En Europe Occidentale sévit actuellement depuis plusieurs semaines une canicule inhabituelle. La chaleur a atteint des températures élevées et a fait de nombreuses victimes, du fait de problèmes respiratoires, ou pour d’autres raisons. Le 25 Juillet 2019, Paris a atteint les 42.6°, température la plus élevée jamais enregistrée dans la capitale française.
Un tel phénomène interroge, et mérite réflexion. Le croyant se doit de réfléchir aux voies de l’Hachga’ha (la providence), et, bien qu’il ne convienne en aucun cas d’assurer la raison d’un phénomène naturel, il importe de tenter de comprendre la raison de cette chaleur inhabituelle : réchauffement général de la planète, dû à un refus de se soumettre à certaines règles écologiques, ou toutes sortes d’autres motifs difficiles à définir ?
Les faits – incontournables – s’imposent à l’homme, et, tout en tâchant de découvrir des moyens de se protéger des intempéries ou des excès de chaleur, il importe de faire une analyse introspective de la conduite de l’habitant de la Terre. On se rappelle certainement le texte de Beréchit expliquant la destruction de Sodome et de Gomorrhe en raison des mauvaises actions de leurs habitants. Un commentaire éclairant – le Sia’h Itsha’k – paru en 1898 sur le verset : « Il est l’Eternel notre D.ieu, mais Ses jugements s’appliquent à toute la terre » (Chroniques I, 1, 14-16).
Ce commentaire explique ainsi ce verset : « Assurément, Il est notre D.ieu, et Sa sollicitude s’applique au peuple dont Il est proche, mais il ne faut pas imaginer qu’Il n’exerce pas une attention particulière sur les autres nations, et qu’Il ne s’occupe d’elles que de façon générale. La vérité est que Ses jugements couvrent tout l’univers. Chaque nation est sanctionnée en fonction de sa conduite, ainsi que la Torah le rapporte à propos de Sodome et Gomorrhe… Généralement, les véritables causes ne sont pas connues et souvent on attribue ces phénomènes au hasard, ce qui est une hérésie… »
Plusieurs catastrophes naturelles peuvent être expliquées par des sanctions divines. Ce n’est certes qu’une hypothèse, mais cela peut orienter une réflexion : une dizaine d’années après la destruction du Temple de Jérusalem par les Romains, la ville de Pompéi, au sud de l’Italie, lieu de libertinage pour les riches Romains, fut entièrement détruite par une éruption du volcan Vésuve, ensevelie sous les cendres, recouverte par une double couche de lave. Au 18ème siècle, au Portugal, la ville de Lisbonne – lieu du Tribunal de l’Inquisition particulièrement cruel à l’égard des “hérétiques”, et en particulier des Juifs – fut entièrement détruite par un séisme d’une intensité rare.
Il ne s’agit, certes, pas de tirer des conclusions évidentes, mais il faut savoir « ouvrir les yeux ». Une canicule n’est pas une catastrophe naturelle d’une ampleur exceptionnelle, mais elle invite – comme chaque évènement de l’existence – à faire une sorte de relation entre les évènements. « Y aurait-il ici un avertissement d’une Puissance céleste ? »
Une telle réflexion peut apparaître puérile, banale ou même ridicule, mais, par ailleurs, elle peut réveiller les contemporains. Attention : la Terre se réchauffe : une Réunion internationale a eu lieu à Paris, il y a quelques années, pour adopter un certain nombre de règles visant à éviter, ou à retarder, ce réchauffement apparemment inéluctable ! Est-ce un hasard, est-ce le signe d’une intervention de la Providence ? Ne nous égarons pas sur des voies qui mènent à une lecture naïve du réel, en tentant de trouver une explication à tous les phénomènes. Cependant, sachons être conscients que l’Histoire se déroule selon un certain sens (« orientation » comme « signification ») et reconnaissons qu’un Souverain dirige l’univers.
A ce niveau, une question essentielle mérite d’être posée : pourquoi ce mystère ? Pourquoi est-il obligatoire que les faits ne soient pas révélés immédiatement ? Pourquoi est-il nécessaire qu’il y ait réchauffement pour que l’on découvre l’intervention du Créateur ?
Le terme hébraïque Olam qui représente le monde – le temps comme l’espace – exprime lui aussi une idée de mystère, quelque chose de « caché ». Le monde – qu’a créé le Créateur – ne peut être immédiatement compris, saisi. La créature doit Le découvrir au-delà du concret, afin de donner de la valeur à l’acte de l’homme qui Le comprend. A Avraham, D.ieu a expliqué pourquoi Il allait détruire les villes pécheresses, mais, en dehors de ce cas, il importe que ce soit l’homme qui découvre l’intervention du Créateur. C’est cela qui donne du poids, Kavod – Kaved implique à la fois « poids » et « honneur » - à l’œuvre du Créateur, et valeur à la révélation par l’homme de l’intention du Créateur. Le « tsunami » s’est manifesté dans des régions débauchées moralement. A l’homme de découvrir l’intervention du Créateur, telle est la leçon du mystère de la Création.
Ainsi, le réchauffement du globe terrestre, mystère pour nous, doit élever la créature, lui permettre de dépasser l’instant pour découvrir l’Eternel. Au-delà du réchauffement, au-delà des ouragans, au-delà des séismes, c’est le devenir spirituel qui doit éveiller l’homme afin de refuser les fausses idoles, pour que la Création entière reconnaisse Celui qui l’a créée.