En 1930, Rabbi Chimon Schwab passa un Chabbath chez le ‘Hafets ‘Haïm. Il décrit son expérience avec le Tsadik dans un article émouvant publié il y a quelques années dans le Jewish Observer. Le ‘Hafets ‘Haïm parlait du plus profond de son cœur et âme, et implora toutes les personnes présentes de se rendre auprès de tous les Juifs possibles pour leur demander de faire Téchouva : respecter le Chabbath, la Cacheroute, les Téfilines et la pureté familiale et il conclut en disant : « Je vais aussi me lancer dans cette entreprise, Bli Néder » et c’est ce qu’il fit. Il déplorait la tragédie d’une génération qui n’était plus engagée dans la Torah et les Mitsvot de la même façon que les générations précédentes. Il appelait tous les Juifs croyants à se consacrer à ramener leurs frères juifs vers Hachem. Puis il annonça : le moment est venu de faire le Bentsch, de réciter le Birkat Hamazon.
Rabbi Schwab écrit que le ‘Hafets ‘Haïm commença à le réciter comme un Juif simple, récitant un mot après l’autre. Mais soudain, en arrivant aux termes « Ra’hem Na, la bénédiction qui commence par « Aie pitié », il sembla que quelque chose d’étrange lui arrivait. Il s’écria : « Al Israël Amékha - et sur Ton peuple, Israël oï, oïe, « Al Tsion Michkkan Kévodékha - Sur Tsion, la demeure de Ta gloire, oï, oï ! » Il continua de cette manière jusqu’au passage de « Hara’haman- aie pitié » et à ce moment-là, il s’arrêta et dit : « Que va-t-il se passer dans dix ans (c’était en 1930). Vous ne le voyez pas, mais moi, oui. Une grande conflagration brûlera ! » Au milieu du Birkat Hamazone, il eut une vision des événements futurs, et il déclara : « Douze millions est un jeu d’enfants. »
Stupéfié, Rabbi Schwab se tourna vers l’homme assis à ses côtés et lui demanda : « Qu’est-ce que le ‘Hafets ‘Haïm veut dire par là ? » L’homme lui répondit que le Tsadik évoquait toujours la catastrophe à venir dans laquelle le monde entier serait entraîné. Et en effet, douze millions, c’est le nombre total de personnes tuées pendant la Seconde Guerre mondiale…Et le ‘Hafets ‘Haïm pleura sur cette tragédie dix ans avant qu’elle ne survienne !
Comment se fait-il que les gens n’écoutent pas ? Comment se fait-il qu’ils ne fassent pas Téchouva ? Un si grand nombre de tragédies se sont abattues sur nous, mais nous ne semblons pas saisir le message. On dirait qu’au bout d’un certain temps, nous nous sommes désensibilisés. Le terrorisme et les malheurs deviennent habituels. Quoi d’autre de neuf ? Rien ne semble nous extraire de notre complaisance et nous continuons notre petite vie. J’ai souvent mentionné la résurgence de l’antisémitisme global dont nous sommes témoins à notre époque. Ce n’est pas une bataille ordinaire. Il ne s’agit pas d’un conflit entre nations, mais d’un combat entre l’obscurité et la lumière, entre civilisations.
Laissez-moi vous livrer une histoire extraite de l’œuvre épique de Rav Weismandel : Min Hamétsar. Dans ses mémoires, le Rav relate que les Juifs de sa communauté étaient emprisonnés dans un camp de détention, Sered, en attendant d’être déportés vers les chambres à gaz. Dans un effort désespéré de sauver ses frères condamnés, le Rabbi se rendit auprès du nonce apostolique à Bratislava (Pressbourg) pour demander son intervention. Le nonce informa le rabbi que le dimanche, il ne traitait pas d’affaires profanes. Rabbi Weismandel implora son intervention immédiate pour sauver des enfants innocents de la mort. Le nonce répondit : « Es gibt kein unschuldiges Judisches kinderblut; jedes Judischer Blut is schuldig. » (Le sang innocent d’enfants juifs, ça n’existe pas ; tout sang juif est coupable).
La remarque de ce nonce reflète 2000 ans de haine et de persécution de notre peuple, s’appuyant sur une accusation de déicide. Faut-il en dire davantage ?
Quelle est la réponse ? Que devons-nous faire ?
Il est écrit dans le Talmud : « Ein Yissourim Ba Lé'olam Ela Bichvil Israël - aucune tragédie ne s’abat sur le monde si ce n’est pour le peuple juif » pour nous éveiller, nous rallier à l’alliance ancestrale, à notre Torah et Mitsvot. Hachem nous envoie des messages, nous appelant à revenir vers Lui.
En 1930, le ‘Hafets ‘Haïm avait tenté d’éveiller sa génération, mais seuls quelques-uns suivirent son appel. Depuis lors, le monde a changé. Nous sommes la génération qui a été témoin et a vécu le feu entrevu par le ‘Hafets ‘Haïm dans sa vision. Mais nous sommes également la génération qui a assisté aux miracles les plus impressionnants. Depuis cette conflagration satanique, nous sommes retournés vers notre terre ancestrale. Nous avons reconstruit nos villes abandonnées pendant des siècles. Nous avons récupéré notre terre ancienne qui était resté incultivée pendant la durée de notre exil. Nous avons planté des vignobles et des forêts. Mais attelés à ces tâches, nos voisins arabes, par millions, nous ont déclaré la guerre. D.ieu nous a aidés et miraculeusement, nous les avons vaincus. Je pourrais remplir des volumes sur les miracles qui ont eu lieu…depuis la Guerre d’indépendance à celle des Six Jours, à Entebbe, aux Scud envoyés par Saddam Hussein, aux mille et une attentats qu’Israël a réussi à déjouer. Aussi tragiques que soient ces attentats-suicides, nous ne réalisons pas à quel point de nombreuses autres attaques ont été déjouées. Mais que ce soit à travers les catastrophes ou les événements miraculeux, nous continuons d’une certaine manière à refuser de voir la Main de Hachem et échouons à entendre Son appel.
Nous vivons l’époque des ‘Hévlé Machia’h, les douleurs de l’enfantement précédant la venue du Machia’h, une époque terrifiante d’après nos Sages. Mais grâce au processus de Téchouva, toute prophétie négative peut se transformer.
J’ai commencé cet article par une histoire sur le ‘Hafets ‘Haim et j’aimerais le conclure par l’une de ses autres histoires.
Rav Schwab écrit que le ‘Hafets Haïm lui avait posé les questions suivantes :
"Etes-vous un Cohen ?"
"Non", répondit Rav Schwab.
"Vous êtes peut-être un Lévi ?", insista le ‘Hafets ‘Haïm.
A nouveau, le Rav Schwab répondit par la négative.
"Dites-moi, pourquoi n’êtes-vous pas Cohen ?"
Rav Schwab était intrigué par cette question.
"Car mon père n’était pas Cohen", répondit-il.
"Et pourquoi n’était-il pas Cohen ?"
Rav Schwab réalisa que le ‘Hafets ‘Haïm, à travers ses questions, avait un message profond à véhiculer.
"La raison pour laquelle vous n’êtes ni Cohen, ni Lévi est qu’il y a plus de trois mille ans, lors de l’incident avec le veau d’or, vos ancêtres n’ont pas accouru lorsque Moché Rabbénou a lancé un appel : Mi LaHachem Elay - Qui est pour Hachem, me suive.
Les seuls à avoir répondu à l’appel de Moché ont été les Léviim, alors prenez ceci à cœur, dit le ‘Hafets Haïm : lorsque vous entendez l’appel : Mi LaHachem Elaï - Qui est pour Hachem me suive, venez en courant."
Aujourd’hui, nous n’avons plus de Moché Rabbénou pour nous convoquer… nous n’avons plus de ‘Hafets ‘Haïm pour nous convoquer, mais leurs messages sont toujours aussi percutants.
Nous approchons à grands pas de l’extraordinaire fête de Pessa’h - la période de notre délivrance et renaissance. D’après nos Sages, tout comme nous avons été libérés d’Egypte au mois de Nissan, notre Délivrance finale aura également lieu en Nissan. Nous pouvons y œuvrer en répondant à l’appel de Moché Rabbénou ainsi qu’à celui du ‘Hafets ‘Haïm ; tendons une main aimante à chaque Juif et invitons-les à rentrer à la maison pour retrouver la Torah, les Mitsvot et Avinou Chébachamayim notre père céleste qui nous attend et désire ardemment notre venue.