Yossef Halévi Hurwitz, Roch Yéchiva de ‘Hidouché Harim à Tel Aviv et l’un des derniers survivants de la Yéchiva de Mir à Shanghaï, vient de rendre son âme à l’aube de ses 103 ans.
Le monde de la Torah, au rang desquels les ‘Hassidim de Gour, ont rendu un vibrant hommage à Rav Yossef Halévi Hurwitz, à la tête des institutions de Torah ‘Hidouché Harim à Tel Aviv. Il était connu comme l’un des derniers survivants à avoir étudié à la Yéchiva de Mir, aujourd’hui la plus grande du monde, qui avait été déplacée à Shanghaï en Chine alors occupée par le Japon au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Né en Tichri 5680 (octobre 1919) dans une famille ‘Hassid de Gour dans un petit hameau polonais, Rabbi Yossef a grandi dans une famille qui priait et fréquentait le Shtibel de Scranewitz. Juste avant l’Holocauste, Rav Hurwitz avait pu rencontrer le célèbre Rav Avraham Mordé’haï Alter, connu sous le nom de son ouvrage Imré Émet, quatrième rabbin de la dynastie ‘Hassidique de Gour. Il parvint à s’échapper en Chine occupée par le Japon, à Shanghaï, où il poursuivit ses études saintes à la Yéchiva de Mir qui s’y était exilée, sous la tutelle du Gaon Rav ‘Haïm Chmoulevitz.
Après la guerre, il monta en Israël et enseigna pendant plus de 60 ans à la Yéchiva ‘Hidouché Harim. Ses étudiants et les maîtres en Torah se souviennent de lui en des termes ô combien élogieux. “Il était totalement immergé dans son étude de la Torah, toujours plongé dans de grandes réflexions. Il demandait pardon aux arbres qu’il heurtait dehors, tant il était habité constamment des pensées de Torah.”
Parmi les milliers de disciples qu’il forma, Rav Israël Erlich, qui, de son propre aveu, admet ne pas bien connaître son maître. “En réalité, il n’était tout simplement pas possible de le connaître vraiment, tant il planait constamment dans le Chas (le Talmud). Si on lui posait une question, il fallait être prêt à consacrer deux heures à la réponse. Mais quelle réponse ! Le Rav commençait tranquillement à expliquer la Guémara puis les Tossefot, avait de parler du point de vue des Richonim et des A’haronim, Rachba, Ritva, Ktsot et Netivot. Il pouvait passer deux jours à décortiquer un Tossefot, le briser en morceaux pour le reconstruire à l’aide des Richonim et des A’haronim. Si vous lui posiez des questions sur son passé, Yom Kippour à Shanghaï où il jeûnait deux jours durant, il souriait en frappant délicatement la Guemara, comme pour nous dire : “Est-ce que cela va vous aider à avancer dans le Talmud ?”
Enterré au mont des Oliviers mardi 6 septembre dans la soirée, il laisse derrière lui une grande lignée d’érudits, enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, tous versés dans le chemin de la Torah et des Mitsvot. Que son souvenir soit une bénédiction.