« Ce n’est vraiment pas mon jour aujourd’hui ! » se dit Chira.
Tout commence avec le réveil qui n’a pas sonné. Son mari a une forte fièvre, et trois verres de lait au chocolat se renversent sur les jupes d’école de ses trois filles. Le bébé a des rougeurs étranges, son fils lui demande de signer un petit mot du Rav, sans oublier l’injonction de la bibliothèque de rendre le livre dans les plus brefs délais.
L’autobus atteint sa destination avec une lenteur inimaginable. Le directeur l’invective sérieusement pour son manque de ponctualité. Quatre femmes à bout de patience attendent que le patron finisse d’admonester la secrétaire pour ses retards.
Elle se met finalement au travail pour découvrir que son ordinateur ne fonctionne pas. Elle doit attendre deux longues heures pour qu’un technicien se libère.
Elle passe son après-midi aux urgences avec son fils qui s’est blessé. Le soir, en allant se coucher, elle essaie de se détendre de toute la tension qu’elle a subie. Elle tente de comprendre ce que le Maître du monde attend d’elle.
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Sara se mord les doigts et parle toute seule : « Il ne manquait plus que ça ! »
« C’est juste aujourd’hui que la machine à laver tombe en panne. J’ai des panières de linges sales qui débordent ! Quel désordre !
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Cette semaine, j’ai des invités et je dois terminer le travail de l’année… Comment vais-je payer la réparation ? Le compte est aussi vide que le porte-monnaie ! C’est chaque fois la même chose, je n’ai vraiment pas de chance ! »
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« Tout va de travers ! » pense Ruth, désespérée. Elle est en train d’organiser des Chéva Brakhot pour sa nièce. Elle a, à son actif, des heures de courses et de préparation, mais à présent, on dirait que tout tombe à l’eau.
Tout d’abord, le tuyau a explosé et la réparation a pris beaucoup de temps. Puis la marmite de viande a brûlé, elle a donc fait le tour des épiceries pour trouver des ingrédients de base, sans succès. Sa jeune voisine qui devait l’aider est malade. Le Gma’h des chaises lui annonce que les dernières personnes qui ont emprunté les chaises ne les ont pas encore rendues. Quant aux pâtes, elles ont un drôle d’aspect, et elle doit en cuisiner d’autres.
« Personne sur Terre n’a autant de malchance que moi ! » Ses larmes faisaient vraiment peine à voir...
Chira, Sara et Ruth sont persuadées que leur vie ne devait pas se dérouler ainsi et que ce qui leur arrive n’est qu’un manque de chance. Elles espèrent vivre une « vie normale », une vie sereine, joyeuse et réussie, où tout se déroule comme prévu.
Elles se trompent.
En réfléchissant, elles s’apercevraient que la réalité est différente, loin d’être paisible…
Elle est truffée de contrariétés et de souffrances. Les maladies s’enchaînent, le stress, les difficultés financières, l’éducation des enfants, les soucis et les frustrations sont le lot quotidien de tout un chacun. La lutte incessante contre le Yétser Hara et le travail sur soi s’ajoutent à cette liste interminable.
Aujourd’hui, c’est telle inquiétude, demain une autre prendra la relève. Comme Job l’a dit (5,7) : « L’homme est né pour le labeur », non pas seulement celui de la Torah ou du travail, mais aussi le joug des tourments.
Le Steipeler (Karina Deigretta, deuxième partie, lettre 26) nous explique : « Il n’y a aucun moyen d’échapper à ces épreuves ou de les changer.
Si un individu parvient à se soustraire d’une souffrance, une autre surgit à sa place. D.ieu dispose de nombreux messagers, comme la maladie ou la souffrance dans l’éducation des enfants. »
La conclusion fatidique est la suivante : « Celui qui essaie de se décharger du joug de la vie en s’empêchant d’avoir des enfants et de les éduquer, seul D.ieu sait quelle peine le remplacera, maintenant ou plus tard. »
C’est la raison pour laquelle l’homme ne doit pas réfléchir et trouver mille et une façons pour contrer les décrets de D.ieu. Il doit intérioriser que chacun a un rôle particulier à jouer et que ses épreuves ont été décrétées par le Grand Patron à Roch Hachana pour l’amender et le purifier.
Mériter le bien
Chira, Sara, Ruth et tant d’autres se disent :
« Si je savais les raisons pour lesquelles je dois endurer toutes ces peines, ce serait plus facile… »
Lorsque D.ieu s’est dévoilé à Avraham Avinou lors du Brit Ben Habétarim, Il lui a révélé la destinée de ses descendants :
« Car ta postérité séjournera sur une terre étrangère, où elle sera asservie et opprimée durant quatre cents ans. » (Béréchit 15,13)
Il est étonnant qu’Avraham Avinou gardât le silence et ne priât pas pour qu’ils soient sauvés, comme il l’avait fait pour Sodome. Pourquoi a-t-il agi ainsi ?
Il savait que ces souffrances serviraient à purifier ses enfants, les préparer au don de la Torah, puis à les faire entrer en Terre d’Israël, avec la construction du Temple.
Nos Sages, de mémoire bénie, nous enseignent (Exode Rabba 1,1) à propos du verset :
« Ménager son bâton, c’est haïr son enfant, mais celui qui aime a soin de le corriger. »
« Celui qui aime » : il s’agit de D.ieu qui affectionne Son peuple… mais qui ne cesse de les affliger.
D.ieu a offert aux enfants d’Israël trois présents de valeur qu’Il a donnés suite à des épreuves : la Torah, la Terre d’Israël et la vie dans le monde futur.
La raison d’être de la difficulté dans ce monde est de nous rendre méritants pour recevoir les bienfaits de D.ieu, pour s’élever spirituellement et pour mériter le monde futur.
Lorsque l’or est extrait de la terre, il est recouvert de poussière et de scories. Ce n’est qu’après être passé dans le creuset en fer que l’or se purifie grâce au feu.
La vie est comparable à ce creuset, le feu représente les épreuves que nous traversons et qui nous nettoient. Chaque affliction nous rend plus purs !
En plantant la graine, elle se putréfie et c’est précisément à cet instant que se libèrent toutes les forces nécessaires pour devenir une fleur ou un fruit nouveau.
La pluie qui permet la vie ici-bas s’annonce par des nuages gris, du froid et de l’obscurité. Une fois que « D.ieu a couvert le ciel de nuages », alors « Il prépare la rosée pour la terre. » Ce sont ces nuages, ces moments noirs, qui insufflent la rosée et la vie au monde.
Plus on surmonte les obstacles, plus on découvre en nous des forces insoupçonnées !
Noémie avoue :
« Lorsque j’étais jeune, j’étais nerveuse et tendue. Chaque tache sur le sol me faisait bondir et si un enfant venait vers moi avec le nez sale, il avait droit à une remarque acerbe de ma part.
Aujourd’hui, je suis époustouflée de constater mon aptitude à donner et à supporter. Mon cœur déborde de générosité et je dispense autour de moi le bien sans compter ! »
Passer l’épreuve avec succès permet à tout un chacun d’exploiter tout son potentiel caché, de s’épanouir et de retirer les impuretés qui entachent l’or !