celui qui déclenchera la Délivrance du peuple d'Israël ! En quoi est-il nécessaire de passer par cet exil pour atteindre la Délivrance ?
Afin de répondre à cette question, il faut remonter à la création du monde : "La Terre était tohu-bohu, l’esprit d'Hachem planait sur l'abîme" (Béréchit 1, 2). Le Midrach Rabba enseigne que les 4 exils du peuple juif apparaissent ici en allusion : "tohu", c’est l’exil de Babylone ; "bohu", celui des Perses et des Mèdes (à l'époque de Pourim) ; l'obscurité, celui de la Grèce (à l'époque de 'Hanouka). Et enfin, "l’abîme" représente l'exil d'Edom (Rome). Pourquoi l'exil d'Ichmaël n'est-il pas mentionné dans les paroles des Sages ? Pourquoi parle-t-on des 4 exils sans mentionner celui d’Ichmaël ?
Le Maharal de Prague (Ner Mitsva) enseigne que les 4 exils puisent leur force de la chute d'Israël. Lorsque notre royauté s'annule, cela entraîne l'exil. Du reste, le chiffre quatre représente les quatre points cardinaux et s’oppose au chiffre un, qui représente l'Unité divine. En revanche, Ichmaël tire sa force d’Hachem Lui-même car il est le descendant d’Avraham. Hachem bénira Ichmaël à la demande d'Avraham…
Le mérite de la Brit-Mila
Notez qu’Ichmaël est le seul peuple, avec Israël, chez lequel le nom de D.ieu apparaît dans son nom (E-l étant le nom de D.ieu). On peut remarquer également que contrairement à l'athéisme de ‘Essav, (ancêtre de l’Occident), Ichmaël est profondément croyant et interdit, comme nous, toute représentation ou statue dans ses lieux de culte. Quel est le mérite d'Ichmaël ?
La réponse est donnée par le Zohar (Vayéra 32) : "'Avraham pria Hachem qu’Ichmaël vive devant Lui’. Rabbi ‘Hiya soupira et pleura en lisant ce verset et dit : ‘Malheur au moment où Hagar enfanta Ichmaël.’ Hachem répondit à Avraham : ‘Pour Ichmaël, Je t'ai entendu et l'ai béni.’ Après, il fit la Brit-Mila et entra dans l’Alliance sainte avant même la naissance d’Its’hak. Viens et vois : pendant 400 ans, s’est tenu l’ange d’Ichmaël et a demandé à Hachem : 'celui qui a la Brit-Mila a-t-il une part dans Ton Nom ?' Hachem répond : 'Oui'. L'ange poursuivit : 'Ichmaël a fait la Brit-Mila, pourquoi n’a-t-il pas de part dans Ton Nom comme Its’hak ?' Hachem répondit : 'Its’hak a fait la Brit-Mila de manière complète, à la différence d'Ichmaël' (ce dernier n'a fait que la première partie de la Brit-Mila et a il a refusé de faire la seconde partie, la Pri’a). Que fit Hachem ? Il éloigna Ichmaël de la sainteté supérieure et lui donna une part en bas dans la terre sainte. Dans le futur, les enfants d'Ichmaël domineront la Terre d'Israël lorsqu'elle sera vide de tout (de sainteté), de même que leur Brit-Mila est vide (incomplète). Ils empêcheront les enfants d'Israël de revenir sur leur terre jusqu'à ce que le mérite de la Brit-Mila des descendants d'Ichmaël soit épuisé" (fin de la citation).
Une croyance incomplète
On voit bien des paroles prophétiques de ce passage du Zohar que Ichmaël revendique la terre d'Israël par le mérite de la Brit-Mila et par le fait que D.ieu est lié à leur nom : Ichmaël (D.ieu entendra) se traduisant par sa croyance en la Providence divine.
Le Zohar affirme très clairement que la revendication d’Ichmaël sur la terre d'Israël ne s'applique que lorsqu'elle est vide de sainteté. Par contre, lorsqu'Israël se renforce dans la sainteté, c'est-à-dire dans le respect des lois liées à la Brit-Mila (lois de Nidda, de pudeur...), il mérite de résider en terre d'Israël, annulant par là la force d'Ichmaël. Le Pirké Dérabbi Eliézer (chap. 32) enseigne que le nom d’Ichmaël se réfère au futur : D.ieu écoutera les prières d'Israël à la fin des temps à cause des souffrances causées par Ichmaël.
Il est édifiant de voir que ces textes vieux de 2000 ans décrivent avec exactitude notre situation actuelle ! Si le peuple d'Israël ne se renforce pas de lui-même dans une croyance profonde et limpide dans le Maître du monde, Hachem envoie Ichmaël précisément pour nous réveiller, car il est le seul peuple à croire et à respecter l'Unité divine !
De l'autre côté, on constate qu'il tue des innocents au nom de D.ieu et ce, afin d’assouvir sa haine et ses instincts. La croyance d'Ichmaël est donc à l'image de sa Brit-Mila : incomplète ! Il dit tuer au nom de D.ieu, alors qu'en réalité, il ne fait qu'exprimer par là sa violence.
La croyance en pratique
Si notre croyance est elle aussi incomplète (si nous n'arrivons pas à changer nos actions), alors Hachem envoie l’ennemi qui est notre miroir (en bien pire évidemment). C’est pourquoi le Ba’al Hatourim enseigne qu'à la fin des temps, lorsque Ichmaël tombera, le Machia’h fils de David se dévoilera. En fait, Ichmaël doit nous pousser à développer notre croyance jusqu'à ce que celle-ci transforme nos actes de tous les jours.
Si nous devons tous nous renforcer dans le respect du Chabbath, des lois de Nidda, de l'étude de la Torah, cela reste insuffisant. Ichmaël doit nous pousser à approfondir notre croyance pour qu'elle devienne concrète : si j'arrive à changer certaines actions, ma croyance est profonde. Dans le cas contraire, elle est incomplète.
On comprend ainsi pourquoi c'est précisément cet ennemi qu’Hachem nous envoie. C’est pour intégrer le fait que notre existence et notre terre, ne dépendent pas de notre force naturelle mais de notre Torah, de notre union et de nos prières.
Dernière question brûlante : sommes-nous en train de vivre l'époque du dévoilement messianique ? Le Rambam (Hilkhot Mélakhim 11 et 12) écrit : "Personne ne peut connaître le déroulement exact du dévoilement messianique. Ces choses sont dissimulées dans les prophéties. Même les Sages n'ont pas de tradition claire sur ces événements, c'est pourquoi il existe des avis contradictoires. Ces considérations ne constituent pas l'essentiel de la Torah, il ne convient pas d'en faire le sujet essentiel de l'étude".
Si les plus grands Maîtres ne détenaient pas cette connaissance, qu’en est-il pour nous ? Nous avons donc l'humilité de reconnaître que nous n'en savons rien, mais ce qui est certain, c'est que nous nous en rapprochons à grande vitesse. C'est notre repentir et nos bonnes actions qui accéléreront le processus messianique, comme l’enseigne le Talmud : "Le peuple d'Israël ne sera sauvé que par le repentir" (Sanhédrin 97b).
Puissions-nous vivre bientôt la réalisation de cette prophétie du Ba’al Hatourim et qu’Ichmaël puisse déclencher en nous la Délivrance. Amen !