Passionnée, c’est peut-être le mot qui définit au mieux Olivia Malka Shafir. Ce n’est qu’ainsi qu’elle conçoit la vie. Ses engagements, quels qu’ils soient, dans la musique, l’enseignement de la Torah, ou auprès des jeunes filles qu’elle entoure de par son rôle de « Em Bayit » (responsable du foyer dans un séminaire de jeunes filles), elle les accomplira toujours avec un don total d’elle-même, une conscience professionnelle et un dévouement hors du commun. Il y a 4 ans, elle réunit autour d’elle plusieurs jeunes femmes aux voix d’or et fonde l’ensemble « Achira ». Elles se produisent en Israël et ravissent leur public qui, le temps d’un concert, s’envolent sur les ailes du Chabbath, le thème de leur spectacle. Écoutons-la :
Bonjour Olivia Malka, deux mots sur votre parcours : où êtes-vous née, où avez-vous acquis votre formation musicale ?
Je suis née à Paris, j’ai suivi un cursus musical dans un conservatoire de Paris jusqu’au diplôme de fin d’étude, et, plus tard, j’ai enseigné. Mes parents m’ont transmis l’amour de la musique, et ma mère, qui a été une enfant cachée pendant la guerre, m’a dit combien son émotion a été grande après la libération quand elle a pu enfin réécouter de la musique...
Comment vous est venue l’idée de fonder cet ensemble ?
En fait, j’étais responsable chaque année de la chorale de ‘Hanouka pour le séminaire Nerlitz à Jérusalem, et certaines anciennes du séminaire ont émis le désir de se réunir à nouveau pour chanter à travers un travail d’ensemble. D’autres jeunes femmes expérimentées dans le chant se sont jointes à nous. Nous avons donc débuté des répétitions sur un répertoire de chants juifs, et les résultats étaient très convaincants. Mais, au final, il n’y avait que moi et les chanteuses qui profitaient des trésors qui émergeaient de ces rencontres. Nous avons donc décidé de faire partager ces moments à un plus grand public et de nous produire.
Pourquoi avoir choisi spécialement le thème du Chabbath ?
Le Chabbath est un thème qui s’est imposé à nous. Presque une évidence. Dans le judaïsme, il est comme incarné : on l’appelle, on l’attend, c’est Chabbath "la Reine", "viens Chabbath", "Chabbath Chalom", il est une pierre angulaire, un incontournable, "Mékor Habrakha", la source des bénédictions.
Et j'étudiais justement les textes du Rav Pinkous sur le sujet, qui regorgent de métaphores, de paraboles sur Chabbath. Le lien du « 'Am Israël » avec le 7ème jour, c’est un lien d’amour, de passion, que Rav Pinkous compare à l'instant où les jeunes mariés se retrouvent ensemble, dans l’intimité du ‘Hédèr Yi’houd. Plus rien ne doit les déranger, ce n’est pas le moment de parler du coût de la soirée, ce n’est pas le moment de passer le balai, et certainement pas non plus, celui de donner un coup de fil à quelqu'un, même à sa mère…
J’ai donc extrait du livre des passages choisis qui sont devenus de courtes introductions à chaque chant, lues par l’une d’entre nous, et qui scandent le spectacle depuis l’entrée du Chabbath jusqu'à Mélavé Malka. Il existe également une version en hébreu.
Toutes les personnes ayant assisté au concert vous font certainement part de leurs retours enthousiastes…
Oui. Et c’est un bonheur si nous avons réussi à faire partager une émotion. Des femmes nous disent qu’elles préparent Chabbath avec le disque, et les airs les font entrer dans l’ambiance du jour saint. J’ai rencontré la Rabbanite Auerbach, la femme du Rav Azriel, qui a écouté le disque et qui a sincèrement paru enchantée. C’est très gratifiant, et le signe qu’on a sans doute trouvé le ton juste.
J’avoue que j’ai vraiment le désir de relier mon amour de la musique à un thème juif, et de ne pas rester uniquement dans le beau et l’harmonieux en soi. Le chant est un conduit merveilleux pour faire passer une émotion, mais il faut qu’elle mène a quelque chose, et si elle va éveiller chez ceux qui nous écoutent un rapprochement vers le Chabbath, vers la Kédoucha (sainteté), vers La Source de Tout, nous en sommes plus qu’heureuses. Nous voulons nous adresser à toutes les femmes et les jeunes filles juives, quel que soit leur niveau de pratique.
Il vous est important également de toucher toutes les cultures juives, du ”Gutt Shabbès” du Shtettl aux airs Séfarades, ainsi qu'à des chants plus modernes.
Absolument, en écho à la culture juive, si colorée, si différente, et pourtant si homogène, où chaque touche fait partie d’un ensemble harmonieux.
Vous avez sorti un disque qui est aussi le fruit d’un long travail. Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour y parvenir ?
Retrouver en studio la qualité d’harmonie que nous avons en répétions et lors des spectacles. Il a fallu pour cela beaucoup travailler avec le mixage.
Et le plus facile ?
Chanter ! Avec son cœur, avec ses amies. Se retrouver aux répétitions, rire, travailler, libérer quelque chose de soi, et à travers le rapport entre nous, voir naître un chant, et c’est un bonheur.
Quel sera le thème de votre prochain spectacle ? Déjà une idée ?
J’ai plusieurs idées, mais je crois que je vais en retenir une : adapter plusieurs textes dont un du 'Hafets 'Haïm pour évoquer le thème de "Véahavta" ("Et tu aimeras"), c’est-à-dire sentir que l’amour pour Hachem ne se réalise véritablement qu’à travers l’amour du prochain.
Où peut-on vous voir en concert ? Se procurer le disque ? Une tournée en France prévue pour l’après confinement ?
Pour les concerts, suite à la pandémie, nous sommes en stand by, en espérant très vite pouvoir reprendre. Pour le disque, on peut se le procurer chez l’une de nous, en Israël, en appelant ces numéros 0548462833 et 0586475093, et pour la France, celui-ci 0768648463.
Je voudrais également nommer mes amies, les membres de l’ensemble « Achira » : Noa Attlan, Fanny Atlan, Anne-Céline Hazzane et Eva Adler, la violoncelliste Karine Selam et la violoniste Sim’ha Chvilli. Celles sans qui rien n’aurait pu se faire.
En souhaitant à tout 'Am Israël un très, très bon Chabbath Chalom !