Nous avons créé, grâce à nos propres efforts à titre de peuple, deux fêtes joyeuses et mémorables : ‘Hanouka et Pourim. Mais il existe une fine différence entre les deux. Dans les deux cas, nos vies de Juifs ont été menacées, mais le danger émanait de sources différentes. A ‘Hanouka, les Grecs étaient déterminés à éteindre notre lumière spirituelle. Si nous étions prêts à renoncer à notre foi et à nous helléniser, ils étaient heureux de vivre en toute amitié avec nous, et hélas, de nombreux Juifs succombèrent et adoptèrent leur mode de vie païen. Ce fut pour combattre ces forces d’assimilation que le vénérable Matityahou, le grand prêtre, s’écria : « Mi Hachem Elaï - qui est pour Hachem, me suive ! ». C’est ainsi que la bataille commença. Ainsi, un petit groupe de Juifs attachés à la Torah vainquit l’armée la plus puissante du monde. La Ménora fut inaugurée à nouveau dans le Temple et à nouveau, sa lumière illumina le cœur de notre peuple.
A Pourim, toutefois, les enjeux étaient différents. Notre vie elle-même était en danger : Haman menaçait notre existence même. Tout comme Hitler, il était obsédé par notre extermination, « Mina'ar 'Ad Zakèn - du plus jeune au plus vieux », il était déterminé à faire disparaître tous les Juifs.
En réaction, Esther et Mordékhaï appelèrent notre nation à déchirer les cieux et à ouvrir de force les loquets des portes par la prière, le jeûne et la Téchouva - et les portes s’ouvrirent en grand.
Ce double péril a placé les vies de notre peuple en danger et nous ont touchés au fil des siècles. Notre ancêtre Ya'acov a été le premier à les vivre. En se préparant à sa rencontre avec Essav, en proie à une vive inquiétude, il s’écria : « Sauve-moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d'Essav. »
Nos commentateurs s’interrogent : « Pourquoi ce langage redondant ? ». La Torah est toujours très précise dans son emploi de termes : rien n’est superflu, et vu que Ya'acov n’avait qu’un frère, il aurait été suffisant de dire soit « Essav », soit « mon frère », mais pas les deux.
Nos Sages nous expliquent que parfois, Essav attaque sous le couvert d’un frère (comme dans le récit de ‘Hanouka) et nous amène à l’assimilation et aux mariages mixtes, et d’autres fois, il se présente comme Essav : un Haman, qui vise notre annihilation physique.
Dans notre génération, nous devons gérer simultanément ces deux fléaux. L’assimilation décime nos rangs et l’antisémitisme augmente partout dans le monde. J’ai parlé aux communautés juives sur tous les continents, et j’ai malheureusement été témoin de ces manifestations partout. La dernière calomnie a été celle du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, dont le projet est d’éliminer Israël de la carte. Parmi ses diatribes enflammées, il renie la véracité de la Shoah, tout en disséminant sa haine des Juifs. Il est inconcevable d’imaginer qu’à notre époque où vivent encore des Juifs rescapés d’Auschwitz, de Treblinka et de Bergen Belsen (moi y compris), le déni de la Shoah puisse être considéré avec une certaine mesure de sérieux, mais l’antisémitisme n’a aucune logique.
Quant au désastre créé par Essav sous couvert d’amitié et de rire, il vous suffit de lire les commentaires révoltants du New York Times (écrits par des Juifs) sur ‘Hanouka et noël pour apprécier l’ampleur du préjudice. Je vous livre quelques extraits d’un article paru dans le New York Times de Barbara Hoffman.
« J’aime les bûches comme seule une fille juive le peut. Demain, le jour de noël, pour la première fois depuis des décennies, coïncide avec le premier soir de ‘Hanouka, ma fille allumera les bougies de la Ménora, et ouvrira les crackers de Noël, puis nous dégusterons du longe de porc accompagné de beignet aux pommes de terre à côté des lumières brillantes de notre sapin de noël…
Il y a des années, notre fils Sam, alors âgé de quatre ans, se demandait pourquoi je restais assise si longtemps à observer notre sapin. Je lui répondis que je n’en avais jamais eu un dans mon enfance. Surpris, il m’en demanda la raison. "Je suis juive", répondis-je. "Ouah, dit-il, je suis content de ne pas l’être…"
C’était l’année où il avait commencé le Talmud Torah, qui se passa bien, sauf lorsqu’il demanda où se trouvait le sapin.
Maintenant, post Bar Mitsva, il récite chaque soir la Brakha lorsque nous allumons les bougies, et lorsque c’est nécessaire, il aide son père à porter le sapin de noël dans la maison. Nous lui souhaitons une vie pleine d’amour, de lumières, et peut-être, un jour de Cuanza aussi… »
Le second article, d’Andy Borowitz a été également publié dans le New York Times :
« Lorsque j’étais enfant, ma famille pratiquait le judaïsme moins que je ne pratiquais le violon - environ cinq minutes par semaine. Mes parents allaient rarement au temple et aucun de nous, les enfants, ne célébrâmes notre Bar Mitsva ; nous pratiquions une forme de judaïsme qui pourrait probablement se faire sur Internet de nos jours. Beaucoup de familles juives ne respectent pas le jeûne de Yom Kippour, mais combien d’entre elles s’installent ce jour-là dans la voiture familiale pour prendre un bon déjeuner suédois ?
Mes parents ne possédaient pas de Ménora, et en conséquence, nous ne recevions qu’un seul cadeau au total. Dans notre famille, ‘Hanouka n’était pas une période pour les excès, qui étaient réservés à Yom Kippour.
Mon frère et ma sœur aînée n’avaient aucun problème avec cet arrangement. Ils pensaient peut-être que renoncer à sept cadeaux était un prix faible à payer pour éviter d’avoir à se rendre au temple…
Lorsque je raconte cette histoire à des amis juifs, ils ont de la peine pour moi. N’ai-je pas un sentiment de perte d’avoir grandi dans un foyer juif qui ne respectait pas les traditions juives ? Non, pas du tout, leur répondis-je. C’est vrai que nous, les Borowitz, n’avons pas été terriblement pratiquants au niveau religieux, mais nous avons embrassé les aspects les plus importants de la vie juive : l’amour, la famille et la nourriture. Surtout à Yom Kippour… »
En Israël aussi, nous sommes témoins des mêmes sentiments de haine de soi de la gauche. Un sondage récent démontre que parmi les citoyens juifs de gauche, les résidents de Judée et Samarie sont haïs plus que les Palestiniens, et ils sont suivis de près par les juifs orthodoxes.
Alors que nous subissons ces fléaux internes, les dirigeants religieux musulmans se déchaînent, crachent leur venin et justifient la destruction des Juifs comme une obligation religieuse. Les attentats se poursuivent et leurs enfants sont endoctrinés pour devenir des Shaids.
De plus, la haine islamique d’Israël se répand également aux Etats-Unis. Que faire ?
Lorsque je m’adresse à des jeunes gens laïcs, j’ai souvent dit que tout comme une équipe sportive ne peut survivre uniquement sur les bons vœux de ses fans, elle doit posséder de bons joueurs, de même nos frères juifs ont besoin de bons joueurs. Le moment est venu que chaque Juif se demande : « Suis-je un joueur ou juste un fan, un observateur depuis les gradins ? »
Il est temps de se réveiller et de suivre les appels de Matityahou et d’Esther : « Que ceux qui sont pour D.ieu me suivent ! ». Déchirons les cieux par notre prière et notre Téchouva.