Les conséquences de l’attaque du 'Hamas du 7 Octobre – la guerre prolongée à Gaza, l’antisémitisme croissant dans le monde – ne doivent pas faire oublier la cruauté de l’attaque du 7 Octobre : plus de 1200 victimes – sans les blessés – et parmi eux au moins 41 avaient la nationalité française. L’hommage national du Président de la République, le 7 Février, a évoqué ce drame national, qui est, évidemment, une tragédie pour les familles. La réflexion proposée ici est destinée à inscrire cet évènement dans un contexte juif et français à la fois.
Il est indéniable que, après la Révolution française, les Juifs se sont assimilés en France, et les institutions communautaires étaient influencées par la Haskala (“Mouvement des lumières”, impulsé par Moses Mendelssohn, à l’origine des mouvements réformistes). L’Affaire Dreyfus a éveillé, par les Juifs, un idéalisme, détourné du judaïsme orthodoxe. Bernard Lazar était le symbole de cette option. « Certes, on est juif, on en est même fier », mais cette direction n’a pas construit un retour à la Torah. La Résistance, au 20ème siècle, a aussi connu un « maquis juif » français, autour des E.I. avec Robert Gamzon et Léo Cohn. Certes, le rabbin Sammy Klein, engagé lui aussi dans la Résistance, proposait une option religieuse. Cependant, c’est souvent vers le communisme que les jeunes Juifs orientaient leur idéalisme. Le lendemain de la guerre, après la Shoah, a vu une partie de la jeunesse juive française devenir sioniste, et rejoindre les Kiboutsim en Israël (alors qu’une partie devenait religieuse et retournait à la Torah). Aujourd’hui, l’idéalisme des jeunes les pousse à venir en Israël faire leurs études – certains dans les Yéchivot, et un autre groupe vient compléter des études dans les universités d’Israël. C’est parmi ces derniers que le massacre eut lieu le 7 Octobre, dans le festival Nova de musique organisé par des Israéliens, eux-mêmes n’ayant aucune formation religieuse.
Alors, c’est le moment de nous interroger. Que signifie exactement aujourd’hui cet idéalisme, réel mais pas orienté dans le sens d’une appartenance à un peuple lié par une référence religieuse ? Idéal oui, nationaliste, qu’est-ce à dire ? En réalité, la même interrogation se pose aussi aux jeunes Israéliens, qui ont dû se réveiller après cette effroyable nuit ! Ils ont été surpris dans leur désir de n’être plus « galoutiques », d’être touchés par un « pogrom » semblable à ceux de la Galout (l’exil). Quoi qu’il en soit, les jeunes Juifs français, mus par un idéalisme positif, ont orienté leur sens de dévouement horizontalement, sans se relier à la dimension verticale d’Avraham Avinou. Il a cherché à savoir D’OÙ venait cet afflux de bonté ; de cette façon il a découvert le Créateur.
Que l’on comprenne le but de cette réflexion. Cette chronique a été écrite avec peine et avec amour. L’existence du peuple juif ne saurait être en question : il a survécu à tous les drames de l’Histoire, mais c’est la première fois depuis le début de l’exil que le peuple est attaqué de cette façon sur sa terre, sur le sol de la Terre Sainte, où l’on espérait que la Galout appartiendrait au passé. Le 7 Février – jour de la commémoration officielle du meurtre des Juifs français assassinés à Sim'hat Torah, cette réflexion doit nous inviter à comprendre où est situé le peuple juif. Idéaliste, indiscutablement, mais cet idéalisme doit être traduit par le fait que son rôle est d’être un pèlerin de l’Absolu : lourde tâche en exil, encore plus lourde sur son sol. Il nous faut absolument OUVRIR les YEUX, VOIR PLUS CLAIR dans l’Histoire de l’humanité. Seule la proximité avec la Transcendance assure sa survie : il suffit d’avoir une pensée pour les otages qui, depuis 4 mois, souffrent dans les geôles du 'Hamas, pour comprendre que notre Histoire ne ressemble à aucune autre ! La Torah est l’élixir qui maintient le Juif : facile à écrire, difficile à vivre ! Ayant vécu la Shoah, enfant, quand nous passions d’un domicile à l’autre, avec la peur des nazis, qu’il me soit permis de rappeler que même dans les circonstances les plus difficiles, on trouvait des moyens de fabriquer des Matsot, pendant Pessa'h. Le peuple juif a été attaqué alors qu’il aurait fallu, à Sim’hat Torah, s’inscrire dans la permanence d’Israël (la Torah s’achève, puis recommence !) Peut-être fallait-il cette épreuve pour nous rappeler le destin de notre peuple, même pour ceux qui l’auraient occulté. La Torah est éternelle, à l’image du Créateur, et le peuple juif ne cessera jamais d’en être le témoin.