Nous avons vu dans un précédent article - réaction en chaîne, que lorsqu’une maman demande (ou refuse) quelque chose à son enfant, elle doit le tenir.
Prenons l’exemple que nous avions traité : Une maman demande à son enfant d’aller dans sa chambre. Peu importe si, dans le cas présenté, cela était justifié ou non, réitérer la demande plusieurs fois, alors que l’enfant ne le fait pas, puis renoncer, et s’en aller en jetant un regard noir, revêt de nombreux inconvénients :
- Je transmets un message agressif laissant un mauvais goût et détériorant la relation.
- Je transmets aussi le message « mes attentes ne sont pas importantes ».
- Je laisse l’enfant dans l’incertitude : qu’est-ce qui est important, et qu’est-ce qui ne l’est pas ?
Le parent a donc perdu sur tous les tableaux : il a donné un message contraire à ce qu’il souhaitait, en laissant une empreinte désagréable et un manque de repères.
Ce cas peut se répéter dans tous les domaines : je demande de ranger la chambre et laisse ne pas le faire, j’interdis les bonbons et ne dit rien quand il en prend dans le placard, je menace d’une punition et ne la tiens pas, etc.
Voici des exemples dans lesquels tous les parents se reconnaissent.
Si nous sommes tous sont conscients que ce n’est pas une manière d’agir, la question est comment tenir ?
En fait, la réponse est bien plus simple qu’il n’y parait. Il suffit de se poser à soi-même la question : « ma demande est-elle justifiée, suis-je vraiment certain de son bien fondé et de l’intérêt qu’elle revêt pour mon enfant ? ».
Si la réponse est positive, c'est-à-dire si je suis sûre que ma requête est importante pour le bien être et l’épanouissement de mon enfant, alors il ne fait aucun doute que je serai écouté et, donc, que je n’aurai pas besoin de me battre pour, en fin de compte, renoncer.
A l’inverse, si je ne suis pas sûre de ce que je veux, que je me dis qu’après tout, ce n’est pas grave si l’enfant ne m’écoute pas, ou que je crains une réaction négative de sa part et que j’anticipe un refus, je peux être assurée que mon enfant ne m’écoutera pas, et que mes incertitudes aboutiront immanquablement au renoncement.
Une maman m’a dit que, dans ce cas, l’enfant a tout gagné, car j’ai laissé de côté mes exigences. Bien au contraire, il a tout perdu, car il n’a pas l’impression que maman est LA personne sur laquelle il peut compter et qui peut résoudre tous ses problèmes.
Rappelons-nous que nous sommes l’appui et le « rocher » de notre enfant. Tout comme Hachem est le nôtre, tel que nous l’énonçons dans nos prières.
Prenons quelques exemples :
Une maman veut que son fils de 5 ans aille dans un centre aéré pour les premières semaines de vacances. Elle a très peur de sa réaction et craint une crise qu’elle ne veut pas affronter. Je lui demande si elle est convaincue de l’intérêt pour son enfant d’aller dans ce centre aéré plutôt que de rester avec sa maman. Dans sa réponse sans équivoque, elle me donne tous les arguments qui prouvent le bienfondé de sa décision, même si, soyons honnêtes, elle souhaite aussi un peu de tranquillité ! Je lui explique alors que, dans ce cas, elle n’aura aucun problème à le convaincre, car sa détermination le rassurera. Il lui suffit de présenter l’évènement comme une excellente nouvelle pour lui. Le soir même, le texto qu’elle m’envoya précisait combien l’enfant était heureux de la bonne surprise !
Un autre exemple que j’aime raconter est celui d’une petite fille allergique au gluten. Elle n’a absolument pas le droit de goûter quoi que ce soit avec la moindre trace de gluten, et ce depuis l’âge de 2 ans. Elle en a maintenant 5. Il est simplement impressionnant de voir comment, avant de toucher un aliment qu’elle ne connait pas, elle demande systématiquement l’autorisation à son papa ou sa maman. Et lorsqu’un beau et bon gâteau se présente, et que sa maman lui interdit, elle l’accepte.
Quelle est la recette ? Sa maman SAIT que le gluten est dangereux pour elle. Elle est donc très ferme. Elle a aussi beaucoup de Ra’hmanout, de pitié pour sa fille. Ainsi, elle est aussi très gentille dans sa façon de lui interdire. Elle dit par exemple : « Il y a du gluten dans ce gâteau, et tu sais ma chérie que tu ne peux pas en manger, mais je t’en ai préparé un très bon pour toi à la maison. Tu pourras le manger dès notre retour ».
Le fait de savoir qu’elle agit dans l’intérêt de sa fille allié à sa conviction lui permettent de transmettre un message, qui, bien que difficile, est parfaitement reçu.
Au risque de me répéter, c’est donc bien la conviction que la requête est importante et qu’elle est dans l’intérêt de l’enfant qui permet au parent d’être FERME et GENTIL.
Reprenons l’exemple des bonbons : Pourquoi dois-je interdire à mon enfant de manger des sucreries ? Cela fait mal aux dents, habitue les enfants à ingurgiter de grandes quantités de sucre, sans parler des produits chimiques et du refus ensuite de nos bambins à gouter de la vraie nourriture. Bref, nous avons une Mitsva de faire attention à notre santé. Permettre beaucoup de bonbons revient à transgresser cette injonction !
Vous ai-je convaincu ? Si oui, vous n’aurez aucun mal à transmettre ce message gentiment. Et votre enfant vous écoutera. Si non, donnez-lui des bonbons dès sa première demande, car vous ne tiendrez pas longtemps ! Et comme nous l’avons vu, lui interdire pour qu’il finisse par se servir tout seul est très préjudiciable.
Cette réflexion peut être menée aussi bien pour les messages importants que nous souhaitons faire passer que pour des petits sujets du quotidien.
Je conclurai en insistant sur deux points :
- Exigez peu, mais tenez bon, l’équilibre de votre enfant et celui de votre relation avec lui sont en jeu !
- Les points sur lesquels vous restez ferme sont ceux qui revêtent le plus d’importance à vos yeux, et c’est donc ainsi que vous poserez une échelle de valeur rassurante pour leur épanouissement et leur positionnement dans la société dès le plus jeune âge.
Ce dernier point est un sujet extrêmement important que nous pourrons traiter ultérieurement.
Béhatsla’ha.