“Je suis perdue, je ne vois pas d'issue ! Au secours !” Ce sentiment de désarroi, de panique, dû à l'incapacité de résoudre un problème, nous est familier à tous. Chacun de nous est confronté à des situations ambiguës qui nous laissent perplexes et qui approfondissent chez nous la conscience de notre position si limitée face à certaines difficultés de la vie.
Dans ces moments de détresse, on ressemble aux enfants d'Israël à la sortie d'Égypte. Ceux-ci étaient complètement piégés entre les Égyptiens qui les poursuivaient et la mer Rouge, piégés entre deux dangers qui menaçaient leur existence sur terre. Essayez d’imaginer, que pouvaient-ils faire ?
Rachi, sur le verset de Chir Hachirim, ”ma colombe, nichée dans les fentes du Rocher, cachée dans les pentes abruptes” (Chap. 2, 14), compare le peuple d'Israël à cet instant terrifiant à une colombe qui s'enfuit de l'aigle qui la poursuit et essaye de se réfugier à l'intérieur d'un rocher. Mais là, un serpent la menace ! Si elle rentre, elle se fait piquer, si elle sort, l’aigle la capture ! Moché Rabbénou, le dirigeant du peuple, lève les yeux vers le Ciel et implore l’Éternel. C'est ce que chacun de nous se doit de faire à ces moments de faiblesse, se connecter au Maître du monde, Celui qui peut tout résoudre, tout donner, tout changer.
Veillons à utiliser l’épreuve pour se rapprocher d’Hachem, au lieu de sombrer dans de vaines lamentations, qui ne font que renforcer les anges accusateurs dans le ciel. Au lieu de dire : ”Je n'ai pas de forces”, disons : ”Hachem, donne-moi de la force !” C'est tellement différent !
La force de la prière, nous l’apprenons de Moché Rabbénou. Il savait qu’Hachem avait décrété qu'il ne rentrerait pas en terre d'Israël et pourtant il s'investit intensément dans la prière, en Le suppliant et en répétant ses demandes sans se décourager. Il fit 515 prières et ne s'arrêta que quand l'Éternel lui ordonna de le faire. Car il savait pertinemment que la Téfila (prière) du fond du cœur peut modifier même les décrets les plus sévères !
La prière du pauvre !
Le pauvre fait partie des trois catégories de personnes qui sont considérées comme mortes. Nos Sages expliquent que sa souffrance psychologique est tellement grande qu'elle affaiblit considérablement son Yétser Hara'. Le pauvre est constamment torturé : ”Comment vais-je nourrir ma famille ? Comment vais-je payer les frais de scolarité ? Et le loyer ? Hachem, aide-moi ! Délivre-moi !”. Ces cris sortent droit de son cœur, de la partie la plus profonde de son être. Il est complètement dépourvu, il n'a rien ! Ni économies, ni maison, ni voiture.
Il dépend totalement d'Hachem. Donc quand il L'appelle, il L'appelle vraiment, et c'est la prière qui a le plus de chance de se faire accepter.
Vous connaissez la chanson : ”Il n'y a rien de plus entier qu'un cœur brisé ?”. Toute l’essence de la Téfila est résumée dans cette phrase si puissante. Quand le cœur est brisé, il n'y a plus d'orgueil, et l'orgueil est la Midda que Hachem déteste, comme il est écrit : "Hachem a en dégoût tout celui qui s'enorgueillit dans son cœur" (Michlé,16). Par contre, l’humble est proche d’Hachem, il s’annule devant Lui. C'est la raison pour laquelle la prière du pauvre dépasse toutes les autres prières, même celle du roi David et celle de Moché Rabbénou, “l'homme de la divinité” (Chéarim Bitéfila, Rav Pinkouss).
Chacun de nous se doit de venir devant Hachem comme un pauvre, même s'il ne l'est pas ! C'est le secret de l'acceptation de nos prières, et ce secret, nos matriarches le connaissaient. Elles étaient stériles et ne rêvaient que d'avoir des enfants. Qu’ont-elles fait pour ouvrir les portes de la miséricorde ? Elles ont donné leur servante à leur mari ! Vous vous rendez compte ?! Elles ont partagé ce qu’elles avaient de plus cher au monde. C'est de cette manière qu'elles ont réussi à déraciner tout sentiment de supériorité de leur cœur et à venir devant Hachem la tête baissée en disant : "Réponds-moi Hachem, car je suis pauvre !”
“Ne placez pas votre confiance dans le fils de Adam, impuissant à secourir” (Téhilim 146,3)
Le Midrach (Tan’houma) nous enseigne que Yossef Hatsadik a été puni de deux années supplémentaires en prison chez Potiphar, juste parce qu'il a dit à l'échanson "si tu te souviens de moi lorsque tu seras heureux, rends-moi, de grâce un bon service, parle de moi à Pharaon et fais-moi sortir de cette demeure” (Parachat Vayéchev 40,14). “Et fais-moi sortir de cette demeure” : cette phrase vous rappelle-t-elle quelque chose ?
Ce sentiment erroné que notre délivrance se trouve entre les mains d'une certaine personne, que ce soit un médecin, un directeur, ou un rav, provient d'un manque de confiance en l'Éternel. C'est peut-être le fait de ne pas voir Hachem, qui nous fait tomber dans cette erreur ? On a besoin de s'accrocher à quelque chose de palpable, mais justement, là est toute l'épreuve du Juif. Est-ce que cela veut dire que faire la Ichtadlout (effort) est un manque de Émouna ? Bien évidemment que non, la Ichtadlout est une obligation depuis la faute de Adam Harichon. C’est une sorte d’amende à payer. La question qui se pose est : comment fait-on cette Ichtadlout ? Est-ce que nous agissons juste pour payer l'amende ou au contraire nous investissons toutes nos forces et notre énergie dans ces efforts concrets par conviction qu'ils nous emmèneront à la réussite ou à la délivrance ? Est-ce qu'on ne perd pas de vue que tout, absolument tout, dépend uniquement de la volonté d’Hachem? Et que notre Ichtadlout vient juste permettre à la volonté d’Hachem de se concrétiser ici-bas.
Comme le dit le Ba'al 'Hovot Halevavot : ”La Ichtadlout est obligatoire mais ce n'est pas elle qui agit !” Par contre, par la Téfila du fond du cœur, nous pouvons tout changer, même ce qui a été décidé à Roch Hachana ! Si cette croyance nous accompagnait à chaque moment de notre vie, la prière deviendrait une partie intégrante de nous-même, et lever les yeux vers Hachem ne serait plus le fruit d’une réflexion mais un réflexe naturel.
Chabbath Chalom à toutes !