Ces lignes sont écrites par Mikhal Lévi, jeune femme atteinte d’une sclérose en plaques et qui ne peut plus parler. Elle a néanmoins décidé de rester forte et de renforcer son entourage en envoyant des messages écrits sur différents thèmes actuels. Cette semaine, elle nous parle de la peur. Nous vous présentons la traduction de son message…
Qu’allons-nous faire de cette peur incontrôlable ? Comment pouvons-nous l’exploiter et la rendre utile, profitable ?
Moi aussi, j’avais peur, très peur de l’inconnu, quand on m’annonça l’ampleur de ma maladie et que j’essayais de comprendre ce qui se passait dans mon corps. J’avais peur de m’endormir ; qui sait quels autres dégâts j’allais découvrir le lendemain matin, au réveil ? J’avais peur tout au long de la journée. Je n’arrivais pas à me débarrasser de cette peur. J’étais terrifiée du diagnostic. Comment vais-je m’occuper de mon petit bébé, Méïr ? Comment vais-je élever mes enfants, comme j’en avais toujours rêvé, si les médecins prédisent tout cela ? Une peur paralysante !!
Mais finalement, la peur a renforcé ma foi et m’a poussée à l’action. Il faut prendre la peur et l’exploiter.
Un jour, la Rabbanite Esther Farbstein m’a dit que Victor Frankl, un psychologue qui avait été envoyé à Auschwitz, écrivit dans son livre : « Le summum de l’émotion pour une personne qui rentre chez elle est ce sentiment merveilleux de sérénité ; après toutes les souffrances traversées, elle n’a plus peur, si ce n’est la crainte du Ciel. »
Réfléchissons au sens profond de cette phrase étonnante, surtout en ces jours où la souffrance du peuple juif est si intense. Plus la peur grandit, plus l’opportunité d’intensifier la crainte du Ciel augmente. Et là, comme l’a dit le psychologue, « on n’a plus peur ». Plus on est croyant et confiant, moins on a peur.
Cette semaine, j’ai rencontré une femme dont les six enfants sont enrôlés à l’armée. Et ils sont tous au front, en train de combattre. Je lui ai demandé comment elle arrivait à dormir la nuit, comment elle surmontait sa peur. Sa réponse a été très simple : la Émouna ! « En quoi la peur va-t-elle m’aider ? Je suis convaincue du fait que je ne pourrais pas échapper à ce qui a été décrété me concernant. Chaque balle est dirigée, de là-Haut, pour arriver à une adresse bien précise. La seule chose que nous pouvons faire, c’est prier. »
Plus nous essayons de réduire notre peur, plus nous serons convaincus que tout vient d’Hachem, et plus cela nous éloignera des souffrances. Cela dit, parfois, la peur nous aide. Elle éveille en nous la volonté de rendre service, autant que possible. De se sentir utile. De se sentir unis.
Nos Sages écrivent que les eaux du Déluge sont appelées par les eaux de Noa'h. Pourquoi ? Après tout, il n’a pas été la cause du déluge… Ils nous enseignent qu’il aurait pu et dû prier en faveur de ses contemporains, pour l’annulation du décret. Or, il ne l’a pas fait.
Il aurait dû agir comme Avraham à Sodome, ou comme Moché avec les Bné Israël juste après la faute du veau d’or. Moché avait insisté et n’avait pas cessé de prier jusqu’à ce qu’Hachem prenne Son peuple en pitié et l’épargne. Plus, tôt, pendant l’esclavage d’Égypte, on nous dit que Moché « vit leurs souffrances » ; il voyait leur peine, compatissait et fit tout pour alléger leur difficulté.
Alors que pouvons-nous faire, dans la situation actuelle, quand on entend que le sang juif coule à flots ?
Ne pas avoir peur pour soi. Ne pas seulement se demander ce que nous allons devenir. Mais se demander plutôt comment être utiles, comment faire partie du combat ? Essayer de transformer la peur en action efficace. Pensez aux familles des otages. Aux familles des victimes. Aux familles dont les membres sont recrutés et se trouvent actuellement sur le front, en plein combat.
Soyez plus unis, plus liés. Comment ?
Il est de notre devoir de prier pour eux, pour qu’Hachem les protège et protège tout le peuple d’Israël. Plus nous ressentons la souffrance du peuple, plus nous nous lions à la peine qui nous touche tous, plus nous serons forts et plus nos prières seront sincères et bénéfiques.
On peut également réciter un Téhilim par jour et ainsi ajouter des mérites et de la protection à l’ensemble du peuple – qui est tellement nécessaire en cette période trouble.
En tant que membres du peuple juif – et plus particulièrement en tant que femmes, nous avons une force particulière, la force de la prière !
Nos mots, nos Téfilot sont les meilleures armes. Essayons de tirer parti de notre peur incontrôlable et utilisons-la pour agir de manière utile, sans en être paralysées.
Que l’on puisse partager uniquement de bonnes nouvelles.
« Et l’essentiel, c’est de ne pas du tout avoir peur ! »
J’ai entendu que pour contrer la peur, il était bien de réciter chaque jour le Téhilim 91.