On peut vraiment se demander dans quelle mesure la Torah ne nous demande pas d'être perfectionnistes. En effet, le respect des Mitsvot exige sans cesse que nous soyons méticuleuses...
- Une cuisine ne saurait être Cachère sans que nous ne soyons organisées et extrêmement attentives : nous vérifions l'absence d'insectes, nous tamisons la farine, nous inspectons les légumes à la loupe, nous passons les légumineuses au peigne fin, bref, nous cherchons la petite bête !
- Un petit point rouge de la taille du chas d'une aiguille sur une vérification et le compte doit recommencer à zéro.
- Pas de négociation possible sur l'heure l'allumage des bougies : l'heure c'est l'heure.
- Tous les livres de Moussar (morale juive) insistent sur l'importance du Séder (le fait d’être organisé), notamment pour éviter le Bitoul Zman (la perte de temps).
- A Pessa’h, nous recherchons dans les coins et les recoins de la maison, et surtout de la cuisine, la moindre miette de ’Hamets !
Les exemples ne manquent pas pour nous montrer combien la Torah requiert que nous ayons des exigences vis-à-vis de nous-mêmes.
Alors, le perfectionnisme, une qualité ?
Quand arrive Chabbath, même si nous n'avons pas réussi à faire tout ce que nous nous étions fixées, la Torah nous dit : si, si, tu as fini ton travail de cette semaine ! Tu as fait exactement ce que tu avais à faire.
Quand arrive Pessa’h, nous avons briqué, nettoyé, astiqué, rangé, ordonné, organisé la maison. Tout est sous contrôle, tout est impeccable, puis arrive la fête, puis ’Hol Hamo’èd, et là, stop : plus de machines et le linge s'accumule joyeusement dans le bac de linge sale… Où est la maison impeccable d'avant-Séder ?!
Quelle est cette logique ?
Qu'est-ce qu’Hachem attend de nous ?
Perfectionnisme ou lâcher-prise ?
Le travail de chaque trait de caractère (Mida) requiert de rechercher le bon équilibre et consiste à trouver la juste mesure, comme l’indique le mot hébreu “Mida”, qui signifie “mesure”. Ainsi, lorsqu’il s'agit d'être organisé ou méticuleux dans l'application des Mitsvot, il apparaît clairement que c'est une qualité. En revanche, lorsque nous voulons que tout soit parfait : la maison, le rangement, les enfants, la cuisine, le travail…, nous avons naturellement tendance à penser que la réalisation de tout cela dépend de nous, de nos efforts et uniquement de cela. Nous oublions de penser que ce que nous arriverons à faire, c'est uniquement ce qu’Hachem nous permettra de faire.
Lorsque nous nous abstenons de laver du linge à ’Hol Hamo’èd, lorsque nous allumons les bougies de Chabbath à l’heure et prenons les lois du Chabbath sur nous, nous acceptons de lâcher prise, de faire confiance à Hachem : tout se fera en temps et en heure et pas nécessairement comme je l'avais prévu.
Et lorsque nous disons à Hachem : « Je Te fais confiance pour que tout s'organise », alors, véritablement, tout s'organise, car c'est précisément là, lorsque nous lâchons prise, que nous laissons entrer Hachem dans nos vies.
C'est décidé… je suis perfectionniste et je l'utilise !
J'utilise cette Mida pour m'appliquer dans les Mitsvot et les embellir. Pour le reste, je m'organise du mieux que je peux en tout, mais surtout, je m’efforce de constamment me rappeler que le résultat ne dépend pas de moi. Le fait de développer la conscience qu’aucune des choses que l’on souhaite faire ne peut être réalisée sans l’aide d’Hachem permet de se rapprocher de Lui et de renforcer notre Émouna (foi en D.ieu).
Qu’Hachem nous aide à lâcher prise, à Lui faire confiance, à faire appel à Lui et à sentir combien Il nous aide !
Caroline H.