Nous voici à l’approche de Roch Hachana et Yom Kippour, les jours les plus saints de l’année, où tout être humain passe en jugement, où tout, absolument tout, va être décidé pour l’année qui s’annonce !
Les prières de ces jours sont particulièrement intenses. Nous nous trouvons debout devant notre Créateur, souhaitant que les mots de la prière, choisis de façon si belle et si profonde par les Sages de la Grande Assemblée, montent tout droit vers le Kissé Hakavod, le Trône céleste.Si nous comprenons les mots et le sens de nos prières, il nous sera beaucoup plus facile de les exprimer, de nous concentrer, et de les intérioriser. C’est pourquoi, je vous propose d’étudier une petite partie de la ‘Amida qui proclame la Royauté d’Hachem, idée centrale des Yamim Noraïm (jours redoutables).
Rappelons qu’il y a 4 prières où l’on fait la ‘Amida à Roch Hachana : celle du soir, du matin, de Moussaf, puis celle de l’après-midi. À Yom Kippour, il y en a une cinquième, puisque nous terminons la journée de Kippour par une prière supplémentaire, Né’ila.
Durant ces journées empreintes de grandeur, nous allons insérer un passage magnifique dans chacune de ces 9 ‘Amidot, que je vous propose d’éclaircir selon l’explication de Rav Friedlander et du livre “Avodat Hatéfila”.
La structure de la ‘Amida de toute l’année est toujours la même :
Introduction
Dans les premiers mots de la prière : “Ouvre mes lèvres, pour que ma bouche dise Ta louange”, nous demandons à Hachem de nous aider à ouvrir notre cœur afin qu’il soit en harmonie avec nos paroles. Nous exprimons ainsi notre désir que notre prière soit authentique !
Les 3 premières bénédictions
La première est la bénédiction des “Avot”, des pères. “Baroukh Ata Hachem, Elokénou, Eloké Avraham, Eloké Its’hak, Eloké Ya’acov…”. Nous glorifions Hachem comme D.ieu de nos pères, nous reliant à Avraham, Its’hak et Ya’acov, chacun dans sa spécificité. Nous déclarons Sa puissance, Sa bonté, Sa miséricorde.
La deuxième, “Ata Gibor Lé’olam, Hachem, Mé’hayé Métim…” rappelle qu’Hachem est Celui qui fera revivre les morts, à l’instar, nous dit le Tiferet Israël, d’une chenille dans un cocon, duquel sort au bout de quelques semaines un magnifique papillon prêt à s’envoler vers une autre forme de vie.
La troisième est la “Kédouchat Hachem” (la Sainteté d’Hachem), “ Ata Kadoch Véchimekha Kadoch…”, où l’on mentionne que l’essence même d’Hachem est Sainte, c’est-à-dire séparée, élevée au-dessus de tout. Tout comme les Mitsvot élèvent le ‘Am Israël (le peuple d’Israël) au-dessus des nations.
Ajouts spécifiques
C’est là qu’est inséré ce passage spécifique que nous retrouverons durant toute la journée à Roch Hachana et Yom Kippour.
Ces ajouts sont introduits à 3 reprises par le mot “Ouvkhèn” qui signifie “Et ainsi”.
Ce sont les mots prononcés par la reine Esther, lorsqu’elle se présenta devant le roi A’hachvéroch pour le supplier de gracier le peuple d'Israël. Ce “Ouvkhèn” est donc une expression de soumission, de supplications.
Nous montrons à Hachem, en ce début de prière, que nous faisons appel uniquement à Sa bonté, à Sa miséricorde et que nous ne comptons nullement sur nos mérites.
Premier Ouvkhèn : “Ouvkhèn Tèn Pa’hdékha ‘Al Kol Ma’asékha...”
Dans un premier temps, nous demandons à Hachem de donner, comme un cadeau à toutes Ses créatures, même non-juives, une crainte révérencielle, respectueuse. Différents termes de crainte sont utilisés Pa’had - Ema - Yira, afin que tous, nous nous inclinions pour former un bouquet, une assemblée, tous unis pour faire la volonté d’Hachem et Le servir de tout notre cœur !
Nous continuons en exprimant que nous demandons cette crainte parce que nous sommes conscients de la force d’Hachem.
À nouveau, plusieurs termes sont utilisés, Oz, Gvoura, Nora, pour indiquer et nous faire réaliser que la toute puissance d’Hachem se manifeste aussi bien dans les lois de la nature qu’en dehors des lois de la nature. Rav Friedlander explique que notre travail ici est d’intérioriser notre connaissance d’Hachem - Hachem peut tout à tout instant - et l’intégrer au niveau du cœur, c’est-à-dire vivre pleinement au quotidien avec cette connaissance.
Deuxième Ouvkhèn : “Ouvkhèn Tèn Kavod Lé’amékha, Téhila…”
Et ainsi, une fois que tous, même les nations du monde auront acquis la crainte d’Hachem et reconnu Sa royauté, nous pourrons demander :
- “Hachem, donne à Ton peuple la possibilité de recevoir du Kavod (de l’honneur) - pas comme aujourd’hui où Israël est bafoué”,
- “Donne à Ton peuple l’espoir de pouvoir glorifier Ton nom sans crainte de personne, et ainsi pourra éclater une joie profonde sur Ta terre, Erets Israël et sur Ta ville, Jérusalem - appelée ville de Sasson, de joie.”
- Puis, nous continuons en demandant : “Fais germer la dynastie de David et que Machia’h vienne, rapidement de nos jours !”, car c’est la suite logique de la reconnaissance de la royauté d’Hachem !
Troisième Ouvkhèn : “Ouvkhèn Tsadikim Yirou Véyichma’ou” vient lier la suite à ce qui a été dit précédemment :
Et ainsi, c’est-à-dire, lorsque le monde entier craindra Hachem, reconnaîtra Sa toute puissance et que germera la lumière de Machia’h, alors tous ceux qui auront fait Sa volonté : les Tsadikim, les Yécharim (les gens intègres), les ‘Hassidim (ceux qui vont au-delà de la volonté d’Hachem) pourront laisser éclater leur joie de voir le monde entier reconnaître Hachem. L’injustice et la méchanceté n’existeront plus, car Hachem aura fait disparaître le règne du mal.
Nous arrivons maintenant, par cette progression dans la crainte Divine, au but même de Roch Hachana, où nous disons à Hachem : Tu règneras sur le mont Tsion, à Jérusalem, Ville Sainte, résidence de la Chékhina, Tu seras le Roi du monde incontesté !
Fin de la Kédoucha : Baroukh Ata Hachem, Hamélèkh Hakadoch
Nous terminons cette bénédiction de “Kédouchat Hachem” comme dans toutes les ‘Amidot, hormis les derniers mots : en effet, au lieu de dire “Hakel Hakadoch” “D.ieu Saint”, nous disons “Hamélèkh Hakadoch”, “Roi Saint”.
Car, comme nous l’avons expliqué, au travers de ces 3 Ouvkhèn, le but de Roch Hachana est de prendre sur nous le joug de la Royauté d’Hachem. Ainsi, Il sera reconnu comme Roi du monde entier. Et de cette reconnaissance viendra la Guéoula Chéléma, la délivrance finale, dans la joie et l’exaltation !
En souhaitant que l’explication de ce merveilleux passage nous permette de mieux comprendre le sens des prières de ces jours si particuliers, de ressentir pleinement la Royauté Divine, et que nous méritions de La voir très bientôt se dévoiler au monde entier !
Cette explication de la ‘Amida, je l’ai étudiée il y a plus de 20 ans, avec mon amie, Haya Mazal bat Sarah zal. Il y a 13 ans, le 19 Eloul, elle nous a quittés pour rejoindre un monde entièrement Kodech, ce à quoi elle aspirait le plus ! Jusqu’à aujourd’hui, les annotations au crayon dans mon Sidour me guident chaque Roch Hachana...
Que cette diffusion soit pour l’élévation de son âme, et pour que ses filles vivent une vie empreinte de bonheur et de joie !
Chana Tova à toutes !