Kora’h et son assemblée furent engloutis dans la terre : un drame que nous avons l’habitude de lire chaque année, une histoire qui, apparemment, ne nous émeut plus, mais qui pourtant a un message de vie essentiel pour nous tous…

Kora’h, jaloux de Moché et Aharon, n’admet pas que ses cousins aient des postes plus importants que lui. Malgré sa richesse et son érudition, il parvient à semer le doute dans le cœur de 250 personnes, aussi justes que lui. Et elles aussi, se mettent à jalouser Moché, et à remettre en question celui que D.ieu a choisi pour les sortir d’Égypte, celui qui les a défendus corps et âme après la faute du veau d’or, celui qui a voué sa vie entière à ses frères.

Cette Paracha, comme toutes les autres, s’adresse à chacun d’entre nous. Hachem nous parle à travers l’histoire du peuple juif. “La jalousie sort l’homme de ce monde” disent nos Sages. Être réellement jaloux, c’est comme ne plus vivre. Car cette obsession parfois inconsciente à voir l’autre, qui il est, ce qu’il possède, ce qu’il fait, s’immisce dans nos vies comme un venin de serpent.

Cette Paracha nous appelle à ouvrir les yeux sur la place que l’autre occupe dans notre vie. Combien de nos pensées tournent autour de l’autre. Je ne parle pas ici que de jalousie pure et dure : combien de nos détresses sont parfois le fruit de notre seul regard sur l’autre, ou pire encore, du regard que nous supposons que l’autre a sur nous.

Sans le vouloir, nous agissons tellement en fonction de ce que les autres vont penser ou dire de nous. Celle-ci part en vacances ou a refait sa cuisine. Les enfants de celle-là sont tellement bien éduqués. Et cette autre qui est tellement épanouie, professionnellement parlant. Que vont penser de moi mes beaux-parents, mes voisins ? La liste est longue…

Dans l’histoire ‘’L’intelligent et le simple’’ des contes de Rabbi Na’hman de  Breslev, nous assistons à la scène où l’épouse du simple lui fait remarquer que tous les autres cordonniers gagnent plus que lui. Et ce dernier, au lieu de s’apitoyer sur son sort de cordonnier médiocre, lui répond d’une géniale simplicité : “Pourquoi devons-nous parler des gens ?”

Cet homme simple nous dévoile le secret d’une vie heureuse : cesser de regarder l’autre, de penser à ce qu’il fait, de parler de lui, de le juger, de l’envier, de le jalouser, de se comparer à lui…

D’ailleurs, Rav Dessler exprime une idée étant censée nous aider à réussir à appliquer ce conseil si précieux du simple en répondant à la question suivante : “Comment l’homme peut-il arriver à se trouver ?” L’homme étant en perpétuelle quête de vérité et à la recherche de soi, le Rav Dessler nous donne 3 conseils qui seront la clé magique permettant de résoudre cette énigme. 

  1. En s’isolant
  2. En cherchant à donner et non à prendre
  3. En aspirant à être et non à obtenir et à acquérir.

À travers ces 3 conseils, Rav Dessler nous invite à nous concentrer sur nous-mêmes, et “l’autre” devient celui à qui je donne et envers lequel j’exprime la parcelle divine qui est en moi. L’autre n’est ainsi plus le sujet de mes tourmentes et de mes comparaisons, il est justement celui qui va m’aider à dévoiler ma bonté, à devenir meilleur.

Ainsi, cette Paracha n’est plus que l’histoire de Kora’h. Elle devient l’appel d’Hachem me demandant d’être moi-même, sans chercher à être l’autre. Notre ‘’moi’’ a beaucoup à faire avec les ‘’cartes’’ bien spécifiques à notre vie que le Maître du monde nous a distribuées…