Ces derniers mois, une panique a envahi l’humanité : le virus chinois ! Cela a commencé, bien sûr, en Chine où des cas mortels ont été relevés, et cela s’est répandu sur toute la planète. Dans de nombreux aéroports, on voit les voyageurs, les employés, se protéger la bouche, pour éviter d’attraper ou de transmettre le virus. Dans certains pays, les voyageurs sont isolés, ou même retenus quelques jours dans les hôpitaux locaux, pour s’assurer qu’ils ne sont pas porteurs du virus. Une telle panique internationale a rarement – pour ne pas dire « jamais » – été relevée, à un tel degré, et avec une telle intensité. Cela nous impose réflexion à plusieurs degrés.
A première vue, une telle panique provient d’un réflexe positif : éviter un fléau à l’humanité est le but de cette campagne anti-virus. La médecine, en général, et, théoriquement, a comme seul objectif d’éviter – et ensuite de guérir – les maladies. Une épidémie se propage très vite : les microbes n’attendent pas pour se multiplier, et pour développer les infections. Le rôle du médecin, comme représentant de la société, est de protéger l’humanité. Tout effort fait dans ce sens est souhaitable et bienvenu. Cela mérite, bien sûr, d’être encouragé. La Torah nous impose cette attitude : il faut aller voir le médecin, dès qu’un symptôme quelconque apparaît, et il importe d’aller chez un médecin compétent. Donc, cette inquiétude globale ne peut qu’être analysée de façon positive.
Cependant, comme dans toute réaction épidermique, il faut toujours « raison garder » et éviter une trop grande panique pour ne pas créer de traumatisme universel. La globalisation actuelle est un facteur qui risque d’amplifier la panique générale. A partir de cette hypothèse, il convient de réfléchir aux dangers de la globalisation. Il ne s’agit pas uniquement de l’événement actuel, mais, en réfléchissant à un niveau plus profond, c’est le phénomène de la conséquence de la généralisation d’une rumeur qu’il s’agit de dénoncer et donc d’éviter. Tout le monde connaît l’histoire des moutons de Panurge. Il suffit qu’un mouton se jette à la mer, pour que tous les moutons du troupeau le suivent dans la mer. Ce phénomène de « mouton » est connu, mais il risque d’entraîner des catastrophes. C’est sur cette réaction « amplificatrice » que sont basées toutes les campagnes publicitaires, mais cela sert aussi de tremplin à tous les dictateurs qui savent « flatter » le public. Il reste essentiel de savoir utiliser son esprit critique, et de ne pas se laisser diriger par la rumeur. La légende du « meurtre rituel » a aussi été à la source de l’antisémitisme. Et l’on pourrait multiplier les exemples tragiques. Il est donc essentiel de savoir et de comprendre le caractère relatif d’une rumeur globale.
Par contre, la Emouna, la foi en un D.ieu Eternel et en la valeur de la Torah, puis la rationalisation de cette croyance, doivent être orientées de façon à ce que l’on comprenne qu’il ne s’agit pas d’un phénomène passager, dû à un enthousiasme éphémère. Fondée sur une réflexion approfondie, basée sur une analyse logique des événements de l’Histoire, sur la prise de conscience de la pérennité d’un peuple dont la fidélité à sa Loi est restée stable, inchangée depuis plus de 3 millénaires, cette foi n’est pas la conséquence d’un engouement provisoire ; elle ne dépend pas de circonstances passagères. Elle transcende les siècles, car elle a résisté à toutes les attaques venues de l’extérieur. Comme l’a résumé le prophète Habakouk, « le juste vivra grâce à sa foi » (Habakouk 2, 4). Notre foi en un D.ieu Eternel n’est pas une rumeur infondée, un entraînement populaire, elle est l’expression d’une expérience historique, qui se situe dans un devenir permanent, car elle traduit la présence éternelle de la Transcendance.