Vous souvenez-vous de votre professeur de mathématiques ? De temps en temps, il s’amusait à faire volontairement une faute de calcul pour “voir qui sont les élèves qui suivent vraiment…”.
La Torah a recours à la même technique dans notre Paracha, dans laquelle il y a visiblement une erreur de calcul. Il est écrit : “Vous compterez pour vous, depuis le lendemain de la fête (...), sept semaines, qui doivent être entières (...), soit cinquante jours”[1]. Il aurait dû être écrit 49 et non pas 50, n’est-ce pas ? Alors, pour une fois, faisons partie des bonnes élèves “qui suivent vraiment” et essayons de comprendre d'où vient l’erreur !
Tout d’abord, qu’est-ce que le 'Omer ? Il s’agit de compter les jours qui séparent Pessa'h de Chavou’ot. Cette période constitue une préparation spirituelle au Don de la Torah qui se renouvelle chaque année à Chavou’ot. Outre la Mitsva de compter ces jours, il est propice, pendant cette période, d'améliorer chaque jour nos traits de caractère et de raffiner notre comportement afin d’être des êtres accomplis et mûrs pour recevoir la Torah.
La façon dont la Torah formule cette Mitsva, “Vous compterez pour vous”, est similaire à une autre expression dans la Torah : “Elle comptera pour elle”[2]. Il s’agit de la femme qui doit compter 7 jours de pureté après son cycle. Le Zohar explique que, lorsque les Bné Israël sont sortis d’Égypte, Hachem voulait se “marier” avec eux, mais ils étaient en état d'“impureté” spirituelle. Ainsi, tout comme la femme doit compter 7 jours avant d’aller au Mikvé pour se purifier avant son mariage, les Bné Israël devaient passer par le même processus de purification et compter 7 semaines avant de se présenter devant Hachem au Har Sinaï (qui représente la ‘Houppa) et recevoir la Torah (qui symbolise la Kétouba).
L’expression “Vous compterez pour vous”, en hébreu “Oussfartèm”, est aussi à rapprocher du mot “Saphir”[3], le matériau à partir duquel les Tables de la Loi étaient constituées. Nos Néchamot (âmes) sont ainsi comparées au saphir. Tout comme parfois cette pierre précieuse peut s'abîmer et se salir, notre âme peut l’être également par un comportement inapproprié. Mais, pendant cette période, nous avons l’opportunité de “polir” notre saphir intérieur, notre âme, afin de la faire resplendir pour le jour du Don de la Torah.
Alors maintenant que nous avons expliqué la signification profonde du 'Omer, nous pouvons répondre à notre question initiale.
En effet, toute personne ayant déjà essayé d’améliorer son caractère admettra que c'est quelque chose de très difficile. Rav Israël Salanter disait qu'il est plus facile d'apprendre tout le Talmud par cœur que de modifier ne serait-ce qu’un seul trait de caractère. Et même s'il semble y avoir une petite amélioration à certains moments, comment être sûr de ne pas retomber dans nos mauvaises habitudes plus tard ?
Hachem Lui-même a conscience de la difficulté que cela représente pour nous. Ainsi, la Torah nous demande de compter 49 jours, de nous travailler, de nous investir et d’étudier afin d’éliminer nos mauvais traits de caractère. Et D.ieu dit en quelque sorte : “Faites votre part, comptez 49 jours... et cela équivaudra à compter 50 étapes” : “Je rajouterai Ma touche finale à vos efforts et vous deviendrez des personnes accomplies !”.
Si l’on fait le travail qu’Hachem nous demande, alors, en cadeau, nous verrons nos efforts réussir durablement. L’aide d’Hachem, c'est ce que symbolise ce fameux 50ème et dernier jour !
Hachem souhaite nous aider à devenir de meilleures personnes et c'est en vue de cet objectif qu'Il nous a donné une période propice au changement. Si, comme le dit Rav Salanter, pendant tout le reste de l’année, il est quasiment impossible d’opérer de vrais changements de personnalité en profondeur, pendant le 'Omer, c’est tout à fait autrement : Hachem S’associe à nos efforts pour nous aider à réaliser notre volonté de changement intérieur.
Saisissons cette opportunité chaque jour, sans exception, car chaque jour vaut encore plus qu’une pierre précieuse !
[1] Vayikra (23:14,15)
[2] Vayikra (15:28)
[3] Noam Elimélèkh