Les Yamim Noraïm, les grandes fêtes, sont passées. C’était une période spirituelle marquante, une période d’introspection, où nous avons posé des questions profondes et tenté de déterminer le sens de notre vie.
Nous avons tous pris des résolutions… Chacun d’entre nous, à sa façon, a pris l’engagement d’être un meilleur Juif… Nous avons promis d’être de meilleurs ambassadeurs d’Hachem, d’être plus méticuleux dans notre accomplissement des Mitsvot, plus dévoués dans nos actes de bonté, et, de manière générale, de nous consacrer davantage à notre Torah et à tout ce qu’elle implique.
La question clé maintenant : sommes-nous encore déterminés à implanter ces changements ? Contrôlons-nous notre colère ou cédons-nous à nos humeurs en faisant souffrir notre entourage par nos hauts et nos bas ? Exerçons-nous une discipline dans notre emploi du langage ou tombons-nous dans les pièges du Lachone Hara’, en recourant à nouveau à du langage cru et vulgaire ? Cette liste peut se poursuivre indéfiniment. Combien de ces promesses sont-elles encore fermement ancrées dans notre cœur et combien d’entre elles ont été rangées avec nos Sidourim de Yom Kippour jusqu’à l’année prochaine ?
Etait-ce seulement hier que nous avons pris ces engagements de devenir différents ? Avons-nous déjà replongé dans nos vieilles habitudes ? Se peut-il que nos anciennes habitudes aient repris le dessus sur notre vie ?
Il va de soi que ce n’est pas facile. Nous vivons dans une société de consommation. Nous accordons de la valeur à ce qui est « coûteux », nous apprécions les articles de marque, les beaux bijoux, les maisons luxueuses, etc. Mais, en revanche, les actes de ‘Héssed, un sourire à quelqu’un d’abattu, une visite aux malades, un mot d’encouragement aux désespérés, une accolade aux solitaires, un mot chaleureux et affectueux… ces petits gestes qui sont, en réalité, immenses, importent peu dans notre culture.
Dans notre monde de la consommation, ils sont dévalorisés et passent inaperçus. Les actes de ‘Hessed ne peuvent être traduits en dollars, et, en conséquence, nous ne leur accordons aucune valeur. Nous chérissons les objets de luxe et sommes obsédés par l’accumulation constante d’objets, mais, ironiquement, plus nous possédons, plus nous en désirons davantage, et nous ne sommes jamais satisfaits. Nous sommes la génération qui possède plus que tout, mais nous sommes malheureux.
Rien de surprenant à cela. Ce truisme nous a été enseigné par le Roi Salomon et un grand nombre de nos Sages, mais, comme tout le reste, cette perle de sagesse a été balayée par les vents du matérialisme et nous ne la comprenons plus. Alors qu’à Yom Kippour, nous avons quitté la folie du monde et entendu notre âme nous mettre au défi, nous avons même émis le souhait réel de changer, de vivre une vie juive authentique, mais, aujourd’hui, tout ceci ressemble à un rêve lointain. Le fossé entre notre résolution et sa traduction dans la réalité reste plus profond que jamais. Une fois avoir franchi les portails de notre sanctuaire de Yom Kippour et que les nombreuses voix du monde extérieur nous ont rattrapés, nous avons perdu nos fondements spirituels, notre attache a disparu.
A coup sûr, nous avons d’autres problèmes également. Notre Yétser Hara’, cette petite voix dans notre esprit et notre cœur, est implacable et toujours prêt à attaquer.
Il murmure insidieusement : « Ces résolutions, ces promesses que tu as faites… elles prenaient leur sens dans l’enceinte de la synagogue, mais dans le monde réel, ça ne marchera pas. Toutes ces Mitsvot, tous ces actes de ‘Hessed que les Juifs sont tenus d’accomplir ne sont simplement pas praticables. Déjà comme ça, il t’est assez difficile de gérer ton temps. Tu ne peux pas en faire davantage. »
Mais nos âmes juives sont si puissantes qu’elles ne nous abandonnent pas. Même lorsque nous sommes prêts à courir, il y a toujours des moments calmes, parfois juste une demi-seconde, où nos âmes nous poussent à retourner sur la bonne voie. Elles nous rappellent que nous perdons notre temps, gâchons nos journées et notre vie, que nous investissons notre énergie dans ce qui n’a ni substance, ni valeur durable. Il nous suffit de parler à des individus qui sont confrontés à des maladies en phase terminale. Aucun d’entre eux ne vous dira qu’il regrette de n’avoir pas passé plus de temps sur son lieu de travail ou d’avoir gagné plus d’argent… Ils ne vous diront pas non plus qu’ils regrettent de n’avoir pas passé plus de temps à poursuivre des plaisirs. Mais ils admettront tous qu’ils ont des regrets de n’avoir pas été plus liés à leurs racines juives, de n’avoir pas fait l’effort de connaître D.ieu, et - c’est là le point le plus douloureux - d’avoir manqué à leur mission de transmettre un héritage de foi, d’amour et d’honneur.
L’expérience la plus dévastatrice qu’une Néchama peut rencontrer, c’est d’arriver dans le monde futur et de voir ce qu’elle aurait pu accomplir, et de le comparer avec ce qu’elle est devenue. Le cri agonisant et perçant d’une telle Néchama : « A quoi ai-je donc pensé ? Comment ai-je pu faire ça ? » se répercute dans les sept cieux, et aucune réponse n’est donnée.
Mais aujourd’hui, nous pouvons encore rectifier le tir. Oui, nous pouvons faire table rase et reprendre en main notre vie.
Retenons ce principe : la vie n’est pas une accumulation d’objets, mais une élévation de soi. Il ne s’agit pas d’acquérir plus, mais d’être plus. Oui, la vie, c’est faire une différence dans ce monde, accomplir notre destinée juive, le but pour lequel D.ieu nous a créé. Chaque jour, à la fin de nos prières du matin, nous implorons le Tout-Puissant de nous aider afin que « nos efforts n’auront pas été en vain, et nos vies, menées pour rien ». Quelle tragédie d’être si peu à connaître ces termes, et même ceux parmi nous qui prient les répètent l’esprit absent et n’intègrent pas leur message profond. Mais comment réaliser de tels objectifs ? Comment rester ancré sur terre, mais spirituellement élevé ?
C’est plus simple que ce que nous croyons. D.ieu nous a donné des ailes grâce auxquelles nous pouvons nous élever au-dessus du marasme de ce monde. Et ces ailes sont accessibles à tous. Il suffit de nous en saisir…
Lorsque nous étudions la Torah régulièrement, nous sommes automatiquement transportés dans un autre monde. On nous rappelle notre vraie finalité sur terre est ce qui a une valeur durable. Notre Torah n’est pas seulement notre guide pour la vie, mais c’est la voix de D.ieu qui nous dirige, nous parle, nous dit qui nous sommes vraiment. Nos Mitsvot ne sont pas de simples rituels et lois, mais ce sont des expériences transformatrices qui nous rendent plus généreux, affectueux et gentils. Lorsque nous faisons du ‘Hessed, c’est nous, plus que les autres, qui en tirons profit ; lorsque nous donnons de nous-mêmes, c’est nous qui nous enrichissons et nous élevons. La formule est là, il nous suffit de la saisir.
Ça paraît si simple, mais l’est-ce vraiment ?
La réponse à cette question est un oui emphatique !
D.ieu nous a promis que si nous faisions un pas en direction de Lui, Il en ferait deux vers nous. Il est toujours prêt à nous aider et nous donnera ce que nous pensions être hors de notre portée. Il nous suffit de le vouloir, et cela se réalisera.