La semaine dernière, à l’occasion de mes 50 ans, mes enfants m’ont offert un bon pour un massage relaxant en institut. Et je dois avouer que si j’étais quelque peu sceptique en y allant, je suis revenue conquise et régénérée. Quels ne furent pas ma joie et mon étonnement de voir à quel point ce moment me fut bénéfique. Au fur et à mesure que ses doigts massaient mes épaules, mon visage, mes pieds, je me détendais, mon esprit s’apaisait, les douleurs que je ressentais depuis des années me quittaient, c’était magique. J’étais arrivée anxieuse, pressée, j’avais mal au genou et à la hanche, je repartais toute neuve, j’avais gagné 20 ans. Tout ça grâce à un massage d’une heure ? C’était incroyable, et pourtant bien réel.
Cette séance m’a fait réfléchir sur le pouvoir du toucher. J’avais déjà entendu que le toucher pouvait guérir, mais, après mon expérience, j’ai dû me rendre à l’évidence. Le toucher fait bien plus que cela, il apaise, il réconforte, il construit. Le toucher est sacré. Et je comprenais alors tout d’un coup pourquoi la Torah nous ordonnait de l’utiliser à bon escient, avec les bonnes personnes, au bon moment.
En tant que maman et épouse, je me suis mise à réfléchir en quoi le toucher pouvait m’aider dans ma mission quotidienne. La première chose à laquelle je pensais a été évidemment, mes enfants. Nous rencontrons toutes des difficultés avec certains de nos enfants, que ce soit un enfant difficile, ou une période difficile, comme l’adolescence par exemple, nous sommes parfois contraintes de nager en eaux troubles. Lorsque vous sentez que vous avez épuisé les mots et métaphores pour faire entendre votre voix, lorsque vous sentez que vous vous heurtez à un mur et que vous êtes sur le point de craquer, essayez le câlin. Je sais que c’est dur, surtout quand on est énervés et qu’on a en face de soi un géant qui fait deux fois notre taille et notre force. Mais dites-vous bien que si vous brisez cette carapace, vous trouverez un enfant apeuré, indécis, qui a besoin de vous pour être guidé, même s’il ne l’avouera jamais, ô grand jamais. Votre enfant, que ce soit pour un genou écorché, un bonbon volé, une chemise salie, un cœur brisé, ou une crise d’identité, a besoin de votre chaleur. Il a besoin d’être réconforté et apaisé, et le prendre dans vos bras, l’étreindre pendant de longues secondes, lui donnera tout l’amour et la confiance en soi dont il a besoin à ce moment-là pour aller de l’avant, bien plus que tous les discours du monde. Si la nourriture et l’eau nous sont indispensables pour vivre, au même titre, les câlins et bisous nous sont indispensables pour grandir. Ne soyez pas avares en gestes affectueux, certains enfants donnent l’impression d’être forts et indépendants, mais c’est probablement eux qui en ont le plus besoin.
Néanmoins, il existe des « mauvais câlins », des étreintes ou contacts physiques qui n’ont pas lieu d’être. Des marques d’affection mal distribuées, aux mauvaises personnes, aux mauvais moments, peuvent être néfastes et destructrices. En effet, la Torah est très claire à ce sujet. Il est interdit à une femme de faire la bise, de serrer la main, ou même de tenter n’importe quel contact physique avec un homme étranger (par « étranger », j’inclus les oncles, les cousins, les beaux-frères, les amis de longue date…), et pareillement pour l’homme vis-à-vis des « femmes étrangères ». Lorsque j’ai eu vent de cette Halakha pour la toute première fois, j’ai réfléchi au côté négatif « en quoi une étreinte avec un “étranger” pouvait me porter préjudice…? », je trouvais des réponses évidemment, mais je n’étais pas entièrement satisfaite. Jusqu’à ce que mon mari me dise : « Change ta façon de voir les choses et pense positif. Pense à ce que le toucher, au bon endroit, au bon moment, avec la bonne personne, a de bénéfique. » Et là, ça a été la révélation. Le toucher est en fait sacré. Lorsque deux jeunes mariés se prennent la main en sortant de la ‘Houppa après avoir été bénis, ce contact est sacré, lorsqu’un mari et une femme se retrouvent mensuellement après que la femme se soit immergée au Mikvé, ce contact est sacré, lorsque la maman apaise son enfant en le tenant dans ses bras, ce contact est sacré. Il devenait alors évident qu’on ne gagnerait rien à banaliser un geste tellement pur et à le distribuer à tort et à travers.
Dans le Sanctuaire, se trouvait la sculpture en or des Chérubins. Ces personnages représentaient l’étreinte d’un homme et d’une femme. Si notre Créateur a décidé de mettre une telle sculpture dans l’endroit le plus saint au monde, ce n’est pas pour rien. En effet, le contact physique, comme la Torah l’entend, est quelque chose de pur et de hautement spirituel.
Ce cadeau d’anniversaire, pour le moins surprenant, m’avait ouvert de nouvelles perspectives sur le toucher et son pouvoir. Je le voyais totalement différemment et j’étais prête à utiliser ce sens qu’Hachem m’avait offert pour Le servir et remplir pleinement et avec amour ma mission de maman et d’épouse.