La semaine dernière, j’ai parlé de la crise dont nous sommes témoins parmi les célibataires. Malheureusement, cette situation n’est pas une exagération, mais un vrai dilemme pour de nombreux célibataires, hommes ou femmes, et leurs familles.
Dans cet article de conclusion, j’aimerais me concentrer sur la grande question que tant de personnes se sont posées : puisque notre foi nous enseigne que chaque être humain a une âme sœur, « basherte », qui lui est destinée depuis les Cieux, comment se fait-il que tant d’entre eux ne trouvent pas leur conjoint ? C’est une question à laquelle nous sommes tenus de répondre, et, dans cet article, je vais tenter de proposer quelques idées.
Rechercher votre âme sœur est certainement plus facile lorsque vous avez la foi. Il est écrit que quarante jours avant notre création, D.ieu sélectionne notre conjoint. Ce savoir est très fortifiant, car si la rencontre avec un parti potentiel n’aboutit pas, il n’y a pas d’idée de rejet personnel. Nous trouvons la consolation dans la pensée que cette personne n’était probablement pas celle que D.ieu avait choisie pour nous. Nous devons certes faire l’effort de chercher un bon parti, mais si en cours de route, nous nous heurtons à des déceptions, ne désespérons pas. Nous comprenons que cette personne ne nous était pas prédestinée.
Lors d’une soirée pour célibataires, une jeune femme attirante dans la trentaine m’aborda. « Rabbanite, j’ai fait un nombre incalculable de rencontres (en vue du mariage). Je souffre d’un surmenage de rencontres, et franchement, je suis fatiguée. Si vraiment chacun a un conjoint prédestiné, comment se fait-il que cela me prenne tant de temps pour le trouver ? »
Je lui répondis par deux histoires, l’une extraite de notre passé et l’autre contemporaine. « Il est écrit dans le Midrach que le Roi Salomon avait une fille ravissante, et comme tous les pères, il cherchait un mari extrêmement particulier pour elle, un homme raffiné qui mériterait vraiment d’épouser une princesse. Mais le Roi vit par prophétie que sa fille était destinée à épouser un jeune homme pauvre issu d’une famille totalement incompatible. Pour déjouer cette prophétie, il construisit un palais sur une île et y envoya sa fille. Il posta des gardes armés tout autour du périmètre du palais et se sentit rassuré que ces précautions éviteraient à la princesse de contracter un mariage inapproprié.
Au palais, tout le monde aimait la princesse, car non seulement était-elle ravissante physiquement, mais elle était également gracieuse, gentille et intelligente. Un jour, en dépit de tous les gardes et murs protecteurs, un jeune homme pauvre, pieds nus et vêtus de haillons trouva miraculeusement son chemin dans les jardins bien gardés du palais. Le lendemain matin, lorsque la princesse fit sa promenade quotidienne, elle rencontra le pauvre homme. « Je suis un voyageur venu de la ville sainte d’Acco », expliqua-t-il.
La princesse eut pitié de lui et arrangea secrètement qu’il soit pris en charge. Tout en apprenant à le connaître, elle découvrit que c’était un homme de grande profondeur et sensibilité, un exceptionnel érudit en Torah et un scribe talentueux. Le jeune homme lui proposa rapidement de l’épouser, et la princesse accepta volontiers. Très rapidement, le secret fut dévoilé, et les gardes en informèrent le Roi Salomon. Mais au grand soulagement de tous, lorsque le Roi Salomon apprit la nouvelle, il proclama : « Béni soit le Tout-Puissant, qui réunit toujours le mari et sa femme qui sont destinés l’un à l’autre ».
« Vous voyez, expliquai-je à la jeune femme, D.ieu dispose de nombreux moyens prodigieux pour réunir les couples destinés l’un à l’autre. Alors, pour répondre à votre question, oui, tout le monde a un conjoint prédestiné, et D.ieu vous aide à le trouver dans les circonstances les plus étranges et inexplicables. Par exemple, il y a de longues années, ma fille Slovie a séjourné en Israël pour une mission dans le cadre de notre organisme Hinéni, et pendant qu’elle s’y trouvait, son futur époux, originaire du Brésil, l’aperçut… et le reste appartient à l’histoire… Alors oui, D.ieu réunit des âmes prédestinées, même si elles sont séparées par des océans et vivent dans différentes parties du monde. »
« D’un autre côté, poursuivis-je, D.ieu prodigue à chacun le libre-arbitre, et comme nous vivons dans un monde où les valeurs sont troubles, dans lequel Hollywood, à la place des valeurs de la Torah, façonne nos attentes, il est aisé de prendre de mauvaises décisions et de rejeter notre âme sœur lorsque nous la rencontrons. Nous avons tendance à chercher la poudre aux yeux plutôt que le fond, l’apparence plutôt qu’un bon cœur ; un portefeuille bien rempli plutôt qu’un esprit profond, alors rien d’étonnant que notre âme sœur nous échappe parfois. On raconte une histoire célèbre sur un célibataire dans la quarantaine, venu en terre sainte pour consulter un grand sage à ce sujet. Tout comme vous, il demanda : si tout le monde a un conjoint prédestiné, pourquoi ne l’ai-je pas trouvé ?
Le rabbin lui lança un regard perçant : "Tu l’as trouvé, mais lorsque tu l’as rencontré, tu as trouvé que son nez était trop long". »
« Quelle est la réponse alors ?, me demanda-t-elle. Quelles mesures devons-nous prendre pour nous assurer que nous choisissons la personne qui nous est destinée ? »
« C’est difficile, mais comme tout provient de D.ieu, tout d’abord, nous devons prier que lorsque nous allons le rencontrer, Il nous ouvre les yeux pour que nous sachions que c’est "le bon", et aussi que notre "seconde moitié" nous reconnaisse.
Lorsque mes propres enfants ont été prêts à envisager le mariage, mon père nous a mis en garde de ne pas implorer D.ieu de chercher une personne spécifique. Un candidat que vous imaginez absolument parfait peut s’avérer une catastrophe, alors placez votre confiance en Hachem et demandez-Lui de guider les enfants vers la personne qui lui est basherte, prédestinée.
C’est une idée intelligente que nos célibataires feraient bien d’intégrer. A de multiples reprises, j’ai vu des célibataires rejeter un parti potentiel d’emblée. La raison : une image préconçue de l’homme ou de la femme qu’ils espèrent épouser. Il m’est arrivé plus d’une fois, lors d’un cours de Torah ou d’une fête, d’essayer de présenter un candidat à un jeune homme ou une jeune femme, leur expliquant au même moment qu’ils sont gentils, intelligents et engagés, mais pour une raison ou une autre, ils répondent "non" et ne se donnent pas la chance d’apprendre à connaître le candidat potentiel. D’un haussement d’épaules, d’un geste de la main, ils rejettent ma proposition et répondent : "Je n’y crois pas". »
« Pourquoi ? », insistai-je.
« En premier lieu, ils hésitent puis s’expliquent : "Je ne sens pas d’atomes crochus, d’alchimie…", quel que soit le sens que l’on attribue à ces mots. Alors les années passent très rapidement, et ils sont toujours à la recherche de ces atomes crochus illusoires. Je ne prétends pas que l’attirance est sans importance. Elle a un rôle à jouer, mais lorsqu’un candidat au mariage est fortement recommandé et répond à tous les critères que vous recherchez sur papier, tentez votre chance. Il arrive souvent que lorsque vous apprenez à connaître un individu dont vous étiez persuadés qu’il appartenait à la catégorie des "non", il s’avère être exactement la personne que vous recherchiez. Alors, avant de répondre par un "non" catégorique, les célibataires feraient bien de se donner une chance. J’ai rencontré de nombreux couples qui se sont mariés en se fiant à cette fameuse alchimie, pour se rendre compte tragiquement que la formule n’a pas fonctionné. »
Pour conclure, permettez-moi de souhaiter bonne chance à tous nos célibataires. Puisse Hachem guider chacun d’entre vous vers son conjoint prédestiné.