La Torah nous raconte que ‘Essav et Ya’acov, les deux jumeaux de Yits’hak et Rivka, présentaient deux caractères radicalement opposés. ‘Essav devint en grandissant un “chasseur des champs”, personnage sans aucune retenue, alors que Ya’acov devint l’homme de l’étude, un “homme intègre qui réside dans les tentes” (Béréchit 25, 27). Comment un tel antagonisme est-il possible ?
L’un des Rabbanim s’étant intéressé à cette question est le Rav Chimchon Raphaël Hirsch, qui vécut en Allemagne au XIXème siècle et fut l’un des grands penseurs et éducateurs de son temps. Il explique, à partir du Midrach, que les deux enfants reçurent leur instruction de leur père Yits’hak. Mais pour des raisons que le texte ne mentionne pas, un jour ‘Essav décida de jeter ses cahiers et d’abandonner l’étude pour adopter un autre mode de vie. Ya’acov, quant à lui, perpétua la voie de son père.
Sans aucune intention d’émettre la moindre critique au sujet des Patriarches, personnages saints d’une envergure spirituelle incommensurable, le Rav Hirsch s’interroge : comment Yits’hak et Rivka ont-ils pu dispenser le même enseignement à deux enfants aux caractères diamétralement opposés ? Un élève distrait et agité serait-il en mesure d’étudier à la manière d’un élève sage et studieux ? L’un était incapable de tenir plus de quelques minutes sur sa chaise tandis que l’autre consacrait des heures supplémentaires à étudier. On ne pouvait pas, explique le Rav, leur dispenser la même éducation !
Certes, le but restait identique pour les deux frères, à savoir les mener tous deux sur le chemin de la Torah et des Mitsvot. Mais il est évident que les moyens employés avec chacun d’eux ne pouvaient être identiques.
La difference flagrante entre les deux freres aurait dû être comprise par Yits’hak et Rivka et être prise en compte pour le futur. Cette dissemblance a été ignorée, et c’est ce qui a précipité ‘Essav, être aux tendances négatives, vers la déchéance totale.
Cet épisode a de quoi nous interpeller en tant que parents. Lorsque nous-mêmes sommes confrontés à des personnalités différentes parmi nos enfants, et il ne peut en être autrement, nous devons être capables d’adapter notre discours et notre attitude à chacun d’eux. A notre tour, comprenons que nos enfants ne sont pas identiques. Face au même message, chacun réagira à sa façon. L’un se soumettra, l’autre tentera d’argumenter, un autre encore se rebellera. Il est essentiel de le savoir et de le prendre en compte.
Faut-il se résigner et admettre dès le départ qu’un certain enfant est voué à rater sa vie ? Absolument pas.
Il s’agit de détecter ses traits de caractère puis de les exploiter dans le bon sens. Lui aussi, à l’image de ces enfants dotés de traits de caractères raffinés dès la naissance, peut devenir un bon Juif, capable d’accomplir la volonté divine.
Tout dépendra du fait que nous aurons su ou non adapter notre éducation à sa personnalité spécifique.