On connait toutes l'histoire de la fille de Rabbi 'Akiva qui, le soir de son mariage, a failli mourir de la morsure d'un serpent. La Tsédaka qu'elle avait donnée à un pauvre quelques heures auparavant, lors du repas de noces, l'a sauvée du pire.« La Tsédaka sauve de la mort », nous disent nos Sages et ce n'est pas un effet de style. Concrètement, des choses arrivent, des délivrances et des sauvetages liés au don de Tsédaka ont lieu.
Voici l'histoire de S., qui illustre merveilleusement ce thème, cette fois avec une Tsédaka très, très particulière...
« Voici mon histoire. Elle est courte, mais tellement poignante, que j’ai voulu la partager avec vous.
Comme toutes les jeunes filles, j’aime mes cheveux et je m’en occupe.
Et D.ieu m’a gratifiée d’une belle chevelure, c'est-à-dire le volume, la couleur et l’aspect soyeux de mes cheveux sont remarquables. J’utilise ce mot sciemment, pour expliquer qu’en effet, on les remarque.
J’ai hérité cela de ma grand-mère, à qui je ressemble également par d’autres traits.
Quand vous possédez un atout, en général, vous le savez. Depuis petite, on me le faisait remarquer : « Quel amour ! Et ses cheveux.. ! », s’exclamait une tante en visite chez nous.
Le regard de personnes que je croisais dans la rue, puis, plus tard, adolescente, une vendeuse dans un magasin qui pouvait me demander quel shampoing j’utilisais, m’en disait long sur cet atout. Bref ! J’ai vite compris ce que j’avais sur la tête.
Par contre, ma maman, intelligemment, ne me complimenta jamais. La connaissant, je sais qu’elle ne gratifiait de compliments que les efforts et jamais un acquis facile et gratuit. Elle craignait certainement que je ne m’enorgueillisse d’une donnée, à ses yeux, sans importance.
L’attitude de ma maman, qui pouvait, d’autre part, s’extasier sur un bon résultat obtenu pour un contrôle sur lequel j’avais « bûché » des heures, réussit à me faire comprendre la vraie échelle de valeurs de la vie : uniquement les choses obtenues par l’effort sont dignes d’encouragements.
Elle me répétait souvent cette phrase : « Quand D.ieu nous fait un cadeau, il faut en faire quelque chose ! »
Et un beau jour, j’ai eu l’occasion de faire quelque chose de mon cadeau.
Je lisais un quotidien que nous recevions à la maison, lorsque je tombai sur une annonce pas comme les autres :
« Faites don de vos cheveux pour les malades du cancer. » C’était signé d’une association qui fournissait des perruques à des femmes malades qui portaient une perruque lors de leur traitement.
Cette annonce retint mon attention. J’hésitais, mais je sentais que cette annonce me parlait. Et en fin de compte, j’appelai.
On me donna rendez-vous dans un centre de coiffure spécialisé où les cheveux étaient récupérés. On me fit asseoir sur un siège et dans le miroir devant moi, je vis le regard de la coiffeuse sur mes cheveux : elle écarquilla les yeux, stupéfaite, puis, elle sourit et je lui rendis son sourire dans le miroir.
Une semaine plus tard, je traversai un passage pour piétons au vert. Je suis de nature prudente et je vérifiai bien à deux reprises avant de m’engager sur le passage. Une voiture déboula à 50km/h et me percuta de plein fouet. Le chauffeur s’enfuit, ne me portant aucun secours. Étendue sur la chaussée, endolorie, je repris mes esprits et me relevai. J’étais furieuse et je pris la direction du poste de police que des passants m’indiquaient. Au poste, je fis ma déposition et l’agent en fonction me dit : « Ma p’tite dame, vous auriez dû y passer et ne pas être là en ce moment ! »
Une sueur froide passa dans mon dos : je n’avais que quelques égratignures...
Quelque temps après, en parlant à mon Rav de mon accident, il me dit : « Je ne suis pas dans les comptes d’Hachem, mais ce que je sais, c’est que la Tsédaka sauve des vies. » Je lui dis que je n’avais rien fait de particulier.
Là, il rétorqua : « Ta sœur m’a dit que tu as fait don de tes cheveux. Sache que c’est une forme de Tsédaka qui a encore plus de valeur que de donner de l’argent simplement. Si aujourd’hui tu es à nos côtés, je pense que c’est pour ça. »
Ce geste, qui me paraissait si simple, est aujourd’hui au centre de mon miracle.
J’ai repensé souvent à tout ce que j’ai appris de cette histoire, du début à la fin : l’importance du don à l’autre sous toutes ses formes, le pouvoir de la Tsédaka et la véracité de la parole de nos Sages.
Et ce qui était vrai pour la fille du grand Rabbi 'Akiva, reste vrai pour nous, même 2000 ans plus tard… »
Jocelyne Scemama (d’après un témoignage anonyme)
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