Imaginez que vous introduisez dans un mixeur de la nourriture sèche. Après l'avoir mis en marche, vous entendrez des grincements aigus qui témoignent que celui-ci travaille dur pour broyer ces aliments ! Si on prend un verre d'eau et on l’introduit dans ce mélange, alors très vite, ces bruits tellement tracassants s’estomperont et laisseront place à un silence apaisant et réconfortant. Nos vies sont pleines d'épreuves, de souffrances, de difficultés, et parfois, on soupire, on se plaint, un peu comme ce mixeur asservi par le dur labeur. Mais si l'on se force à se focaliser sur la lumière et à remercier Hachem pour ce qu'on a, alors les difficultés s'amoindrissent, les épreuves s'atténuent…
Le remerciement donne des forces, change notre façon de voir la réalité, panse les blessures, nous remplit de satisfaction personnelle et surtout a le pouvoir de faire passer du découragement à l'espoir ! C'est une véritable potion magique !
“Quand vous ferez un sacrifice de reconnaissance à l'Éternel, faites ce sacrifice de manière à être agréés" (Parachat Émor 22,29), nous dit notre sainte Torah.
La reconnaissance ouvre toutes les portes même celles qui sont le plus verrouillées. Par contre, l'ingratitude donne de la force aux anges accusateurs et par conséquent, réveille l’attribut de justice. Il est écrit dans le Midrach (Vayikra Rabba 27,12) que dans l'avenir, tous les sacrifices seront annulés sauf celui de la reconnaissance, parce que par son intermédiaire, on continuera à s'élever vers l'Éternel.
Pourquoi le fait de remercier Hachem pour le bien comme pour le mal (le mal à notre niveau, parce qu'en vérité il n'y a pas de mal dans le monde !) attire sur nous tellement de bénédictions ?
Comprendre cela nous donnera la force et la conviction de s'engager dans un travail constant de remerciement et de gratitude, dans les moindres détails de notre vie et de se remplir de joie ici-bas.
Le remerciement ”ouvre le cœur d'Hachem !”
"Vraiment, je n'ai pas de mots pour te remercier ! C'est vraiment gentil de ta part de m'avoir accordé cette aide, je sais que ce n'était pas facile pour toi, tu as investi beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, surtout que tu es très occupée ! Que D.ieu te bénisse !" Que ressentons-nous, quand quelqu'un à qui l'on a rendu un service nous en est sincèrement reconnaissant ? Combien ces mots nous octroient-ils de plaisir ?! "Eh bien lui au moins, il est conscient des efforts que j'ai faits, ce n'est pas passé inaperçu", et automatiquement cela nous encourage à recommencer !
De la même manière, quand Hachem voit que l'on reconnaît tout le bien qu'Il nous envoie, alors Il accepte nos prières et accède à nos demandes. C'est pour cela, d'ailleurs, qu'il faut faire attention de toujours remercier, louer Hachem avant de demander. Le Rav Arouch nous enseigne que même dans un moment douloureux, où l'on a qu'une seule envie, celle de crier : ”Hachem, aide-moi !”, il faut essayer de se maîtriser et proférer d'abord des mots de gratitude à l'Éternel.
Voici une parabole du Rav Dov Yeffe : un serveur se balade entre les tables des invités et questionne : ”tout va bien ? Vous ne manquez de rien ?" Et voilà qu'il entend, d'une des tables : ”Super, magnifique” et d'une autre table : ”la nourriture est froide, et le café est tellement fort ! Où est l'entrée que j'ai commandée ?”. À qui pensez-vous que le serveur voudra donner les plats supplémentaires qui attendent dans la cuisine ???
Il y a une règle avec laquelle Hachem dirige Son monde : "Le chemin dans lequel l'homme décide de s'engager, on l'accompagne". Autrement dit, une personne qui remercie même quand c'est dur, même quand c’est douloureux, même quand la réalité va à l'encontre de ses aspirations ou de ses volontés, alors elle atteste de sa Émouna selon laquelle tout est pour le bien. Sa confiance totale en l'Éternel attirera la Miséricorde divine, mesure pour mesure. En effet, cette personne annule son ”moi”, puisque à un moment où son cœur est rempli de sentiments négatifs, elle exprime sa croyance en la bonté d'Hachem : ”merci Hachem !”. L'Éternel dit : ”tu as été contre ta nature, au lieu de grogner, tu as été reconnaissant, alors tu mérites de voir le bien à ton niveau.”
Quand on remercie Hachem, on se connecte à l'objectif de la création du monde, puisque l'on met en avant la bonté d’Hachem. Rabbi Na’hman de Breslev nous enseigne (dans Likouté Moharan) que l'Éternel a créé le monde pour révéler Son immense bonté !
Le roi David : "Le Maître du remerciement"
Le roi David est né à Chavou'ot et a quitté ce monde à Chavou'ot. Il nous a laissé en héritage exceptionnel, le livre de Téhilim dans lequel il regroupa une série de louanges qu’il proféra dans les situations les plus douloureuses. Sa grandeur résidait justement dans le fait qu'il louait Hachem dans la douleur, dans l’oppression, dans la résignation… Le roi David voyait le bien dans tout ce qu'il traversait. Sa Émouna était entière et inébranlable !
Quand les deux fils de Aharon Hacohen (Nadav et Avihou) sont morts parce qu'ils ont sacrifié un feu étranger devant Hachem (Hachem ne leur avait pas demandé de le faire), la Torah nous dit que Aharon se tut, il garda le silence. Rachi explique que ce silence exprimait l'acceptation du Décret divin, la soumission à une force supérieure en laquelle il avait une totale confiance.
Le livre ”Tiférèt Chlomo” nous dit qu'il y a un degré de Émouna plus élevé que celui de Aharon Hacohen, c'est celui du roi David, qui après tous les malheurs qu'il a subis a dit : “moi je ne me tairai pas, je chanterai, je te louerai sur les souffrances !”. Il est raconté dans le traité de Sanhédrin, qu'au moment où Nabuchodonosor s’est mis à louer Hachem, un ange est arrivé et l’a tapé sur la bouche pour qu'il s'arrête.
Pourquoi ? Quelle en était la raison ? Rachi nous dit que ce mécréant rédigeait des louanges plus belles que celles du roi David et que, s'il les avait dites, l'Éternel les aurait valorisées davantage encore que les Téhilim !
Comment est-ce possible, ça a l'air tellement étrange ?! Vient Rabbi Mena’hem Mendel de Kotsk qui nous éclaire : "Nabuchodonosor, le mécréant, désirait louer Hachem quand tout allait bien pour lui, quand il était à l'apogée de la réussite ! En lui tapant sur la bouche, l’ange est venu lui dire : ”On va voir maintenant si tu continueras à chanter après avoir reçu une claque !”
Et ça, c'était la force du Roi David, comme il dit dans son livre : ”Que ce soit dans la miséricorde ou dans la justice, je te louerai”, et cette force, il nous l’a transmise ! Utilisons-là !
Chabbath Chalom à toutes !