L’être humain a tendance à douter de son importance. Il se compare souvent à ses proches, ses voisins, ses amis, les membres de sa famille, qui semblent, à l’unisson, avoir tous réussi leur vie bien mieux que lui.
Cette brèche dans l’estime de soi arrive avec les années.
Si on observe bien un enfant, on prend une belle leçon de confiance en soi. En effet, un enfant marche la tête haute, comme il l’a décidé, s’il veut sautiller, il sautille, s’il veut marcher uniquement sur les carreaux blancs, il le fait sans se soucier de ce que l’on pourra dire de lui, sans se soucier de l’image qu’il renvoie à la société, sans se soucier de savoir s’il sera catalogué dans telle ou telle catégorie de personnes. Un enfant parle lorsqu’il le souhaite, peu importe si le silence est de mise à ce moment-là. Un enfant n’a pour seule règle s’écouter et laisser libre cours à ses désirs, car RIEN ni PERSONNE n’est plus important que lui.
Au fil des années, l’enfant qui grandit laisse cette estime de soi en béton au milieu de ses poupées et de ses petites voitures. Il commence à douter, à s’empêcher de donner son avis de peur de moquerie ou de représailles, ou pire encore, il commence à penser qu’il n’est pas si important que ça, que le monde continuera bien à tourner avec ou sans lui. Il se croit inutile, et c’est l’un des pires sentiments que l’être humain puisse ressentir.
Souccot est la meilleure période pour parler de ce malaise et pour remettre les choses bien à leur place.
La fête de Souccot vient après deux jours de Jugement, 10 jours de pénitence, une journée de Grand pardon, autant dire que l’atmosphère est un peu lourde. Puis arrive Souccot avec son côté champêtre. On mange dans des cabanes, on prie sur un bouquet de verdure. Ainsi, compte tenu du contexte dans lequel s’installe cette fête, elle est accueillie avec beaucoup de joie. On est heureux de pouvoir troquer les pleurs et les supplications contre une ambiance festive et printanière.
Et existe-t-il meilleur antidote contre la déprime et les doutes, qu’une bonne cure de bonheur ?
Souccot, la fête du bonheur, vient avec ses rituels qui paraissent légers, mais qui, bien au contraire, véhiculent des messages forts et fondamentaux.
Tout d’abord, le rituel d’habiter pendant une semaine dans une cabane, tout ce qu’il y a de plus primaire, d’abandonner pendant un temps son confort, ses possessions matérielles... La cabane n’est faite ni en ciment, ni en briques, elle est faite de feuillages et de planches de bois. En effet, l’idée est que nous soyons tous, pendant une semaine, au même rang social devant Hachem. Les riches comme les pauvres seront mouillés en cas de pluie, les riches comme les pauvres subiront de la même façon les aléas de la météo durant cette période.
Pendant Souccot, il n’est plus question d’envier qui que ce soit sur sa réussite matérielle ou sur ses biens, nous sommes tous au même niveau. Réciproquement, une personne qui aurait un train de vie modeste n’en souffrirait pas durant cette période. Pendant Souccot, elle ne se sentira pas moins bien que son voisin. Elle pourra de nouveau ressentir joie et fierté.
Ensuite, il y a le rituel des quatre espèces. Le Loulav, grand, prestigieux, le Etrog qui apporte tout l’arôme au bouquet, puis le Hadass et la Arava, deux sortes d’herbes qui peuvent paraître inutiles, des feuillages que l’on utiliserait pour étoffer un bouquet. Pas du tout ! Les quatre espèces ne peuvent être aptes à recevoir leur bénédiction si et seulement si toutes les quatre sont présentes et tenues ensemble, unies. Chacune apporte une touche supplémentaire au bouquet, que son voisin n’apporte pas. Et c’est leur union qui fait de ce bouquet, un bouquet tout particulier. Si l’une des espèces était manquante, la personne ne pourrait pas faire de Brakha sur le bouquet.
Enfin, l’équité de chaque membre de la communauté est d’autant plus célébrée le dernier jour des festivités, le jour de Sim’hat Torah. Tous les hommes dansent en rond autour de la Torah. La particularité du cercle est qu’il n’y a ni début ni fin, il n’y a pas de hiérarchie. La seule importance durant cette fête est de déverser tout l’honneur qu’ils méritent sur les rouleaux de Torah, faisant abstraction de son propre honneur.
Aucun enfant ne compte plus qu’un autre aux yeux de son père. Chacun apporte sa particularité, sa note de joie, de responsabilité, mais aussi de fainéantise ou de plainte permanente, sans lesquelles la famille ne sera pas ce qu’elle est. Chaque enfant d’Israël est indispensable pour faire de notre peuple ce qu’il est : un peuple fort, uni et béni, un peuple unique aux yeux de son Créateur.
Soyons heureux, soyons fiers et soyons conscients de notre valeur.
Hag Saméa’h à tous !