Il arrive souvent qu’internet me "suggère" des vidéos (sûrement après que l’algorithme de certains sites a compris que je suis, Baroukh Hachem, une femme, mère d’enfants en bas âge, soucieuse de son intérieur) de mères parfaites. Ces femmes tiennent leur maison à la perfection et vous le montrent ! Elles filment leur vie quotidienne et arborent fièrement comment, en 30 minutes, elles ont préparé le dîner, vidé le lave-vaisselle, fait ranger la chambre à leurs enfants, débarrassé la cuisine, arrangé le salon… et, cerise sur le gâteau, elles ont même trouvé le temps de se presser un jus de fruits frais !
En regardant ces vidéos (et, en général, l'algorithme va vous en suggérer plusieurs à la suite), on ne peut s'empêcher de les comparer avec notre propre quotidien : moi, je dois répéter 10 fois la même chose pour que mon fils range ses chaussures ; je ne peux pas vider le lave-vaisselle en 30 secondes parce que je suis interrompue par mon bébé qui pleure ou ma fille qui a besoin d’aide pour ses devoirs ; mon repas n’est pas comme je l’avais imaginé car j’ai oublié d’acheter une herbe essentielle… Bref, bien souvent, on aimerait faire les choses d’une certaine manière, mais le “plan” ne se déroule pas comme prévu. Face à ce genre de situations, on ressent souvent une grande frustration, le sentiment de ne pas être aussi "parfaite" qu’on le souhaiterait.
Pourtant, dans nos vies de femmes juives, cette frustration ne devrait pas avoir lieu d’être. Ou du moins, si elle commence à pointer le bout de son nez, nous devrions être capables de la balayer d’un revers de main.
Je m’explique…
Bien souvent, les choses ne se déroulent pas comme nous l’avions imaginé. Pourquoi ? Parce qu’Hachem en a décidé ainsi. Oui, mais… "j’aurais bien aimé", "j’avais prévu que", "j’ai l’habitude de...", etc. Nous avons toutes nos raisons de ne pas accepter une situation et d’en être déçues. Notre travail, pour atteindre la véritable Sim’ha, est, selon Or’hot Tsadikim, d'abord de baisser notre seuil d’exigence. C’est bien si je fais 10 salades pour Chabbath, mais si je n’en fais que 5, c’est tout aussi louable.
Diminuer ses attentes, en premier lieu vis-à-vis de soi-même, c’est s’assurer de vivre plus heureuse, moins frustrée, moins aigrie lorsque les choses ne se passent pas comme prévu.
Ensuite, il faut savoir se soumettre à la volonté d’Hachem. En s’y soumettant, on reconnaît Sa royauté et on comprend qu’Il a un meilleur plan pour nous, même si nous ne pouvons pas toujours le saisir. Ce plan est pourtant exactement ce qu’il nous faut, parfaitement adapté à notre vie.
Une fois cette acceptation réalisée, on peut transformer cette frustration initiale en une opportunité de grandir et d’apprendre à "surfer" avec les vagues qu’Hachem envoie dans nos vies.
Accepter que l’on n’a pas le contrôle, c’est reconnaître que Lui seul gère notre existence. Voir les choses sous cette perspective, c’est accepter que parfois on n’arrivera pas à accomplir tout ce que l’on avait prévu, que l’on ne correspond pas exactement à l’image de la femme que l’on avait imaginé devenir, que nos enfants ne sont pas aussi sages que ceux de la voisine… Mais malgré tout, je sais que TOUT, absolument tout, est calibré à la perfection pour m’aider à accomplir ma mission sur terre.
À l’approche de Roch Hachana, nous avons toutes nos listes prêtes (surtout avec trois jours de fêtes) : quels plats préparer, lesquels congeler, quelles tenues choisir, quels cadeaux offrir… Et il y a de fortes chances que, malgré nos efforts, nous ne parvenions pas à cocher tous les points de ces listes.
Le vrai travail de Roch Hachana sera d'accepter cette situation et de comprendre qu’elle exprime la volonté de notre Créateur, qui cherche notre bien. Et souvent, une maman heureuse et apaisée, qui ne s’est pas épuisée à la tâche, est préférable à une femme "parfaite" qui fait des vidéos de maison tirée à quatre épingles, mais qui se trouve excédée lorsque les choses ne se déroulent pas comme elle le souhaiterait…