Les mois de Eloul et de Tichri sont derrière nous. Notre examen de conscience dûment fait, nos résolutions prises, nos fautes pardonnées, nous voilà fin prêtes à voler de nos propres ailes. Y arriverons-nous ? Tout dépend si l’on y croit ou non…
Alors que je sortais de la synagogue à la fin de Yom Kippour, une jeune femme me confia, désabusée : « J’ai passé Yom Kippour dans un état de grande élévation, mais je sais que d’ici quelques jours, tout cela sera relégué aux oubliettes. J’aurais vite fait d’abandonner mes résolutions et le quotidien reprendra le dessus, inexorablement… ». Si ses paroles m’ont accompagnée pendant de longues heures, je dois pourtant dire qu’en mon for intérieur, j’y étais totalement opposée.
Un temps pour tout
Pourtant, objectivement, la remarque de cette jeune femme recélait une once de vérité. Nous savons toutes que l’élévation spirituelle qui accompagne le mois d’Eloul et les fêtes de Tichri a vite fait de s’estomper dès celles-ci passées. Les jours d’automne s’enchainent, le quotidien reprend lentement le dessus et nos vieux démons se réveillent de leur sommeil… Mais je ne pouvais m’empêcher de penser que, justement, tout notre travail post-fêtes résidait précisément en cela, à savoir inscrire sur le long terme nos acquis de cette période. Or, pour relever ce défi, un ingrédient était indispensable : croire en nous !
A présent que les Jours Redoutables et le « temps de notre joie » sont derrière nous, il ne s’agit plus pour nous de procéder à une introspection ni de nous repentir, mais de comprendre que nous sommes désormais investies d’une toute autre mission : croire en notre potentiel ! C’est là tout le défi de ces jours…
Ouvrir la voie à la réussite
Cette même jeune femme qui déclarait sur un air blasé que les aléas de la vie allaient rapidement reprendre le dessus, était en fait en train de semer les graines de son propre échec. En générant des pensées positives, elle aurait pu, au contraire, annoncer le départ d’un changement pour le bien. En réaffirmant sa foi en Hachem et en les forces insoupçonnées qu’Il a placées en elle ainsi qu’en chacun de nous, elle aurait par là-même ouvert la voie pour que ces mêmes forces puissent s’exprimer dans son quotidien.
Voilà pourquoi Souccot, qui est la fête de la joie par excellence, vient succéder aux Jours Redoutables. En affermissant la Emouna (foi en D.ieu) de l’homme qui s’abrite sous les ailes de la Chékhina (Présence Divine), Souccot vient en même temps lui rappeler qu’il a toutes les raisons du monde de se réjouir, lui qui est appelé le diadème de la création et auquel Hachem accorde une confiance chaque jour renouvelée.
Croire en D.ieu, croire en soi
Rabbi Tsadok Hacohen de Lublin écrit dans son Tsidkat Hatsadik (154) : « De la même manière que l’homme doit croire en Hachem, béni soit-Il, ainsi doit-il ensuite croire en lui-même ». En fait, la foi en Hachem ne saurait être complète sans la foi en notre propre potentiel. Les deux vont de pair. Or, que signifie avoir foi en nos capacités ? Croire en soi revient à être convaincu du fait que nous sommes capables. Que nous sommes des êtres foncièrement bons, investis d’une valeur infinie, que D.ieu nous aime et souhaite notre bien le plus ultime.
Mission impossible ? Loin de là. La tâche consistant à intégrer ces notions au plus profond de nous n’est certes pas aisée, mais c’est le projet de toute notre vie. Oublions les mantras perturbateurs qui tentent de nous convaincre de notre prétendue impuissance et commençons à écrire notre propre histoire, celle d’une réussite appelée à marquer toute l’année à venir, avec l’aide d’Hachem !