A une époque inédite semblable à celle d’aujourd’hui, alors que la société fait face à une crise triple : humaine, sociétale et métaphysique, il n’est pas inutile, semble t-il de prendre conscience de l’indigence de l’homme face à un événement qui semble sans égal dans l’histoire.
L’homme est capable de s’élever dans les hauteurs. Il se croit tout puissant et s’affirme, certain de sa force. Et voilà qu’un petit virus détruit cet arrogance, cet orgueil, cette puissance apparente de la créature.
Rappelons-nous la joie, la fierté de l’humanité, lorsqu’un premier pied humain a été posé sur la lune.
Fierté, assurance, promesse de parvenir à tout obtenir. Notre époque, hélas, est consciente de cet échec.
Le 21 Juillet 1969, un homme mettait pour la première fois un pied sur la lune, et cela devant une centaine de millions de spectateurs, enthousiasmés par cet événement exceptionnel dans l’histoire de l’humanité. Cinquante ans plus tard, l’événement est célébré dans le monde entier, les médias, les réseaux sociaux célèbrent cet anniversaire comme l’un des projets les plus extraordinaires de l’Histoire.
On le sait : Neil Armstrong, le premier astronaute à avoir foulé le sol lunaire, a prononcé une phrase historique, restée dans la mémoire de tous ceux qui ont vécu à cette époque : « C’est un petit pas pour un homme, un bond de géant pour l’humanité ».
En France, c’est le 21 Juillet 1969, à 3h56 du matin. La sortie du véhicule lunaire, consacrée à une exploration du sol, va durer quelque deux heures. Et, à partir de ces données extérieures, techniques, il nous revient de réfléchir à cette épopée, rare, d’un point de vue qui nous relie au Créateur, au Ribono Chel Olam, au Maître du monde, qui n’a, certes, pas créé la lune pour que l’homme l’explore. Il n’est pas question de critiquer ou de dénigrer une avancée technique remarquable, qui n’est d’ailleurs pas ressentie ou même conçue comme un acte s’opposant au Créateur de toutes choses.
Les données changent, la technique progresse mais les hommes demeurent, et les questions restent posées. Avant de présenter une approche basée sur la Torah, il est intéressant de relever que les réticences à l’égard des conséquences éthiques du progrès ne découlent pas nécessairement d’un regard religieux sur le progrès, mais que même des savants se montrent aujourd’hui inquiets de l’utilisation des avancées de la science. Un mathématicien de réputation internationale, Cédric Villani, pose dans un livre paru récemment, la question essentielle : « Nous nous retrouvons détenteurs de savoirs plus pointus, à mesure que nos connaissances s’aiguisent, nous ne savons plus comment les utiliser. Plus nous multiplions les capacités techniques, plus la question des fins devient pour nous problématique » (L’Express, Juillet 2019, n° 3550). Le problème est posé : de même pour la conquête de la lune, pour les voyages éventuels dans l’espace : « A quelle fin ? » Ces questions restent actuelles : quel est le but ? Y a-t-il une fin à ces recherches ? Inquiet devant ces perspectives, et devant l’utilisation anarchique de l’intelligence artificielle, il fait cet aveu : « Le vaisseau spatial Terre – on ne le répètera jamais assez, a été livré sans mode d’emploi » (Ibid.). Pour le Juif croyant, pour le peuple d’Israël, il existe, depuis plus de trois mille ans, un « mode d’emploi » qui est l’observance, la fidélité à la foi. Pourquoi monter vers la lune ? Pourquoi coloniser l’espace ? A quelle fin ? Le monde a été créé pour pouvoir se rapprocher de la divinité, de la spiritualité. Découvrir D.ieu ne se situe pas dans l’espace physique, mais dans une réalité spirituelle.
Aujourd’hui se trouve un problème nouveau pour l’humanité. C’est le problème de la survie de la société qui est en question. L’humanité ne peut pas ne pas s’interroger sur le brusque et inattendue chute que notre époque vit. Un biologiste avait écrit déjà en 2013 que les civilisations savent qu’elles peuvent être mortelles. Il annonce lui-même que la civilisation humaine peut trouver sa fin : “La société technologique de plus en plus interconnectée dans laquelle nous sommes tous embarqués à un degré ou à un autre est menacée d’un effondrement (...) (exposé fait à l’école des mines de Paris le 31 Janvier 2013)
Quelle sera la raison et l’explication de cet effondrement ? Le biologiste ne pouvait pas alors la définir.
Hélas, ne sommes nous pas à la veille de cet effondrement ?
Aujourd’hui, nous ne pouvons que prier le Tout-Puissant de nous aider.
On ne saurait mieux conclure cette réflexion qu’en citant le prophète Ovadia s’adressant, au nom de l’Eternel, aux ennemis d’Israël : « Si tu penses, toi qui habites les pentes des rochers, qui as établi ta demeure dans les hauteurs, et si tu dis en ton cœur : ‘Qui peut me faire tomber à terre ?’ Sache que même si tu t’élevais comme l’aigle, et si tu te plaçais dans la région des étoiles, sache que Je t’en précipiterais – Ainsi parle l’Eternel » (Ovadia 3, 4). Quelque élevée, supérieure, orgueilleuse que soit la créature, le Créateur peut la précipiter vers le bas. L’homme doit connaître ses proportions, et reconnaître la supériorité absolue du Tout-Puissant.